Le Bigfoot Hybride et l'ours du Val de l'eyre

 En effet une petite présentation s’impose : Ce Sasquatsh Hybride est enfin arrivé le 4 février après un long périple d’un mois jour pour jour, entre le nouveau et l’ancien continent. Cette attente fut longue et tumultueuse. En particulier lorsque pendant 15 jours, ce colis disparu de la circulation sans plus aucune notification de suivi émise de la part du transporteur USPS. Bref il est enfin là ce colis tant attendu. L’ouverture se fait comme à chaque fois, de manière quasi cérémoniale en prenant le temps d’apprécier ce moment de la découverte d’une première rencontre. Une première fois en quelque sorte qui a le bonheur de pouvoir se répéter avec la même intensité comme au jour chaque nouvelle conquête amoureuses … Jadis….

Esthétiquement il est à la hauteur de mes attentes :  La prise en main de la poignée est parfaite. De nombreux mails avaient été échangés à ce sujet avec Kirk ainsi que des plans, des mesures et  des photos de mes poignées me convenant, ainsi que les "cotes" morphologiques de ma main d’arc. Du véritable sur mesure. La découverte de ces nouvelles branches Hybride ne se fait pas attendre. Le noyer les recouvrant est somptueux, leur design et leur géométrie  leur confèrent à la fois un aspect agressif et rétro. Le Montage de ce premier ensemble est effectué avec une corde rodée par le facteur où un repère d’encochage est déjà pré-positionné ainsi que des silencieux en " moustache de chat".

L’armement est d’une incroyable fluidité et linéarité jusqu'à l’encrage en pleine allonge où là, une fois atteint, on sent que la puissance est à son optimum. Les 57 livres annoncées sont obtenu de manière si agréable que la pleine allonge est confortable avec un angle de corde incroyable pour un arc de 60" amené à 31".

 La décoche est sèche et franche, la poignée quasiment morte dans la main et le silence est d’or…non mais en plus ça  pédale fort !!!! Suis-je en train de rêver ?? les flèches  s’enchainent en me disant que le cahier des charges est respecté. Tout cela reste subjectif mais qu’importe, cet arc est vraiment bien fait pour moi !! et les sensations sont excellentes. Les jours qui suivent me permettent de peaufiner tranquillement les réglages de l’arc et le set up de cet ensemble. Niveau set up par ailleurs, je me retrouve à faire voler des futs nus en parfaite linéarité avec des futs VAP 350 en 4.2 mm en pleine longueur, un insert tulipe alléger à 110 grains que vient  chevaucher un external en alu de 10 a 15 grains et une pointe de 200g. 4 shield de 2.5" pour finaliser la combinaison de vol et roule Mimile !!  Le poids total embarqué est de 590 grains.

Les lames de chasse sont des camarguaises de 200 grains (merci Yann ;-) )

La rigidité de ces branches est parfaitement adaptée à mon style de décoche, et bon sang ! j’ai l’impression de redécouvrir le tir à l’arc !!

Il est fin prêt à réaliser sa première virée dans les bois et j’ai hâte. Ce weekend du 19 février, il y a justement une chasse organisée en Gironde à Mios avec des corréziens et des landais en invités. Cela sera l’occasion idéale pour effectuer sa première sortie.

Samedi matin : les traques s’enchainent dans la bonne humeur d’un Weekend  partagé entre amis. J’aurais l’occasion d’ouvrir l’arc sur une chevrette mais qui de part sa vélocité et son peu d’envie de coopérer  ne me permettra pas de lâcher la première flèche. Mais c’est un bon début, j’ai pu ouvrir cet arc dans sa première mâtinée de chasse. L’après midi ne m’offrira pas d’autre occasion mais le fait de partager ce moment dans les bois entre amis un arc à la main et de plus sous un soleil radieux est une suffisante satisfaction pour combler cette journée.

Il est proposé en fin d’après midi par nos maitres de cérémonie, et pour ceux qui le souhaiteraient, la possibilité de faire un affut du soir. Autant vous dire qu’ayant  eu la chance pour certains d’entre nous de découvrir cette zone en tir d’été, nous ne nous sommes pas fait prier pour accepter la proposition… Ce lieu appelé par les locaux zone de Quiétude est un lieu de passage des sangliers entre leur zone de remise et celles de gagnage et se trouve situé en bordure de L’Eyre. L’Eyre étant une magnifique rivière dont l’embouchure s’épanche  dans le Bassin d’Arcachon.

Arrivée sur place après plusieurs minutes de piste en petit convoi de véhicules tout terrains et après avoir pris soin de se garer assez loin afin de ne pas perturber la zone, les groupes se forme en silence afin de quadrillée stratégiquement ce petit delta de L’Eyre.  Après avoir vu avec Nico l’un des organisateurs je décide de me positionner dans la cette petite zone riche en passage de suidés que j’avais eu la chance explorer cet été.

 Il s’agit d’une cuvette qui se remplie lors des débordements de la rivière en hivers et forme une bande marécageuse au milieu de chênes et de petites futaies arbustives.  Cette Bande de verdure forme une  zone humide entre l’Eyre et une immense Pinède.

Après m’être séparé de mes compères je repère et me positionne dans un angle de bois à fleur de marais. La situation me semble parfaite pour affuter jusqu’à la nuit.

Je m’assoie sur les racines d’un chêne et m’adosse à son tronc pour dissimuler ma silhouette. Seule la position assise au plus près de sol me permettra si l’occasion se présente un tir sous le rideau de végétation.  Face à moi une trouée dans la végétation m’offre une étroite fenêtre de tir.  Mais qui a le mérite d’être jonché en son sol détrempé de multiples  coulées et labours de sangliers ou des indices de présence sont frais de la nuit passée.

Ma position est confortable et va me permettre une attente pleine d’espoir jusqu’a la nuit venue.

Cette zone porte bien son nom, la Quiétude me gagne et semble y régner en maitre sur cette bande de  terre . La territorialité excessive d’un rouge gorge tente de m’en sortir un bref instant.  Semblant être étonné par cette forme inconnue sur son territoire au pied de l’un de ces chênes, Il viendra en faire le tour pour rassurer sa curiosité maladive puis reprendra une fois cela accompli, son tour de royaume en s’éloignant  de branches en branches puis d’arbres en arbres.

 Mon attente fut rythmée également dans la soirée, par la silhouette gracieuse et furtive d’une chevrette longeant le coté opposé cette bande de marais, et semblant nous passer en revue avec mes deux compères perchés, situés respectivement  à une cinquantaine de mètres à droite et à gauche de ma position.

Le soleil couchant assombrissait déjà la végétation environnante, réduisant petit à petit mon champ de vision. La température se rafraichissait et ce silence apaisant  précédent la bascule avec le monde de la nuit, commencé à faire son apparition.   Un bruit léger mis mes sens en éveil, me faisant passer de l’état contemplatif  à celui que nous connaissons tous  dans ces moment là: le réveil de l’instinct de prédation qui surgit des tréfonds de notre âme celui ou l’homme renoue avec sa nature profonde et ces origines qui lui ont permis de survivre pendant des millénaires au travers et grâce à la chasse. Le pouls s’accélère sans jamais s’emballer et la respiration ralentie pour le réguler  comme pour tenter de placer tout nos sens en capacité maximum de leur pouvoir de perception.   Un état de transe consciente, apaisé et maitrisé…

Les yeux cherche le moindre frémissement de la végétation et l’ouïe tente de capté le moindre bruissement qui pourrait confirmer une présence par un déplacement.  Un craquement maintenant rompt un silence devenu pesant puis des pas lents et lourd dans l’eau ne me laissent plus de doute sur l’espèce approchante et espérée. Cet indice de présence sonore se déplace dans ma direction d’un pas  sur et régulier, je ne le vois pas encore mais le sentiment qu’il va assurément  se passer quelque chose m’envahie .il se déplace latéralement et se dirige vers la trouée se trouvant devant moi. Je lève délicatement mon bras d’arc dans cette direction, mon autre main et déjà en prétention sur la corde. Quant il m’apparait au milieu de la trouée sa silhouette est massive, noire, énorme et dégage une puissance qui force le respect. Il est à une dizaine de mètres, vêtue de sa plus belle robe d’hivers, il me fait penser à un ours.  Assis au sol sur cette racine de chêne la perspective m’étend offerte sur cette apparition  dans ce halo végétal est impressionnante. Là je comprends tout de suite que j’ai à faire à un sacré client comme on dit chez nous !!! Quant la corde prend appui à la commissure des lèvres la tète de ce guerrier entre déjà  dans la végetation. Un bruit de coffre à la fois sec et sourd confirme l’atteinte de la flèche, l’animal fonce tout droit à l’impact, tel un char d’assaut que plus rien ne pourra stopper. Tout  ce qu’il lui fait obstacle semble être brisé sur son passage pendant plusieurs dizaine de mètres puis plus rien, le calme revient. Ou il s’est arrêter net dans sa course effrénée en bordure de cette zone dense, ou il est sortie sur la zone  clair et sablonneuse que charrie l’Eyre pendant ces crues et qui jouxte cet angle de marais. Je reste assis une dizaine de minute pour me refaire toute la scène, apprécier ce moment vécu et faire redescendre le taux d’adrénaline.

Mon téléphone à vibrer dans ma poche juste après le tir : c’est un message de mon voisin Darty perché à ma droite qui se trouve dans la direction de fuite de l’animal :

Nico nous avait demandé de le prévenir si jamais on fléché ce que je m’empresse de faire :  «  Nico je viens de flécher, mais là,  c’est un sacré gaillard ».

« Cool !! je récupère Mathieu et je serai là dans dizaine de minute. »

A leur arrivée après leur avoir conté ce mémorable moment d’émotion, nous trouvons les premiers indices  à quelque mètre du tir .Nous entreprenons  une recherche qui s’avérera relativement brève,  sur une piste de sang abondante qui nous conduira jusqu'à la dépouille sans vie de se  superbe animal qui se sera effondré dans sa course à environ 80 m du tir.

Un grand merci à Fred 64 , Nico (pignotte 33),  Mathieu(Mdahunter) et Christophe Dartigolles pour cette belle soirée d’affut, pour le partage lors de la recherche, et  pour avoir galérés et transpirés pour ramener ce bel animal jusqu’a la voiture. Un grand moment dans ma vie de chasseur à l’arc et qui aura eut de plus le mérite d’être partager avec des amis passionnés

La soirée se prolongera à la salle des fêtes du village par un banquet digne d’un célèbre village gaulois, puis nous dépouillerons l’animal pour un retour à la maison à 2 h du mat  fatigué mais  heureux…

Un sacré baptême pour cet Hybride Bigfoot !!