Perfect shot

L’épisode orageux du week-end ayant rafraichi l’atmosphère, je décide de tenter ma chance pour un affût du soir en ce lundi 22 juillet. Le rut bat son plein, ce n’est pas le moment d’oublier le Buttolo.
J’ai l’embarras du choix pour aller m’installer (gros avantage du saddle), je jette mon dévolu sur un pré en U en bordure de forêt, zone peu propice à la rencontre d’autres chasseurs à la carabine puisque la végétation y est encore très haute. A 19h30, me voilà garé sur les lieux, cela fait quelques années que je ne suis plus venu dans ce secteur, en progressant dans le bois pour attendre le coin N-E du pré, je repère une souille fréquentée que je ne connaissais pas, elle semble alimentée par une source, ce sera un spot à tester aux grosses chaleurs quand l’eau sera plus rare, mais le sus-scrofa n’est pas l’objectif du jour.
Je repère un chêne proche d’une coulée de sortie, un peu petit et avec quelques fourches mais le choix est limité, je m’y installe tranquillement à 4m de haut, au-dessus de premières branches qui feront un bon écran de camouflage. Un coup de scie d’un côté, un coup de sécateur de l’autre, à 20h je suis en position. Je me laisse envahir par l’ambiance, quelques mésanges curieuses s’approchent, intriguées par ce gros truc pendu dans un arbre, tout s’apaise et je profite du moment de quiétude.
Vers 20h30, j’entends les geais donner l’alerte sur le côté opposé du pré, serait-ce le moment d’envoyer quelques appels au Buttolo ? Je n’ai jamais eu beaucoup de succès avec cet engin, à part sur des chevrettes. Fort des conseils des experts de l’instrument rencontrés lors du Jamborée en mai dernier, j’envoie quelques coups de poire en mode chevrette langoureuse. Je renvoie une salve 15 mn plus tard, rien ne bouge…mes doutes sur mon efficacité et sur ma dextérité avec l’instrument semblent se confirmer. Troisième salve d’appels à 21h00, là, l’effet est quasi immédiat, j’entends une course rapide dans les feuilles mortes derrière moi dans le bois, mon arc est encore accroché sur l’arbre, du mauvais côté évidemment et sans flèche encochée…une bonne respiration et je décroche l’arc, le passe au-dessus du bridge du saddle et encoche une flèche sans précipitation. Pendant ces quelques secondes le brocard est arrivé sous mes pieds, il a très bien géo-localisé la source des appels. Je le vois chercher et renifler dans toutes les directions, pour le moment pas de fenêtre de tir exploitable. Je vais avoir une possibilité s’il se décide à sortir vers le pré mais il prend le parti de faire demi-tour pour longer la lisière en restant à couvert. Là, j’ai une fenêtre de tir avec la position parfaite au saddle (tir à 7h), mon brocard s’arrête à 8m pour renifler la végétation, m’offrant un tir plein profil. J’arme doucement, je prends le spot, je sens le point de contact sur mon visage, la décoche intervient de manière automatique. La flèche me semble arriver exactement où je visais, le bruit dans l’animal indique que je n’ai pas touché d’os, la résonance est plutôt signe d’arrivée dans la cage thoracique. Le brocard démarre en trombe vers le pré, je le vois faire 3 bonds avant de se coucher dans les hautes herbes.
Autant la séquence du tir s’est déroulé « froidement », après, les émotions jaillissent, je me mets à trembler de tous mes membres. Bien que l’animal soit tombé à vue, le doute sur le placement de ma flèche reste sous-jacent. Je respire un bon coup et je commence à replier mon matériel, je tremble toujours et j’ai du mal à écrire un petit message pour prévenir ma douce. J’écoute attentivement car il me semble entendre un animal bouger, je commence à tirer des plans sur une éventuelle recherche…cela fait 15mn que j’ai tiré, l’envie de descendre voir est trop forte, je me dis que s’il est tombé si vite c’est que la flèche doit être bonne. J’exécute mon rappel discrètement et prends le temps de ranger toutes mes affaires.
Débarrassé du saddle, je vais à l’anshuss, ma flèche est plantée dans le sol et couverte de sang jusqu’aux plumes.
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J’encoche une nouvelle flèche et commence à suivre la piste : elle est abondante et je suis rassuré sur la suite des évènements. Après quelques mètres dans le pré, un gros aboiement de chevreuil en colère me surprend…ce n’est pas celui que j’ai tiré puisque je le vois couché 10m devant moi : finalement le Buttolo, ça fonctionne et j’imagine que si j’étais resté dans l’arbre en faisant une nouvelle séquence d’appel j’aurai pu avoir une autre occasion de tir.
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J’arrive à l’animal, je lui caresse le cou en remerciant la nature pour cette soirée pleine d’émotions.
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Il est 21h30, je pose le bracelet et fais quelques photos, la soirée va se poursuivre jusqu’à une heure avancée de la nuit pour la préparation de la venaison.
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D’après l’autopsie, la lame est passée verticalement entre les cotes à l’entrée et à la sortie, le haut du cœur a été sévèrement atteint par les 40mm de coupe de ma Centaur. Les poumons ne sont pas atteints.
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Une belle soirée de chasse d’été !

Matériel : Timberghost TGX 54#@29’’, flèche micro diamètre black eagle instinct, outsert inox 100 grains, lame Centaur short mag SB left 220 grains (total 680 grains)