L'ibex et l'agneau

Cette année pour notre lieu de villégiature cynégétique annuelle nous avons décidé de découvrir pour la première fois ce lieu enchanteur tant conté par nos amis archers : l’Hérault.

L’Hérault et ces mouflons du caroux. Une double découverte en fait pour moi et mes compagnons ( ben des bois, arnaud 45, Ti Racoon  et philax) car les lieux et ces habitants cornus nous étaient inconnus. Les deux premiers jours passés dans la vallée entre Caissenols le haut et Caissenols le bas me permirent de faire les premières rencontres visuelles avec les maitres des lieux et comprendre que le contact rapproché avec ces animaux méritait bien les récits passionnés que nous avez conté de manière intarissable notre ami Fred64.

Le mercredi je décidai de prendre de la hauteur et de me rapprocher des crêtes en me faisant déposer par le technicien de l’ONF.

Le temps maussade des deux premiers jours avait fait place au grand bleu et quelle vision enchanteresse de découvrir la vallée et les monts environnant depuis ces hauteurs.

 La matinée de chasse se déroula entre affut et approche en tentant pas après pas de débusquer derrière chaque rocher, chaque arbre, l’animal furtif et fantôme qui avait déjà pris possession de mon esprit. Mais comme bien souvent c’est quand l’attention se relâche que l’animal apparait et ce dernier pas était celui de trop…..deux animaux se dérobent devant moi dans la hêtraie  à une quarantaine de mètres et là, les jurons envahissent  ma pensée « putain mais quel con !!! »  Bon… et puis ça remet les choses à leurs place l’intrus c’est bien moi après tout…

La faim commence à se faire sentir et je décide de remonter sur une crête repérée à l’aller pour pouvoir observer les environs en me restaurant. Je me cale à l’abri du vent contre un rocher au milieu des genets. Je me régale de la vue plus que du maigre repas transporté dans le sac à dos.

 Sur la pente à ma droite se trouve un petit promontoire rocheux au milieu des fougères séchées où je découvre en jumelant une brebis couchée au soleil. L’approche est possible en longeant le sentier sur la crête, elle se trouve environ à 200 mètres de moi et légèrement en contrebas. Le soleil et le vent ont asséché le sol se qui rend l’approche plus difficile mais le vent souffle dans le bon sens… je dois contourner l’animal en le perdant de vu pour l’approcher et tenter de le surprendre par le dessus. L’approche se fait donc au départ à l’aveugle avec la hantise que l’animal se relève et ait disparu une fois arrivée sur place. J’ai fais les trois quart du parcours et des arbres masquant ma progression me permettent de jumeler à présent entre les branches et de distinguer deux animaux qui sont maintenant debout sur cette plateforme rocheuse. Je continue ma progression pour me placer au dessus. Il ne me reste maintenant que quelques mètres pour que la ligne d’horizon se trouvant devant moi me fasse découvrir cette plateforme rocheuse. La tension est au plus haut et mon cœur bas la chamade quand je me redresse doucement pour découvrir le rocher surplombant la plateforme rocheuse. L’agneau  est positionné trois quart arrière et regardant devant lui.

 Je n’ai plus que lui au milieu de toute ma ligne d’horizon. La corde du saluki est au coin de mes lèvres et la flèche prend son envol pour disparaître au travers de l’animal qui disparaît à son tour d’un bond de mon horizon… Et là commence un grand moment de solitude. Je ne peux voir ce qui ce passe en dessous du rocher mais je sais qu’il y a de la pente… je me pause 5 minutes pour laisser redescendre la pression et décide de repartir chercher mon sac à dos laissé au lieu du repas pour laisser le temps au temps...

De retour sur les lieux du tir je décide d’entamer la descente vers l’anschluss. La flèche ensanglantée est retrouvée facilement planté dans l’axe du tir (quelques mètres de plus et elle disparaissait dans  l’abrupte !!). 

 La configuration du terrain en pente ne facilite pas les recherches des indices. Je dois remonter pour tenter de redescendre et ainsi de suite; je vois ma confiance se mettre en doute.

Puis enfin les premières gouttes de sang et touffes de poils qui témoignent d’une chute.

 La pente me mis en difficulté avec ma patte folle et enfin en tournant la tête après des minutes de recherche qui me parurent une éternité, je découvre son corps, dont la vie l’avait quittée, couché contre un arbuste. Les minutes qui suivirent furent savourées dans l’émotion et l’émerveillement du moment offert par la beauté des lieux.

Il ne me restait plus qu’à remonter l’animal et rejoindre le lieu de ralliement (ce qui ne fut pas une mince affaire mais font parti des joies de la chasse en montagne) pour attendre mes compagnons le cœur léger et voir leur sourire partager ma joie.

Et bien sur un clin d’œil à Fred 64 pour tous ces précieux conseils