Poils où plumes

Déçu par ma saison de chasse au cerfs je ne suis sortis qu’un week end sur les quatre ouverts, il y a des obligations auxquelles on n’échappe pas...pourtant ma trail came m’avait fait voir de jolies biches qui ne sortaient malheureusement que la nuit...dans d’autres circonstances:roll:
Me voilà donc avec l’envie d’aller voir s’il y a encore du lièvre derrière la maison, à une époque je pouvais en voir 5 où 6 dans la soirée à la brunante mais depuis quelques années plus rien, ils se sont déplacés plus loin dans une plantation impénétrable à moins de ramper, ou d’en rencontrer un accidentellement sur le chemin...
Ce vendredi il a neigé, une douzaine de centimètres et il y a eu une où deux petites averses de neige fondante depuis le début de la semaine, donc de quoi faire blanchir notre lièvre variable...et comme il pleut ce samedi et ce dimanche matin...plus de neige! les blanchons eux vont rester blanc jusqu’au printemps...pas cool le Melo de profiter de ce petit problème de camouflage !
Il me prends l’envie depuis quelques weeks end de recommencer à jouer avec mon Cobra (Grand Gallois), un piquet à tomates de 68” et [email=66#@30]66#@30[/email]”, je vais faire un tour sur le calculateur de spine dynamique pour vérifier si mes fmj 300 vont passer et en rajoutant 50gr ça devrait être bon, test à une quinzaine de mètres, je diminue un poil mon band, un coup de feutre sur la corde pour la hauteur d’encoche, deux pompons en fourrure de vison vite fait et vogue la galère...
Je saute dans mes bottes il est 15h00 et dans une heure et demie il va faire nuit...je déteste ces changements d’heure qui nous volent une heure de lumière chaque automne! 20 mn de marche dans un boisé marcageux me rapproche de la plantation et là tout les trois où quatre pas je me baisse et regarde sous les branches basses des épinettes s’il n’y a pas une forme blanche avec un petit V noir inversé au bout des oreilles, quand tout est blanc je les repères comme ça, où alors leurs petits yeux noirs aussi, ils ont souvent un soubressaut comme s’ils voulaient démarrer sans demander leur reste mais ils figent aussitôt tellement confiant en ce camouflage blanc...et ce semblant de fuite les trahis.
Mais là pas de soubressauts, pas d’yeux noirs et encore moins d’oreilles...je longe le ruisseau bordé par des aulnes, ils s’y réfugient quand tout est gelé et les cépées nous empêchent d’y penétrer tellement les troncs sont serrés, c’est tentant quelques fois d’y tendre un collet, rassurez vous ici avec le permis petit gibier nous avons le droit de colleter... je me souviens un jour d’un lièvre qui m’avait fait passer trois fois dans mes traces, au quatrième passage je pose un collet à l’entrée d’un tunel de branches et continue ma poursuite, je le vois se faufiler devant moi pendant une dizaine de minutes et à un moment il part à la grand course décidé à me semer et les pattes arrières lui passent au dessus de la tête quand il culbute retenu par le fil de laiton...que j’avais oublié tellement concentré à ne pas le perdre de vue dans toute cette neige. J’ai été aussi surpris que lui mais moins douloureusement je dois l’avouer...
Mais pour l’instant pas de lièvres, aucune boule blanche qui déboule à travers les aulnes, je remonte doucement dans la petite végétation, il me semble voir une trail de quatre-roues fraichement tracée, elle n’était pas là il y a trois semaines, je la suis tout doucement et tombe sur une coulée de cerfs, une autoroute...tellement il y a de traces de sabots, 50 cm de large et creuse de 20 cm tellement bien tracée que c’en est indécent...la chasse est fermée depuis le week end précédent, nous avons eu de la pluie abondante depuis un mois et le terrain est boueux. Je vais m’en souvenir pour la saison prochaine...
Il commence à faire sombre et décide de faire demi tour et de rentrer par le haut de la plantation, au loin le ciel est rose à travers les têtes d’épinettes la pluie ne tombe plus, je me surprends à peser mon arc, 68” et léger comme une plume......FRRRRRRRRRRRRRRR!!!!!!! put...où avais-je la tête, une gélinotte décole comme une fusée suivie d’une deuxième et deux autres encore...le flu-flu est sur la corde, la quatrième s’est posée à une quinzaine de mètre dans un saule rabougris et branchu...je cherche un passage pour la flêche, avance , recul, plie les genoux, me penche en avant et trouve la trouée où ma flêche s’engouffre avant d’entendre un petit “tchic” et de voir les plumes de mon flu-flu lui caresser la bedaine et remonter à la verticale, un petit rameau (enfoiré!) je suppose viens de lui sauver la vie, je rentre dans le bois chercher ma flêche et une cinquième qui était branchée dans le sale décolle sans que je puisse la voir!
Je ramasse ma flêche et reprends le petit chemin du retour sans rien voir d'autre, ma sortie est faite,
il y a longtemps que je n’avais pas eu le plaisir d’être surpris et de pouvoir décocher une flêche aussi belle, juste éfleurée mais belle quand même...je me souviens de l’armement en cherchant le passage, l’arc bandé sans forcer et la décoche sans penser.
Le plaisir retrouvé de tirer avec un longbow, j’ai eu du plaisir avec mon petit Shrew, un peu aussi avec le Fédora et pas mal avec le Caribow, mais rien ne pourra égaler ce que je viens de ressentir avec mon piquet à tomate.
Finalement ni poils ni plumes mais des retrouvailles heureuses qui me font sourire encore le lendemain.