Maurice again..

Oui,encore là bas mais cette fois ci pour un voyage en famille agrémenté de 3 jours de chasse.
Le lieu est paradisiaque,Lionel adorable qui m'a appris qu'un guide n'est pas une contrainte ,bien au contraire ,mais une aide non négligeable pour se rapprocher du gibier convoité,sachant que l'approche finale est réservé au seul chasseur.Avoir autant de rencontres en seulement trois jours de chasse ne peut se faire qu'avec l'aide d'un professionnel aussi efficace que discret.
Mais revenons à la chasse elle même.Trois jours découpés en une journée pleine et 4 matinées où l'on chasse de 5h30 à 8h00 ce qui permet de retrouver sa petite famille pour le petit déjeuner et passer ensuite le reste de la journée ensemble.
Cette chasse du matin est courte mais intense en rencontres car la chaleur ne confine pas encore les cerfs dans les remises où ils ruminent.
Premier jour donc.Sentier Goyave qui domine l'Océan Indien et dont la partie basse du territoire est composée d'alternance de petites plaines pentues et de zones boisées.
On descend du 4x4,progression lente entrecoupée de coups de jumelles.Après à peine 20',Lionel repère un groupe de cerfs à 100m sur le versant opposé de la petite vallée.En bas de celle ci,une petite combe arborée où chemine le lit d'un ruisseau asséché.On passe en mode approche en essayant de ne pas déranger le repas des macaques perchés au dessus de nos têtes.Nous quittons le chemin qui longe le haut de cette petite combe pour rentrer dans la partie boisée.Le sol est tapissé de feuilles mortes et de gros rochers.Notre progression reste malgré tout assez silencieuse et ne dérange pas les singes qui festoient.Le groupe de cerfs s'est rapproché de cette combe par l'autre versant et pénètrent dans la forêt pour venir déguster les reliquats du petit déjeuner des macaques.Lionel me demande de prendre position au sommet de la pente,je choisi donc un rocher qui domine la scène ,avec une coulée devant moi,et m'assieds dessus.
Grand bruit au fond de la combe des sabots qui font rouler les pierres et des flancs qui frottent les palmes lors de leurs lents déplacements.Il doit bien y avoir 8 à 10 animaux disséminés dans le bois,plus ou moins cachés par la végétation.Un cerf avance,environ 18 mètres mais 3/4 face et avec des palmes qui le cache en grande partie,un autre le suit.
Lionel me signale une biche derrière un palmier à 15 mètres ,sous moi.Je ne vois rien.Silence,immobilité de cette femelle qui finit par avancer,je distingue enfin sa tête de profil.Elle s'arrête à nouveau ,écoute longuement avant de reprendre sa marche lente,elle tourne,monte droit vers moi sur quelques mètres et tourne à nouveau pour me montrer son flanc gauche.Immobile,elle écoute.Je ne bouge pas un doigt,attends qu'elle avance un peu pour que sa tête soit cachée par la végétation.Cela se produit enfin et, quand je ne vois plus que son corps,j'arme en me levant lentement.Elle doit être à ce moment là à environ 12 mètres en contrebas.
Je décoche,vol parfait de ma flèche qui se fiche un peu haut et à la limite arrière de son thorax.Bruit sec de l'impact qui me fait penser à une flèche de colonne mais la biche démarre dans un grand bruit de branches cassées qui sème la panique dans le reste de la harde.Très vite elle se couche.Je ne suis pas très confiant dans mon atteinte et Lionel non plus.Il distingue mon cresting fluo et me demande de tirer une autre flèche mais de l'endroit où je me trouve,je ne vois rien.Je tente d'approcher mais cela provoque la fuite de la biche.Le couvert est épais et à part le bruit on ne distingue rien.Les fuites des autres animaux perturbent notre écoute de la biche blessée et quand le silence revient ,nous sommes un peu dubitatifs.Nous descendons pour tenter de trouver du sang mais pas grand chose.On tente alors de trouver une piste dans le lit du ruisseau mais rien sur 50 mètres.
Lionel décide de revenir vers l'endroit où la biche s'est couchée ce qui me semble en effet la meilleure option.Il retrouve l'endroit maculé d'une une grosse tache de sang rouge.Cela me rassure un peu.Nous commençons à suivre la piste au sang assez discrète pendant la course de l' animal.Une gouttelette ici,une autre là.Lionel a vraiment l'oeil exercé.Arrivé au fond de la combe,de nouveau une grosse tache de sang rouge,puis un autre 5 mètres plus haut en remontant le versant d'en face.Le sang est abondant et rouge ,sans bulle, et au fur et à mesure de ces indices,je reprends confiance.Lionel,deux mètres devant moi arrive au sommet de la pente et je l'entends dire:"elle est morte".
Est ce son sentiment ou l'a t il vraiment vu morte ? Je me préparais à une recherche assez longue et en fait la biche est bien là,gisante, après une distance de fuite d'une trentaine de mètres.La trilame a sans doute tranché l'aorte en passant sous la colonne.
Belle matinée sous le soleil Mauricien naissant.Les hommages sont rendus et les photos fixent mon sourire avec ce bel animal qui feront l'étonnement de ma petite famille pendant le petit déjeuner.
Beaucoup de rencontres pendant ce séjour avec entre autres:un faon gracié à 4 mètres et une grand cerf non tiré à 15 mètres de peur que la végétation dévie ma flèche.
Encore une fois merci, Lionel mon pote !