tuto endless 1 : notions préliminaires & fondamentales
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tuto endless 1 : notions préliminaires & fondamentales
Avant de tenter de faire une endless (corde sans fin), il est nécessaire de maitriser un certain nombre de techniques préliminaires que je vais développer ici les unes après les autres.
Savourez les, c'est du très lourd !
I) déterminer le nombre de brins.
La première question que l'on se pose avant de faire une corde renvoie à un savoir-faire théorique qui répond à la question combien faut-il de brins à ma corde ?
Cette notion ayant été parfaitement développée par Hector dans un sujet très complet, je lui laisse l'opportunité de le rapatrier par ici et n'en retiendrai que les aspects fondamentaux.
Sommairement, il faut retenir que chaque fibre dispose de son propre coefficient de résistance à la traction (énoncé en livre, expl 125# pour l'astroflight; 75# pour le 452x) et que chaque fibre dispose d'un diamètre de fibre qui lui est spécifique (exp: .014 pour l'astroflight contre presque deux fois moins pour le 452x).
Ces deux éléments sont importants car :
- Le diamètre final de la corde détermine celui du fil à utiliser pour les TF (central, d'extrémité ou de came)
- Le diamètre final de corde lorsqu'il est inadapté peut rapidement détériorer les gorges des poupées des arcs classiques ou entrainer des déraillements sur les compounds.
- Le nombre de brins et la composition de la fibre sont les éléments déterminants de la performance dans la mesure où ceux-ci influencent directement le rendement de l'arc ainsi que sa signature sonore.
En ce qui concerne le nombre de brins à utiliser, il serait toutefois illusoire de considérer que moins on en mettrait et plus l'arc deviendrait rapide ou qu'à contrario plus on en mettrait et plus l'arc deviendrait silencieux...c'est souvent vrai mais pas systématiquement, tant s'en faut. J'ai par exemple souvenir d'avoir dû virer d'urgence une corde de 18 brins en 8125 sur mon ACS en 75# pour repasser à la même en 12 brins afin de retrouver la neutralité et le silence antérieurs.
Il faut donc considérer le nombre de brins minimum à utiliser non pas comme un gage de performance mais surtout comme une obligation de sécurité. Quant à déterminer quelle est la fibre la mieux adaptée pour tel ou tel arc et le nombre optimal de brins qu'il conviendrait d'utiliser pour la puissance qu'il développe, seule l'expérimentation ou l'expérience acquise (souvent par les autres) permettent d'y répondre avec efficacité.
Toujours est-il que, pour un arc classique, l'obligation minimale de sécurité nécessite de disposer d'une corde dont la résistance cumulée par la totalité des brins est au moins égale à la puissance de ce même arc multipliée par 16 tandis que pour les compounds on appliquera plutôt un coefficient multiplicateur de 21.
Plus concrètement, pour un arc classique de 50#, il faut donc au minimum une corde qui cumule 800# de résistance ce qui se pourrait se traduire, par exemple, par au moins 6 brins d'astroflight (ou de 8125) et 12 de 452x. Pour le même arc à roulettes, il faudrait une corde dont la résistance cumulée culmine à 1050# ce qui nécessiterait au moins 8 brins d'astroflight/8125 ou 16 en 452x....mais en réel, pour des raisons de confort, de silence et de diamètre de corde on s'orientera au final plutôt vers une corde de 12 brins d'astroglight en classique et de 16 en compounds en ce qui concerne cet exemple bien précis ! il y a donc une marge conséquente entre les exigences de sécurité et ce qui se pratique assez universellement !
II) calculer la longueur de la corde à faire.
Ça c'est la deuxième question que l'on se pose avant de commencer une corde: quelle doit donc être sa longueur finale?
Pour faire simple on partira d'une longueur connue ou pré-déterminée. Pour parvenir à cet effet, il faut d'abord mesurer la longueur de la corde à dupliquer. Pour y satisfaire, il faut respecter le principe selon lequel une corde se mesure toujours à partir de l'extrémité extérieure de ses boucles et sous 100# de tension (norme AMO).
Une fois connue la longueur finale à atteindre, il faut cependant déterminer quelle est la longueur réelle de la corde avant que celle-ci ne soit torsadée. C'est cette longueur là que l'on retiendra comme longueur de travail dès lors qu'on l'aura assortie de son coefficient d'élongation.
En ce qui concerne la torsade, les string makers considèrent qu'il faut tendre vers un ratio tournant autour d'un tour par pouce (2.54cm) ou pouce et demi (3.8cm). Brownell préconise même de diminuer ce ratio qui peut descendre jusqu'à 1 tour tous les 2-3 pouces (valable surtout pour les cables). La longueur totale de la corde à faire doit donc prendre en compte la longueur qui est perdue par le fait des torsades qui sont appliquées à la corde.
En ce qui concerne le coefficient d'élongation des cordes, les choses sont un peu plus complexes dans la mesure où chaque fibre à son propre coefficient d'élongation. Il faut donc, avant de commencer, avoir une idée de ce que sera l'élongation naturelle de la fibre que l'on va utiliser. Les string makers utilisent des coefficients d'élongation (1,25%; 1,5%; 1,75%) qu'ils savent correspondre aux caractéristique des fibres qu'ils utilisent. Une fois ce coefficient déterminé, le facteur de corde va soumettre sa corde à une très forte tension de façon à ce qu'elle se stabilise définitivement après élongation.
Personnellement avec l'astroflight ou le 8125, sur une endless de deux couleurs différentes en 16 brins, j'ajoute 3mm tous les 25 cm de corde. Ainsi, si ma corde finie doit faire 150cm, je lui rajoute préalablement 18 mm que j'arrondis à 2 cm ce qui me fait au final et avant torsade, une corde d'un peu moins de 152 cm. Après l'avoir twisté sur environ 45 tours je la soumet alors à une tension de 200# (350# pour les compounds). Pendant son temps d'élongation, cette même corde va s'allonger jusqu'à atteindre 150.4 cm, longueur à laquelle elle va finir par se stabiliser. Une fois la tension redescendue à 100#, elle redescendra finalement à 150 cm ce qui correspond à la longueur que je recherchais. Si ce n'est pas le cas, je retranche ou ajoute les quelques tours nécessaires (cf rubrique twisting d'ajustage).
Sur une endless d'une seule couleur (donc un seul brin) de 16 brins, en général je retranche (donc là opération inverse) la longueur à atteindre de près d'1/2 centimètre...tout dépend en fait de la longueur finale à atteindre.
III) faire un tranchefil.
En ce qui concerne le procédé proprement dit je vous renvoie au tuto photo qui suivent.
En matière de TF, il y a un point qui perturbe tout particulièrement les débutants: c'est le sens de rotation du TF. Et pourtant le principe en est très simple: on enroule le TF autour de la corde toujours dans le même sens que celui que l'on a utilisé pour l'enrouler (twister/visser). Toutefois ce sens s'appréhende différemment selon que le bobineur progresse de la boucle vers le centre ou l'inverse. En ce qui me concerne, je fais toujours évoluer mon bobineur en direction de la boucle. Dans cette hypothèse, le meilleur moyen pour retrouver le sens d'enroulement de la corde consiste à la solliciter entre les doigts en la faisant entrer en rotation. On identifie alors instantanément quel est le sens qui contribue à renforcer l'enroulement (et à contrario celui qui conduit à dévisser (défaire) la corde). Il suffit alors de respecter ce sens d'enroulement avec le bobineur. Peu importe in fine comment évolue votre bobineur (en fuyant la boucle ou vers la boucle), l'un comme l'autre sont tout à fait envisageable et ne change rien au processus. Ce qui compte c'est le respect absolu et obligatoire du sens d'enroulement des torons (sinon la torsade du TF défait la torsade de la corde). Pour faire court, le tranchefil doit toujours resserrer les torons!
Pour les endless des arcs classiques il y a un autre paramètre que l'on peut prendre en compte. C'est la latéralité du tireur. Si celui-ci est droitier, durant l'armement, il effectuera, sur sa corde, une traction qui la sollicitera selon un mouvement allant de la gauche vers la droite. Or ce mouvement correspond lui-même à une rotation horaire (quand l'arc est vertical). Si donc le facteur est malin, il s'assurera que le sens de rotation du bobineur sur sa corde corresponde au sens de rotation qu'il a utilisé pour twister la corde lequel correspondra lui-même au sens de rotation appliqué sur la corde durant l'armement. L'objectif à atteindre étant que toute opération effectuée normalement sur la corde tende à resserrer le TF plutôt que l'inverse.
Le fait de faire évoluer le bobineur à contre sens (donc dans le sens anti horaire dans l'exemple que je cite) durant la pose d'un TF à un effet pervers immédiat: celui d'inverser le sens de rotation de la portion de corde recouverte par le TF. Sur un compound, si le tranche fil en cause est très long, cette erreur de facture peut se traduire par une très forte instabilité de la visette; l'augmentation de la longueur corde (par rapport à la longueur ciblée puisque la torsade sous le TF a tendance à être déroulée; or sur un compound on travaille à 3mm près); des séparations plus ou moins rapides du TF et, parfois, une baisse globale des performances. Sur une endless d'arc classique, vu la longueur des TF (en général une quinzaine de cm), l'impact est bien moindre. En cas d'erreur sur le sens de dépose, je considère que ça n'engage pas vraiment le gabarit et préfère même sacrifier ce principe sur le TF central, si la pose en sens inverse contribue à resserrer le TF au regard de la latéralité du tireur.
Autre question qui se pose rapidement: quelle est la tension que je dois appliquer à mon bobineur ?... la réponse est très simple: sur une fibre moderne (ce qui exclut le dacron!), la plus élevée possible tant que celle là ne fait pas entrer la corde en rotation durant l'évolution du bobineur. De ce fait, plus la corde sera tendue durant la dépose de TF et plus le bobineur pourra être maintenu serré. Attention , toutefois à ne pas trop serrer le bobineur. Celui-ci doit pouvoir effectuer au moins une rotation complète autour de la corde et revenir en position initiale sans qu'on ait à le forcer pour y parvenir. Si le TF est appliqué trop serré, il peut entrainer le cisaillement de la fibre et la détériorer irrémédiablement. S'il n'est pas assez serré, il flottera très rapidement sur la corde. Il y a un véritable savoir faire à développer dans l'usage du bobineur et il n'y a qu'en pratiquant assidument qu'on y parvient !
Pour les compounds, j'applique entre 300 et 400# de tension durant la pose des TF (300 pour les TF de cames, 400 pour le TF central). Pour les classiques, 200#. Et pour être certain que ma corde ne tourne pas durant l'application du TF (surtout le central), je mets des repères au marqueur tous les deux tours corde. Si les repères tournent de plus d'1/4 de tour durant la pose alors c'est que le bobineur est trop serré. Dans ce cas, il faut défaire la portion en cause et la recommencer.
Habituellement, les string makers travaillent en appliquant une tension proche des 5# sur leurs bobineurs. Usuellement et quand on a déposé quelques centaines de mètres de TF on arrive à identifier immédiatement si le bobineur est trop ou pas assez serré.
Puisqu'on y est parlons-en des bobineurs: se valent-ils tous ?...la réponse est non, trois fois non. Pour faire un simple TF central sur la flemish d'un LB, un bobineur de type bonhing pourra, éventuellement, se suffire à lui-même quoiqu'il puisse en couter en souffrances inutiles pour l'opérateur. Mais qu'on ne s'y trompe pas: la qualité du TF est directement liée à celle du bobineur utilisé. D'autant plus que certaines fibres de TF comme le 3D ou le 62(xs) sont beaucoup plus exigeantes que d'autres. Un bon bobineur c'est au minimum un bearpaw et plutôt (et de loin, il n'y a pas photo) un beiter heavy profi... tout le reste c'est de la mouise ou tout comme!
Autre question: que doit on faire quand on arrive en fin de bobine alors qu'on n'a pas encore fini son TF?...Réponse d'auvergnat: le terminer prématurément si la situation le permet ou dans le cas contraire, le recommencer !!!!!!! La prochaine fois, il faudra se montrer plus vigilant avant de l'entamer !
Allez, une autre dans la même veine: comment enlève-t-on un TF usagé? Comme on est sur ATO tout le monde à chez soi une single bevel, c'est donc l'occasion d'en faire quelque chose de vraiment utile.
Mettre la corde sous tension (le plus possible) et venir délicatement trancher le départ du TF en conservant la lame bien parallèle à la corde...si votre single bevel est rasoir ça déroule comme au cinéma et même avec un TF de 0.14 de diamètre...si ce n'est pas le cas ou si votre amorce de coupe se fait sous incidence angulaire, alors vous en profiterez, aussi, pour refaire votre corde ! En général quand on a manqué de concentration durant cette étape on apprend à ne plus jamais en manquer les fois suivantes!
Et enfin une petite dernière et pas des moindres: quel diamètre faut-il sélectionner pour les TF centraux, d'extrémité ou de boucle?.
Pour les compounds, avec la fibre que j'utilise (astroflight; 452x ou 8125) je fais mes TF de came et de boucle en diamètre .014 ou .018 et mes TF centraux en .018 (performance) ou en .021 (sécurité). Les compounds sont particulièrement sensibles aux apport excédentaires de poids sur la corde, il est donc très important de réduire au maximum le poids des TF notamment celui du TF central.
Sur les classiques, pour le TF central d'une corde composée de 12 brins (en diamètre .014) on a le choix entre les diamètres .021 et le .025. Là encore, plus le diamètre du TF est élevé et plus le TF pèsera lourd. A ce titre, un TF central de diamètre .025 pèsera une dizaine de grains de plus qu'un TF en .021. Autant donc ne pas charger la mule inutilement même si les conséquences sur la vitesse sont nettement moins sensibles que sur un compound. Sur les classiques, on essaiera plutôt que de jouer sur le diamètre du TF, de restreindre plutôt sa longueur en se limitant à une petite vingtaine de cm ce qui est largement suffisant pour le commun des mortels. Seuls quelques cas spécifiques (tireurs qui maitrisent mal leur arc) nécessitent des TF plus longs. Personnellement, pour les TF centraux de classique, j'utilise plutôt un diamètre .021 que j'enroule sur le brin d'extrémité (amorce): ça permet d'élargir le diamètre final pour une meilleure adhérence de l'encoche. Si on estime alors que l'encoche n'est pas assez pincée (ce qui peut être le cas), il suffit alors de rajouter une légère sur-épaisseur en fil dentaire (collée avec une goute de loctite) au niveau du point d'encochage.
Bien évidemment, le fait de connaitre la nature de l'encoche utilisée permet de sélectionner le TF le plus adapté. Mais attention, il serait aberrant d'utiliser du diamètre .030 sur une corde de 6 brins sous prétexte que celui-ci permet à l'encoche de ne pas flotter. On perdrait, d'un côté, le gain obtenu par ailleurs ce qui serait complètement absurde. D'où le recours au fil dentaire ou tout autre subterfuge permettant de créer une sur épaisseur.
Pour le TF de boucle, sur les classiques, on peut éventuellement utiliser directement du TF en diamètre .030. En élargissant substantiellement de la sorte le diamètre de la boucle, cela peut éviter d'avoir à rajouter les obligatoires brins libres sous la boucle qui permettent d'éviter un éventuel cisaillement des gorges des poupées. J'utilise moi un TF de diamètre 021 et ajoute quelques brins libres dessous. Quant au TF d'extrémité, en général je reste en .017 ou .021 ce qui permet de maintenir une certaine sveltesse à la corde.
IV) le burnishing (polissage à chaud)
Le burnishing est une technique qui permet de transformer en toron (lisse et arrondi) ce qui à l'origine ne serait qu'une vulgaire accumulation de brins .
Regardez votre corde endless: bien souvent elle n'est que l'agglomération d'un certains nombres de brins accolés les uns aux autres dans un ordre plus ou moins disparate. Pire, parfois on peut même retrouver, mélangés ensembles, des brins de chacune des deux couleurs qui ont servi à la composer.
Le burnishing est donc la technique qui permet de remédier à ce problème tout en assurant l'amalgame harmonieux de tous les brins d'une même couleur. C'est une étape extrêmement importante dont la vocation dépasse très largement le simple intérêt cosmétique car elle favorise:
- L'uniformité de la répartition de la tension entre les brins durant le stretching.
- L'uniformité de l'enroulement du TF sur la corde (déterminante pour sa durabilité).
Le burnishing débute sitôt que la corde est assemblée et ce avant même de commencer les opérations de twisting (enroulement) qui précèdent le stretching (étirement).
Le processus est assez simple. Il suffit de récupérer une chute de cuir ou de la fibre utilisée durant la confection et de l'enrouler trois ou quatre fois autour de chacun des deux torons à polir. On met alors les torons sous 100# de tension (dans mon tuto cette phase sera illustrée en photo) et avec la chute enroulée, on lustre chaque toron (un toron se compose de deux segments de la même couleur qu'il faut réunir à l'occasion du burnishing) de façon individuelle en faisant de grands va et vient sur toute la longueur. Ce faisant, il faut serrer la chute assez fort de façon à en renforcer le pouvoir polissant (en respectant bien évidemment la correspondance des couleurs entre la chute et le toron à polir!). Sous l'effet du frottement et de la chaleur qui s'en dégage, les torons se forment et les brins s'amalgament, si bien qu'au bout de 3 ou 4 passages on peut désormais parler de toron et non plus de segment de corde.
Selon les fibres utilisées le burnishing est plus ou moins rapide: avec l'astroflight, il s'obtient en 3 ou 4 passes car la fibre chauffe très vite; avec le 8125, il faut au moins une vingtaine de passes.
Une fois que chaque couleur est réunie pour former son propre toron, on procède alors au twisting (enroulement) de la corde. Après les 10 premiers tours, il faut s'assurer du bon amalgame de la totalité des brins d'une même couleur (étape facultative quand on utilise des séparateurs)...on fait donc de nouveau circuler sa chute entre les deux torons. Désormais le rythme est beaucoup plus lent car la chute utilisée suit la torsade ce qui ralentit considérablement le processus.
Une fois que c'est fait on termine alors le twisting intégral de la corde et on la met au stretching (élongation).
Dès lors que la corde a atteint son élongation maximale (minimum d'une demi heure à 300# pour les compounds; 2h00 en ce qui me concerne) et qu'on l'a portée (en l'enroulant) à sa longueur finale, alors de nouveau on recommence le burnishing en insistant tout particulièrement sur les zones qui vont êtres servies (néologisme venant du mot serving: "deposer un TF").
Mais attention, désormais les deux torons (souvent de couleurs différentes) vont être polis en même temps ce qui peut provoquer des altérations de couleurs (bref, des coulures ou des bavures). Il faut donc utiliser une chute de la couleur la plus neutre possible de façon à ne pas faire déteindre les deux torons l'un sur l'autre. Ainsi, si ma corde est rouge et noire, alors je la polirai avec une chute rouge...si ma corde est jaune et marron, alors je la polirai avec une chute jaune et ainsi de suite...certaines couleurs (dont le vert et le rouge) bavent beaucoup plus que d'autres (le noir en l'occurrence) et parfois cela détermine catégoriquement la nature des couleurs à assembler.
En ce qui concerne le burnishing proprement dit, certains string makers utilisent des chutes de vêtement en coton, d'autres de la cordelette en nylon, d'autre des cartes de visite en carton...bref chacun se débrouille comme il peut...moi je me sert de mes chutes d'astroflight qui fonctionnent au-delà de toute espérance!
V) les différentes étapes de fabrication d'une endless:
le principe:
Les cordes sans fin sont généralement composées de deux torons enroulés l'un sur l'autre. Plus rarement et pour d'uniques raisons esthétiques, elles peuvent être parfois composées de 3 torons. Ces deux torons sont soit de deux couleurs différentes (et dans ce cas là on utilise deux brins différents), soit d'une seule couleur (et dans ce cas on n'utilise qu'un seul brin). Sur une endless d'une seule couleur, les deux torons sont confectionnés à partir d'un brin unique qui l'on enroule autour d'un gabarit (métier) sous la forme d'un empilement de boucles géantes mesurant la taille de la corde. Sur une endless de deux couleurs, les deux torons sont formés après la réunification en un seul et même toron de chacune des deux couleurs une fois l'assemblage achevé. Au final, que l'on utilise une ou deux couleurs, la endless est toujours formée d'au moins deux torons.
Prenons désormais pour exemple, la composition d'une endless d'une seule couleur: imaginons pour ce faire une première boucle mesurant 1,5m de long et dont chacune des extrémités vient prendre appui sur deux plots distants d'1,5m. Avec le brin qui a servi à faire cette première boucle, le facteur va, dans la continuité de la précédente, rajouter (par exemple) 5 nouvelles boucles qui vont venir se superposer les unes aux autres. Au final, il se retrouve alors avec 6 boucles (soit 12 brins dans cet exemple) qui s'étendent sur une longueur d'1,5m réparties de part et d'autre des plots autour desquels elles ont été enroulées.
Pour finaliser la corde, il lui suffit alors de ligaturer, à l'aide d'un tranchefil, l'extrémité des deux segments qui jusqu'alors formaient les côtés des boucles. En les ligaturant au-devant (en aval) des plots, il se retrouve alors avec une corde formée de deux torons composés chacun de 6 brins (soit 12 brins au total) et qui se termine par une boucle (en amont des plots) à chacune de ses extrémité.
Voilà... c'est le principe de la corde sans fin: plusieurs boucles, empilées les unes sur les autres, faites du même brin, ligaturées ensembles à leurs extrémités pour donner naissance à deux torons qui, eux-mêmes, seront torsadés l'un sur l'autre pour former la corde.
Si l'on veut que la corde soit formée de deux torons de couleurs différentes, alors on empile, sur le premier, un deuxième brin de couleur différente tout en suivant le principe des boucles sans fin empilées les unes sur les autres. Une fois que c'est fait, on enserre alors, au-devant (en aval) des plots, chacun des deux brins que l'on rassemble dans une même ligature...la corde est alors presque faite, il ne reste plus qu'à l'enrouler (après avoir réuni en un seul et unique toron l'ensemble des brins de même couleur) et à l'étirer!
Quant aux extrémités des brins utilisés on peut se demander à juste titre ce qu'il en advient. Selon la méthode utilisée, elles peuvent soit:
- être directement utilisées pour gainer la portion qui composera la boucle
- être coupées au ras du tranchefil de boucle. Dans ce cas, c'est le TF de boucle qui en assurera le maintien.
L'assemblage:
L'assemblage c'est cette étape qui consiste à enrouler les boucles autour des plots du métier (jig en anglais).
Pour faire une corde endless on peut utiliser, 2, 3 ou 4 plots de fixation. Personnellement j'en utilise 4 ce qui rend l'opération beaucoup plus commode mais inadaptée à la méthode dite des tags end (gainage par les extrémités).
Pour écarter les plots à la longueur de la corde, on les aligne d'abord dans le sens de la longueur sur la poutre de maintien puis on espace les deux plus éloignés jusqu'à ce qu'ils aient atteint la longueur souhaitée.
Une fois que les plots sont écartés à la bonne distance, on les pivote perpendiculairement à la poutre de façon à ce qu'ils forment chacun la base d'un immense rectangle.
Pour mieux comprendre le cheminement logique, je vais désormais donner un numéro à chaque plot de fixation.
En imaginant que la poutre est face à moi (ce qui sera le cas sur les photos), les deux plots sur ma gauche auront les numéros 1 et 2 et les deux plots sur la droite les numéro 3 et 4. les plots 1 et 4 sont situés du côté de la poutre qui m'est le plus proche et les plots 2 et 3 de l'autre côté de la poutre.
L'assemblage peut désormais commencer. Ici je vais détailler l'assemblage d'une endless formée de deux brins de couleur différente. Pour ce faire :
- Après avoir fixé, à l'aide d'un sandow, le brin numéro 1 au pieds du plot 1, on fait tourner celui-ci autour des 4 plots (dans le sens horaire en ce qui me concerne) en allant en 2 puis en 3 puis en 4 puis en 1 puis en 2 puis en 3 puis en 4 et ainsi de suite jusqu'à obtenir le nombre de brins recherchés (disons 6 pour cet exemple, soit 3 boucles). Une fois ce résultat obtenu on fixe l'extrémité du brin à un autre sandow au pieds du plot 2.
- on recommence alors de la même façon avec le deuxième brin (d'une autre couleur) mais en débutant désormais par le plot 3 et en terminant par le 4.
- Une fois déposé ce qui composera l'assemblage des deux torons, à l'aide d'une sangle à cliquet, on ajoute plusieurs crans de tension à l'un des côté du métier de façon à porter à au moins 100# la tension qui pèse sur les boucles.
les points clefs de l'assemblage:
- la tension du brin pendant la pose: il est crucial de dérouler le brin autour des plots en conservant une tension uniforme sur la bobine. Le brin déposé doit être déposé tendu serré mais sans exagération excessive.
- l'égale tension entre les différents brins: il est crucial de dérouler le deuxième brin en appliquant la même tension sur la bobine que celle que l'on a appliquée à la première. S'il y a une différence de tension entre les brins qui formeront les deux torons, les torons flotteront l'un sur l'autre et sur un compound la visette ne pourra plus jamais se stabiliser.
- comment enrouler le brin autours des plots: le brin se dépose non pas en chevauchement boucle sur boucle mais en empilement de bas en haut boucle contre boucle. En aucun cas les boucles ne doivent se superposer les unes sur les autres mais au contraire, elles doivent être déposées cote à cote, les unes à côté des autres, en progressant en superposition en allant du bas vers le haut. L'idée difficile à exprimer deviendra limpide en photo.
Compte tenu de ces impératifs c'est là qu'intervient le savoir-faire du facteur, qui:
- parfois devra nettoyer l'intégralité de ses brins pour enlever l'excédent de cire qui ne lui permet pas d'assurer la même uniformité de tension entre deux brins durant leur pose.
- utiliser des sandows: les sandows ont pour but de permettre aux brins d'accéder à une tension uniforme dès lors que l'on a appliqué 100# de tension à l'une des extrémités du métier: sous la pression de la sangle, le métier s'écarte et la tension rajoutée se répartit entre les fils et les boucles de façon équilibrée (pour peu qu'on leur en laisse le temps soit une vingtaine de minutes).
Au bout de 20 minutes de tension l'assemblage est terminé, on passe alors à la confection des boucles.
- la confection des boucles (méthode des tag ends (gainage par les extrémités) / méthode de la boucle servie)
Il existe deux méthodes différentes pour faire les boucles.
La méthode des tag ends (gainage par les extrémité):
Le principe consiste à enrouler, très serrées, les deux extrémités du brin (qui a été utilisé pour composer le toron) autour de la partie qui va former la boucle.
Pour ce faire, il faut préalablement n'avoir entouré ses boucles qu'autour de deux plots de fixation (et non pas 4) et avoir commencé et fini ses boucles au niveau du même plot.
A ce stade, sans pour autant relâcher la tension qui pèse sur le métier (tendu non pas à 100# mais à 80-70#), on détache alors les brins fixés aux sandows et on les enroule par un dessus dessous rapide autour de la portion comprimée derrière le plot. Une fois obtenue la longueur de gainage souhaitée, on bloque chaque brin sur sa partie de toron au moyen d'une demi tête d'alouette. Plusieurs méthode sont, d'ailleurs, utilisées à ce niveau là: certains ne font pas de demi tête d'alouette mais entourent les brins 5 ou 6 fois autour de la corde avant de les glisser dans la corde; d'autres les coupent au ras de la boucle et les collent à cet endroit avec une goute de loctite; d'autres enfin font le 1/2 tête d'alouette et entourent les brins autour de la corde...chaque méthode marche de la même façon.
Cette méthode à ses forces et faiblesses:
- au titre des forces, elle tient mieux la traction que celle dite de la boucle servie (par rapport à celle là, en effet, il faudrait déployer 200# de traction supplémentaire pour provoquer l'arrachement des extrémités... mais qu'on se rassure un tel traitement nécessite un niveau de traction qui dépasse très largement les contraintes portant sur une corde d'arc).
- elle est beaucoup plus rapide à mettre en œuvre, car elle nécessite: deux plots au lieu de 4 (donc un métier moins cher) et permet d'économiser deux TF ...éléments qui pour un string maker représentent une économie substantielle de temps (donc d'argent) et de matière première (donc d'argent aussi)...bref c'est la solution la plus économique!
- elle facilite, enfin, le raccord entre le TF d'extrémité et la boucle en le rendant beaucoup plus court (ce qui pour certain type de came est une nécessité) et plus facile à effectuer.
Tout ceci explique pourquoi on a vu cette méthode se démocratiser de plus en plus pour la trouver maintenant sur l'immense majorité des cordes de compound!
- au titre des faiblesse: elle offre une protection bien moindre à l'abrasion/friction et cède très rapidement en cas d'abrasion anormale sur le pivot de contact...elle n'est donc pas adaptée aux endless pour arcs classiques.
La méthode de la boucle servie:
Le principe consiste à entourer d'un TF toute la portion correspondant à la boucle. Ce faisant, les extrémités des brins (qui ont servi à composer les torons) se retrouvent enserrées dans le TF de boucle ce qui a pour effet de les coincer dans la boucle et d'empêcher que la corde ne se défasse.
Pour y procéder c'est très simple. Dans la configuration décrite antérieurement (boucles entourées autour de 4 plots), on gaine d'un TF (de la longueur voulue), la portion de corde (l'opération s'effectue sur les deux torons accolés que l'on enserre tous les deux dans le même TF) adéquate comprise entre les plots 1 et 2, puis 3 et 4.
Pour garantir l'équidistance entre les boucles (détail fondamental!), la longueur de chacun des deux TF doit être d'une précision millimétrique: d'une part en ce qui concerne la longueur proprement dite pour la portion servie, d'autre part en ce qui concerne la distance séparant les plots du commencement et de la fin de chaque TF.
Il est à noter que cette méthode peut se mettre en œuvre à partir d'un métier qui ne dispose que de 3 plots (expl le célèbre little jhon) lesquels, en l'occurrence, formeront un triangle et non plus un rectangle. L'essentiel étant d'avoir la partie à servir toujours comprise entre les deux plots qui forment la base du triangle (1 et 2).
En ce qui concerne l'application proprement dite des TF il n'y a pas, pour ceux-là, de sens particulier à privilégier (en ce qui me concerne, je travaille toutefois toujours dans le sens horaire qui est mon sens de twisting). En revanche, il est impératif que les TF soient déposés sans entrainer la rotation des torons. Comme le métier n'est tendu qu'à une centaine de livres, cela nécessite d'utiliser le bobineur assez peu serré.
- le burnishing: déjà vu.
- le twisting:
Une fois que chaque toron a été soigneusement poli commence alors le twisting (action qui consiste à enrouler la corde).
Idéalement le twisting s'effectue en commençant à 100# de tension initiale ce qui permet de répartir uniformément le taux de rotation sur l'ensemble de la longueur de la corde (dans le cas contraire, on se retrouve avec des torons un peu moins resserrés à l'une des deux extrémités (ce qui n'est pas bien grave en soi)). Préalablement, il faut donc séparer les torons en insérant un séparateur au niveau du raccord de boucle (les ricains appelle ça un "separator"; on peut utiliser une chute de fut en bois taillée en forme de diabolo) et les maintenir en place durant toute la phase de twisting.
A noter qu'un twisting sérieux nécessite de disposer d'un twister très solide car la tension augmente à chaque tour supplémentaire et devient très importante en fin de processus (selon sa longueur la corde peut se raccourcir de 3 à 4 centimètres, on imagine la pression qui en résulte!).
Trois notions sont à maitriser:
- le sens de rotation: qui sera forcement celui d'application du TF.
- le nombre de tour à mettre: pour mémoire on se souvient comment on a initialement calculé la longueur de la corde de façon à ce qu'elle tienne compte de la longueur consommée par le twisting et de celle restituée par le stretching. On se souvient également que le ratio idéal est au maximum d'un tour par pouce (2.54cm) ou, au minimum, par pouce et demi (3.8cm). Si donc ma corde fait 56", je vais commencer par lui mettre une bonne quarantaine de tours. S'il faut en rajouter ou en enlever on verra ça à l'issue du stretching et durant le twisting d'ajustage.
- l'utilisation de séparateurs: en maintenant les torons séparés au pieds de la boucle durant tout le twisting, la pression se répartit uniformément sur chacun d'entre eux ce qui garantit un tour de rotation uniforme jusqu'aux extrémités.
Le twisting proprement dit n'est pas compliqué. En ce qui me concerne je twiste toujours dans le sens horaire. Une fois que j'ai mis les 10 premiers tours, j'insère quelques chutes de brin dans la torsade et je les fais remonter plusieurs fois jusqu'aux boucles. Cette opération a pour résultat de rapatrier les brins isolés dans le toron de la couleur à laquelle ils appartiennent. Elle contribue également au polissage du toron. C'est une opération assez lente à réaliser donc inutile de mettre le feu au lac. En l'absence de séparateurs, sous la pression exercée par la chute, les torons vont se boudiner aux extrémités. C'est normal. Dans ce cas, il faut soit continuer en poussant très fort soit relâcher la tension puis pousser le brin jusqu'à la boucle ce qui permet de résorber le phénomène. Une fois que c'est fait, on peut remettre 100# de tension sur la corde et en achever le twisting.
Autre solution: utiliser des séparateurs glissés au ras de la boucle. On les conserve pendant les 15/20 premiers tours et on les enlève pour les autres. L'emploi de séparateurs évitent la migration des brins d'une couleur dans le toron de couleur opposée. Il fait également partir le twisting du milieu de la corde et non pas de ses extrémités comme dans la méthode précédente.
- le stretching: élongation de la fibre/étirement de la corde
Elongation de la fibre: chaque fibre dispose de sa propre élasticité naturelle. Les fibres modernes utilisées pour l'archerie sont réputées en être dépourvues (à l'exception du dacron). Mais dans la pratique on s'aperçoit que ce n'est pas vraiment le cas. Le but du jeu consiste donc à soumettre la fibre à un niveau de tension suffisant pour qu'elle puisse parvenir définitivement à son seuil d'extension maximal. Le stretching a donc pour objet de créer artificiellement les conditions d'élongation maximale de la fibre.
Étirement de la corde: une corde d'arc atteint son plus haut rendement lorsque la pression est uniformément répartie entre chaque brin et chaque toron. En soumettant la corde à une très forte tension on accélère ce processus de façon à ce qu'il soit pleinement opérationnel dès la monte sur l'arc. A ce titre, je soumets de nouveau ma corde à la tension une fois que j'ai achevé le twisting d'ajustage.
La question qui se pose est bien évidemment de savoir à quelle tension soumettre sa corde pour parvenir à ces effets. Le débat est encore houleux parmi les string makers. En effet, certains hobbyistes prétendent que l'élongation et l'étirement doivent se faire de façon naturelle. On va donc s'abstenir de toute polémique pour se concentrer sur ce qui marche. D'une façon générale on sait que les cordes de compounds (dont la résistance cumulée est aux alentours de 2000#) se stabilisent à 300# de tension. En ce qui concerne les cordes de classique je n'ai pas assez de recul personnel pour être péremptoire et comme la plupart des hobbyistes ne pratique pas l'élongation artificielle je ne peux m'en référer qu'à ma propre expérience. Je fais des cordes de 12 brins soit en 8125 soit astroflight ce qui porte leur résistance à 1500. Compte tenu de leur résistance je les étire (200#) et pose les TF à 200# de tension.
Et pendant combien de temps? très bonne question...30 minutes sont suffisantes pour un étirement quasi stabilisé. Ceux qui n'aiment vraiment pas les mouches (et j'en fais partie) attendent deux heures.
A noter que Brownell et BCY répondent sans problème à ce genre de question: il suffit de leur envoyer un courriel et ils indiquent volontiers le temps et la tension à appliquer sur telle ou telle corde.
- le twisting d'ajustage:
objectif: atteindre au mm près la longueur de corde souhaitée.
Pour les cordes de compound il s'agit là d'une opération fondamentale. Pour les cordes de classique, il faudrait vraiment, vraiment détester les mouches pour s'y livrer mais ça tombe bien, je les exècre.
Reste que si on s'est planté sur sa longueur théorique de la corde, il n'y a pas d'autre alternative que d'en passer par là quitte à devoir augmenter un peu le ratio de twisting (ce qui n'a aucune espèce de gravité tant que l'on reste dans des limites acceptables). Le twisting d'ajustage se fait bien évidemment avant la pose des tranche fils.
Avant de procéder au twisting d'ajustage, il faut laisser reposer la corde. En effet, celle-ci sort du streching et il lui faut donc une bonne heure pour revenir à sa taille minimale. Une fois que c'est fait on la porte de nouveau à 100# de tension et on la mesure. La marge de manœuvre est d'environ 1 cm (tout dépend de la taille de la corde car sur un cable c'est souvent deux fois moins) que l'on peut soit ajouter (en la dévissant) soit retrancher (en la vissant). Au delà c'est pas gagné et ça dépend essentiellement de la longueur totale de la corde. Bien évidemment toute modification en profondeur de la longueur modifie en conséquence le ratio de twisting.
Dès lors que la corde est à sa longueur définitive, on la soumet une dernière fois à la tension maximale pendant une dizaine de minutes le temps que tout se stabilise définitivement. Puis on la remet à 100# pour une dernière mesure. Et si c'est pas bon...on recommence!
Cette dernière étape qui n'est pas crucial sur un classique l'est sur un compound. Une synchro se joue au mm près. Quand les données constructeurs sont bonnes (et c'est pas gagné d'avance!) et si le facteur de corde est bon, alors l'utilisateur tombera instantanément dessus rien qu'en remontant ses synthétiques...et là c'est le début du bonheur!
- le serving des zones à protéger:
Selon l'arc les zones à protéger par un tranche fil peuvent être nombreuses: roller guard, string stop, cames, autant "d'accessoires" qui nécessitent une protection particulière des synthétiques...mais pour l'ensemble des cordes, il faut au moins un TF central et deux TF d'extrémité.
Avant d'appliquer un TF , il faut en connaitre la localisation très précise: savoir où il commence, où il se termine et sur quelle longueur il s'étend. Une fois que l'on dispose de ces éléments, on peut alors passer à l'application en respectant les points clefs que j'ai déjà développés (sens de progression; tension du bobineur) précédemment.
Il reste toutefois un élément qui mérite un savoir faire particulier: comment faire le raccord de boucle? Le raccord de boucle (appellation strictement personnelle) c'est la jonction boucle/corde, une portion qui se trouve au pieds de la boucle et à partir de laquelle commence le tranche fil d'extrémité (de la corde).
Comme tout raccord c'est une partie sensible:
- sur les compounds, parce que s'il est trop long, il mordra dans la gorge de came,
- sur les classiques, parce que s'il est trop fragile il cèdera lors des manipulations liées aux opérations de bandaison.
Quand on fait un TF d'extrémité on peut procéder de deux façons: soit en partant de la boucle pour s'en éloigner soit en partant du centre (de la corde) pour s'en rapprocher (de la boucle). C'est personnellement la technique que j'utilise. Mais quelle que puisse être la technique retenue (chacune à ses propres avantages), le travail au niveau du raccord de boucle se fait toujours à la main. Pourquoi? tout simplement parce que le bobineur ne passe plus. Dès lors que le bobineur est stoppé dans sa progression et commence à travailler en surépaisseur, il convient donc de cesser de l'utiliser pour continuer en mode manuel.
Le raccord de boucle est une étape délicate qui doit être préparée dès la fin de l'assemblage quand on utilise la méthode dite (par ma pomme) de la "boucle servie". A cet instant, il convient de disposer chaque boucle de façon à ce que l'on ait un décalage de 2 à 3 mm entre chacune des extrémités du TF qui la compose ( 4 à 6 sur une endless pour arc trad) et ceci, justement, en vu de faciliter la transition lors de l'application du TF d'extrémité.
Cette configuration n'est toutefois envisageable que lorsque les TF de boucle ont été déposés avec méticulosité en respectant scrupuleusement les distances prescrites. Les négliger c'est se retrouver avec l'une des deux boucles dont le TF en viendra à se chevaucher sur sa base. Une imperfection qui ne retirera rien aux qualités intrinsèques de la corde mais qui compliquera considérablement la facture du raccord de boucle et le rendra inesthétique.
Revenons donc à nos moutons: lors de l'assemblage la transition du TF de boucle a bien été préparée en décalant le TF de boucle et le bobineur est au pied du raccord. C'est à ce moment que je coupe les extrémités du brin qui dépassent de chaque côté du TF de boucle. Certains, les fixent juste devant avec une demi-tête d'alouette après les avoir entourés 7 ou 8 fois autour de leur toron. Moi je ne le fais pas systématiquement (tout dépend du diamètre de TF) car le nœud qui en résulte crée une surépaisseur difficile à surmonter avec les TF en diamètre .014. Dans ce cas, je me contente donc de les couper sommairement car il n'y a pas le moindre risque de sécurité. Puis, tout doucement, en serrant très fort je termine manuellement mon TF en l'entourant autour du raccord. Ce faisant, je m'assure qu'aucun tour ne vient chevaucher le précédent. Arrivé suffisamment haut sur la boucle, je glisse le bobineur dans la boucle d'extraction autour de laquelle j'ai également entouré le TF et tire sur la base de cette dernière jusqu'à avoir extrait l'extrémité du TF. Je le coupe et en durcis l'extrémité à la flamme. Pour les classiques je procède différemment en créant une sur-épaisseur (c'est à dire un deuxième passage de TF) pour renforcer le raccord de boucle.
Savourez les, c'est du très lourd !
I) déterminer le nombre de brins.
La première question que l'on se pose avant de faire une corde renvoie à un savoir-faire théorique qui répond à la question combien faut-il de brins à ma corde ?
Cette notion ayant été parfaitement développée par Hector dans un sujet très complet, je lui laisse l'opportunité de le rapatrier par ici et n'en retiendrai que les aspects fondamentaux.
Sommairement, il faut retenir que chaque fibre dispose de son propre coefficient de résistance à la traction (énoncé en livre, expl 125# pour l'astroflight; 75# pour le 452x) et que chaque fibre dispose d'un diamètre de fibre qui lui est spécifique (exp: .014 pour l'astroflight contre presque deux fois moins pour le 452x).
Ces deux éléments sont importants car :
- Le diamètre final de la corde détermine celui du fil à utiliser pour les TF (central, d'extrémité ou de came)
- Le diamètre final de corde lorsqu'il est inadapté peut rapidement détériorer les gorges des poupées des arcs classiques ou entrainer des déraillements sur les compounds.
- Le nombre de brins et la composition de la fibre sont les éléments déterminants de la performance dans la mesure où ceux-ci influencent directement le rendement de l'arc ainsi que sa signature sonore.
En ce qui concerne le nombre de brins à utiliser, il serait toutefois illusoire de considérer que moins on en mettrait et plus l'arc deviendrait rapide ou qu'à contrario plus on en mettrait et plus l'arc deviendrait silencieux...c'est souvent vrai mais pas systématiquement, tant s'en faut. J'ai par exemple souvenir d'avoir dû virer d'urgence une corde de 18 brins en 8125 sur mon ACS en 75# pour repasser à la même en 12 brins afin de retrouver la neutralité et le silence antérieurs.
Il faut donc considérer le nombre de brins minimum à utiliser non pas comme un gage de performance mais surtout comme une obligation de sécurité. Quant à déterminer quelle est la fibre la mieux adaptée pour tel ou tel arc et le nombre optimal de brins qu'il conviendrait d'utiliser pour la puissance qu'il développe, seule l'expérimentation ou l'expérience acquise (souvent par les autres) permettent d'y répondre avec efficacité.
Toujours est-il que, pour un arc classique, l'obligation minimale de sécurité nécessite de disposer d'une corde dont la résistance cumulée par la totalité des brins est au moins égale à la puissance de ce même arc multipliée par 16 tandis que pour les compounds on appliquera plutôt un coefficient multiplicateur de 21.
Plus concrètement, pour un arc classique de 50#, il faut donc au minimum une corde qui cumule 800# de résistance ce qui se pourrait se traduire, par exemple, par au moins 6 brins d'astroflight (ou de 8125) et 12 de 452x. Pour le même arc à roulettes, il faudrait une corde dont la résistance cumulée culmine à 1050# ce qui nécessiterait au moins 8 brins d'astroflight/8125 ou 16 en 452x....mais en réel, pour des raisons de confort, de silence et de diamètre de corde on s'orientera au final plutôt vers une corde de 12 brins d'astroglight en classique et de 16 en compounds en ce qui concerne cet exemple bien précis ! il y a donc une marge conséquente entre les exigences de sécurité et ce qui se pratique assez universellement !
II) calculer la longueur de la corde à faire.
Ça c'est la deuxième question que l'on se pose avant de commencer une corde: quelle doit donc être sa longueur finale?
Pour faire simple on partira d'une longueur connue ou pré-déterminée. Pour parvenir à cet effet, il faut d'abord mesurer la longueur de la corde à dupliquer. Pour y satisfaire, il faut respecter le principe selon lequel une corde se mesure toujours à partir de l'extrémité extérieure de ses boucles et sous 100# de tension (norme AMO).
Une fois connue la longueur finale à atteindre, il faut cependant déterminer quelle est la longueur réelle de la corde avant que celle-ci ne soit torsadée. C'est cette longueur là que l'on retiendra comme longueur de travail dès lors qu'on l'aura assortie de son coefficient d'élongation.
En ce qui concerne la torsade, les string makers considèrent qu'il faut tendre vers un ratio tournant autour d'un tour par pouce (2.54cm) ou pouce et demi (3.8cm). Brownell préconise même de diminuer ce ratio qui peut descendre jusqu'à 1 tour tous les 2-3 pouces (valable surtout pour les cables). La longueur totale de la corde à faire doit donc prendre en compte la longueur qui est perdue par le fait des torsades qui sont appliquées à la corde.
En ce qui concerne le coefficient d'élongation des cordes, les choses sont un peu plus complexes dans la mesure où chaque fibre à son propre coefficient d'élongation. Il faut donc, avant de commencer, avoir une idée de ce que sera l'élongation naturelle de la fibre que l'on va utiliser. Les string makers utilisent des coefficients d'élongation (1,25%; 1,5%; 1,75%) qu'ils savent correspondre aux caractéristique des fibres qu'ils utilisent. Une fois ce coefficient déterminé, le facteur de corde va soumettre sa corde à une très forte tension de façon à ce qu'elle se stabilise définitivement après élongation.
Personnellement avec l'astroflight ou le 8125, sur une endless de deux couleurs différentes en 16 brins, j'ajoute 3mm tous les 25 cm de corde. Ainsi, si ma corde finie doit faire 150cm, je lui rajoute préalablement 18 mm que j'arrondis à 2 cm ce qui me fait au final et avant torsade, une corde d'un peu moins de 152 cm. Après l'avoir twisté sur environ 45 tours je la soumet alors à une tension de 200# (350# pour les compounds). Pendant son temps d'élongation, cette même corde va s'allonger jusqu'à atteindre 150.4 cm, longueur à laquelle elle va finir par se stabiliser. Une fois la tension redescendue à 100#, elle redescendra finalement à 150 cm ce qui correspond à la longueur que je recherchais. Si ce n'est pas le cas, je retranche ou ajoute les quelques tours nécessaires (cf rubrique twisting d'ajustage).
Sur une endless d'une seule couleur (donc un seul brin) de 16 brins, en général je retranche (donc là opération inverse) la longueur à atteindre de près d'1/2 centimètre...tout dépend en fait de la longueur finale à atteindre.
III) faire un tranchefil.
En ce qui concerne le procédé proprement dit je vous renvoie au tuto photo qui suivent.
En matière de TF, il y a un point qui perturbe tout particulièrement les débutants: c'est le sens de rotation du TF. Et pourtant le principe en est très simple: on enroule le TF autour de la corde toujours dans le même sens que celui que l'on a utilisé pour l'enrouler (twister/visser). Toutefois ce sens s'appréhende différemment selon que le bobineur progresse de la boucle vers le centre ou l'inverse. En ce qui me concerne, je fais toujours évoluer mon bobineur en direction de la boucle. Dans cette hypothèse, le meilleur moyen pour retrouver le sens d'enroulement de la corde consiste à la solliciter entre les doigts en la faisant entrer en rotation. On identifie alors instantanément quel est le sens qui contribue à renforcer l'enroulement (et à contrario celui qui conduit à dévisser (défaire) la corde). Il suffit alors de respecter ce sens d'enroulement avec le bobineur. Peu importe in fine comment évolue votre bobineur (en fuyant la boucle ou vers la boucle), l'un comme l'autre sont tout à fait envisageable et ne change rien au processus. Ce qui compte c'est le respect absolu et obligatoire du sens d'enroulement des torons (sinon la torsade du TF défait la torsade de la corde). Pour faire court, le tranchefil doit toujours resserrer les torons!
Pour les endless des arcs classiques il y a un autre paramètre que l'on peut prendre en compte. C'est la latéralité du tireur. Si celui-ci est droitier, durant l'armement, il effectuera, sur sa corde, une traction qui la sollicitera selon un mouvement allant de la gauche vers la droite. Or ce mouvement correspond lui-même à une rotation horaire (quand l'arc est vertical). Si donc le facteur est malin, il s'assurera que le sens de rotation du bobineur sur sa corde corresponde au sens de rotation qu'il a utilisé pour twister la corde lequel correspondra lui-même au sens de rotation appliqué sur la corde durant l'armement. L'objectif à atteindre étant que toute opération effectuée normalement sur la corde tende à resserrer le TF plutôt que l'inverse.
Le fait de faire évoluer le bobineur à contre sens (donc dans le sens anti horaire dans l'exemple que je cite) durant la pose d'un TF à un effet pervers immédiat: celui d'inverser le sens de rotation de la portion de corde recouverte par le TF. Sur un compound, si le tranche fil en cause est très long, cette erreur de facture peut se traduire par une très forte instabilité de la visette; l'augmentation de la longueur corde (par rapport à la longueur ciblée puisque la torsade sous le TF a tendance à être déroulée; or sur un compound on travaille à 3mm près); des séparations plus ou moins rapides du TF et, parfois, une baisse globale des performances. Sur une endless d'arc classique, vu la longueur des TF (en général une quinzaine de cm), l'impact est bien moindre. En cas d'erreur sur le sens de dépose, je considère que ça n'engage pas vraiment le gabarit et préfère même sacrifier ce principe sur le TF central, si la pose en sens inverse contribue à resserrer le TF au regard de la latéralité du tireur.
Autre question qui se pose rapidement: quelle est la tension que je dois appliquer à mon bobineur ?... la réponse est très simple: sur une fibre moderne (ce qui exclut le dacron!), la plus élevée possible tant que celle là ne fait pas entrer la corde en rotation durant l'évolution du bobineur. De ce fait, plus la corde sera tendue durant la dépose de TF et plus le bobineur pourra être maintenu serré. Attention , toutefois à ne pas trop serrer le bobineur. Celui-ci doit pouvoir effectuer au moins une rotation complète autour de la corde et revenir en position initiale sans qu'on ait à le forcer pour y parvenir. Si le TF est appliqué trop serré, il peut entrainer le cisaillement de la fibre et la détériorer irrémédiablement. S'il n'est pas assez serré, il flottera très rapidement sur la corde. Il y a un véritable savoir faire à développer dans l'usage du bobineur et il n'y a qu'en pratiquant assidument qu'on y parvient !
Pour les compounds, j'applique entre 300 et 400# de tension durant la pose des TF (300 pour les TF de cames, 400 pour le TF central). Pour les classiques, 200#. Et pour être certain que ma corde ne tourne pas durant l'application du TF (surtout le central), je mets des repères au marqueur tous les deux tours corde. Si les repères tournent de plus d'1/4 de tour durant la pose alors c'est que le bobineur est trop serré. Dans ce cas, il faut défaire la portion en cause et la recommencer.
Habituellement, les string makers travaillent en appliquant une tension proche des 5# sur leurs bobineurs. Usuellement et quand on a déposé quelques centaines de mètres de TF on arrive à identifier immédiatement si le bobineur est trop ou pas assez serré.
Puisqu'on y est parlons-en des bobineurs: se valent-ils tous ?...la réponse est non, trois fois non. Pour faire un simple TF central sur la flemish d'un LB, un bobineur de type bonhing pourra, éventuellement, se suffire à lui-même quoiqu'il puisse en couter en souffrances inutiles pour l'opérateur. Mais qu'on ne s'y trompe pas: la qualité du TF est directement liée à celle du bobineur utilisé. D'autant plus que certaines fibres de TF comme le 3D ou le 62(xs) sont beaucoup plus exigeantes que d'autres. Un bon bobineur c'est au minimum un bearpaw et plutôt (et de loin, il n'y a pas photo) un beiter heavy profi... tout le reste c'est de la mouise ou tout comme!
Autre question: que doit on faire quand on arrive en fin de bobine alors qu'on n'a pas encore fini son TF?...Réponse d'auvergnat: le terminer prématurément si la situation le permet ou dans le cas contraire, le recommencer !!!!!!! La prochaine fois, il faudra se montrer plus vigilant avant de l'entamer !
Allez, une autre dans la même veine: comment enlève-t-on un TF usagé? Comme on est sur ATO tout le monde à chez soi une single bevel, c'est donc l'occasion d'en faire quelque chose de vraiment utile.
Mettre la corde sous tension (le plus possible) et venir délicatement trancher le départ du TF en conservant la lame bien parallèle à la corde...si votre single bevel est rasoir ça déroule comme au cinéma et même avec un TF de 0.14 de diamètre...si ce n'est pas le cas ou si votre amorce de coupe se fait sous incidence angulaire, alors vous en profiterez, aussi, pour refaire votre corde ! En général quand on a manqué de concentration durant cette étape on apprend à ne plus jamais en manquer les fois suivantes!
Et enfin une petite dernière et pas des moindres: quel diamètre faut-il sélectionner pour les TF centraux, d'extrémité ou de boucle?.
Pour les compounds, avec la fibre que j'utilise (astroflight; 452x ou 8125) je fais mes TF de came et de boucle en diamètre .014 ou .018 et mes TF centraux en .018 (performance) ou en .021 (sécurité). Les compounds sont particulièrement sensibles aux apport excédentaires de poids sur la corde, il est donc très important de réduire au maximum le poids des TF notamment celui du TF central.
Sur les classiques, pour le TF central d'une corde composée de 12 brins (en diamètre .014) on a le choix entre les diamètres .021 et le .025. Là encore, plus le diamètre du TF est élevé et plus le TF pèsera lourd. A ce titre, un TF central de diamètre .025 pèsera une dizaine de grains de plus qu'un TF en .021. Autant donc ne pas charger la mule inutilement même si les conséquences sur la vitesse sont nettement moins sensibles que sur un compound. Sur les classiques, on essaiera plutôt que de jouer sur le diamètre du TF, de restreindre plutôt sa longueur en se limitant à une petite vingtaine de cm ce qui est largement suffisant pour le commun des mortels. Seuls quelques cas spécifiques (tireurs qui maitrisent mal leur arc) nécessitent des TF plus longs. Personnellement, pour les TF centraux de classique, j'utilise plutôt un diamètre .021 que j'enroule sur le brin d'extrémité (amorce): ça permet d'élargir le diamètre final pour une meilleure adhérence de l'encoche. Si on estime alors que l'encoche n'est pas assez pincée (ce qui peut être le cas), il suffit alors de rajouter une légère sur-épaisseur en fil dentaire (collée avec une goute de loctite) au niveau du point d'encochage.
Bien évidemment, le fait de connaitre la nature de l'encoche utilisée permet de sélectionner le TF le plus adapté. Mais attention, il serait aberrant d'utiliser du diamètre .030 sur une corde de 6 brins sous prétexte que celui-ci permet à l'encoche de ne pas flotter. On perdrait, d'un côté, le gain obtenu par ailleurs ce qui serait complètement absurde. D'où le recours au fil dentaire ou tout autre subterfuge permettant de créer une sur épaisseur.
Pour le TF de boucle, sur les classiques, on peut éventuellement utiliser directement du TF en diamètre .030. En élargissant substantiellement de la sorte le diamètre de la boucle, cela peut éviter d'avoir à rajouter les obligatoires brins libres sous la boucle qui permettent d'éviter un éventuel cisaillement des gorges des poupées. J'utilise moi un TF de diamètre 021 et ajoute quelques brins libres dessous. Quant au TF d'extrémité, en général je reste en .017 ou .021 ce qui permet de maintenir une certaine sveltesse à la corde.
IV) le burnishing (polissage à chaud)
Le burnishing est une technique qui permet de transformer en toron (lisse et arrondi) ce qui à l'origine ne serait qu'une vulgaire accumulation de brins .
Regardez votre corde endless: bien souvent elle n'est que l'agglomération d'un certains nombres de brins accolés les uns aux autres dans un ordre plus ou moins disparate. Pire, parfois on peut même retrouver, mélangés ensembles, des brins de chacune des deux couleurs qui ont servi à la composer.
Le burnishing est donc la technique qui permet de remédier à ce problème tout en assurant l'amalgame harmonieux de tous les brins d'une même couleur. C'est une étape extrêmement importante dont la vocation dépasse très largement le simple intérêt cosmétique car elle favorise:
- L'uniformité de la répartition de la tension entre les brins durant le stretching.
- L'uniformité de l'enroulement du TF sur la corde (déterminante pour sa durabilité).
Le burnishing débute sitôt que la corde est assemblée et ce avant même de commencer les opérations de twisting (enroulement) qui précèdent le stretching (étirement).
Le processus est assez simple. Il suffit de récupérer une chute de cuir ou de la fibre utilisée durant la confection et de l'enrouler trois ou quatre fois autour de chacun des deux torons à polir. On met alors les torons sous 100# de tension (dans mon tuto cette phase sera illustrée en photo) et avec la chute enroulée, on lustre chaque toron (un toron se compose de deux segments de la même couleur qu'il faut réunir à l'occasion du burnishing) de façon individuelle en faisant de grands va et vient sur toute la longueur. Ce faisant, il faut serrer la chute assez fort de façon à en renforcer le pouvoir polissant (en respectant bien évidemment la correspondance des couleurs entre la chute et le toron à polir!). Sous l'effet du frottement et de la chaleur qui s'en dégage, les torons se forment et les brins s'amalgament, si bien qu'au bout de 3 ou 4 passages on peut désormais parler de toron et non plus de segment de corde.
Selon les fibres utilisées le burnishing est plus ou moins rapide: avec l'astroflight, il s'obtient en 3 ou 4 passes car la fibre chauffe très vite; avec le 8125, il faut au moins une vingtaine de passes.
Une fois que chaque couleur est réunie pour former son propre toron, on procède alors au twisting (enroulement) de la corde. Après les 10 premiers tours, il faut s'assurer du bon amalgame de la totalité des brins d'une même couleur (étape facultative quand on utilise des séparateurs)...on fait donc de nouveau circuler sa chute entre les deux torons. Désormais le rythme est beaucoup plus lent car la chute utilisée suit la torsade ce qui ralentit considérablement le processus.
Une fois que c'est fait on termine alors le twisting intégral de la corde et on la met au stretching (élongation).
Dès lors que la corde a atteint son élongation maximale (minimum d'une demi heure à 300# pour les compounds; 2h00 en ce qui me concerne) et qu'on l'a portée (en l'enroulant) à sa longueur finale, alors de nouveau on recommence le burnishing en insistant tout particulièrement sur les zones qui vont êtres servies (néologisme venant du mot serving: "deposer un TF").
Mais attention, désormais les deux torons (souvent de couleurs différentes) vont être polis en même temps ce qui peut provoquer des altérations de couleurs (bref, des coulures ou des bavures). Il faut donc utiliser une chute de la couleur la plus neutre possible de façon à ne pas faire déteindre les deux torons l'un sur l'autre. Ainsi, si ma corde est rouge et noire, alors je la polirai avec une chute rouge...si ma corde est jaune et marron, alors je la polirai avec une chute jaune et ainsi de suite...certaines couleurs (dont le vert et le rouge) bavent beaucoup plus que d'autres (le noir en l'occurrence) et parfois cela détermine catégoriquement la nature des couleurs à assembler.
En ce qui concerne le burnishing proprement dit, certains string makers utilisent des chutes de vêtement en coton, d'autres de la cordelette en nylon, d'autre des cartes de visite en carton...bref chacun se débrouille comme il peut...moi je me sert de mes chutes d'astroflight qui fonctionnent au-delà de toute espérance!
V) les différentes étapes de fabrication d'une endless:
le principe:
Les cordes sans fin sont généralement composées de deux torons enroulés l'un sur l'autre. Plus rarement et pour d'uniques raisons esthétiques, elles peuvent être parfois composées de 3 torons. Ces deux torons sont soit de deux couleurs différentes (et dans ce cas là on utilise deux brins différents), soit d'une seule couleur (et dans ce cas on n'utilise qu'un seul brin). Sur une endless d'une seule couleur, les deux torons sont confectionnés à partir d'un brin unique qui l'on enroule autour d'un gabarit (métier) sous la forme d'un empilement de boucles géantes mesurant la taille de la corde. Sur une endless de deux couleurs, les deux torons sont formés après la réunification en un seul et même toron de chacune des deux couleurs une fois l'assemblage achevé. Au final, que l'on utilise une ou deux couleurs, la endless est toujours formée d'au moins deux torons.
Prenons désormais pour exemple, la composition d'une endless d'une seule couleur: imaginons pour ce faire une première boucle mesurant 1,5m de long et dont chacune des extrémités vient prendre appui sur deux plots distants d'1,5m. Avec le brin qui a servi à faire cette première boucle, le facteur va, dans la continuité de la précédente, rajouter (par exemple) 5 nouvelles boucles qui vont venir se superposer les unes aux autres. Au final, il se retrouve alors avec 6 boucles (soit 12 brins dans cet exemple) qui s'étendent sur une longueur d'1,5m réparties de part et d'autre des plots autour desquels elles ont été enroulées.
Pour finaliser la corde, il lui suffit alors de ligaturer, à l'aide d'un tranchefil, l'extrémité des deux segments qui jusqu'alors formaient les côtés des boucles. En les ligaturant au-devant (en aval) des plots, il se retrouve alors avec une corde formée de deux torons composés chacun de 6 brins (soit 12 brins au total) et qui se termine par une boucle (en amont des plots) à chacune de ses extrémité.
Voilà... c'est le principe de la corde sans fin: plusieurs boucles, empilées les unes sur les autres, faites du même brin, ligaturées ensembles à leurs extrémités pour donner naissance à deux torons qui, eux-mêmes, seront torsadés l'un sur l'autre pour former la corde.
Si l'on veut que la corde soit formée de deux torons de couleurs différentes, alors on empile, sur le premier, un deuxième brin de couleur différente tout en suivant le principe des boucles sans fin empilées les unes sur les autres. Une fois que c'est fait, on enserre alors, au-devant (en aval) des plots, chacun des deux brins que l'on rassemble dans une même ligature...la corde est alors presque faite, il ne reste plus qu'à l'enrouler (après avoir réuni en un seul et unique toron l'ensemble des brins de même couleur) et à l'étirer!
Quant aux extrémités des brins utilisés on peut se demander à juste titre ce qu'il en advient. Selon la méthode utilisée, elles peuvent soit:
- être directement utilisées pour gainer la portion qui composera la boucle
- être coupées au ras du tranchefil de boucle. Dans ce cas, c'est le TF de boucle qui en assurera le maintien.
L'assemblage:
L'assemblage c'est cette étape qui consiste à enrouler les boucles autour des plots du métier (jig en anglais).
Pour faire une corde endless on peut utiliser, 2, 3 ou 4 plots de fixation. Personnellement j'en utilise 4 ce qui rend l'opération beaucoup plus commode mais inadaptée à la méthode dite des tags end (gainage par les extrémités).
Pour écarter les plots à la longueur de la corde, on les aligne d'abord dans le sens de la longueur sur la poutre de maintien puis on espace les deux plus éloignés jusqu'à ce qu'ils aient atteint la longueur souhaitée.
Une fois que les plots sont écartés à la bonne distance, on les pivote perpendiculairement à la poutre de façon à ce qu'ils forment chacun la base d'un immense rectangle.
Pour mieux comprendre le cheminement logique, je vais désormais donner un numéro à chaque plot de fixation.
En imaginant que la poutre est face à moi (ce qui sera le cas sur les photos), les deux plots sur ma gauche auront les numéros 1 et 2 et les deux plots sur la droite les numéro 3 et 4. les plots 1 et 4 sont situés du côté de la poutre qui m'est le plus proche et les plots 2 et 3 de l'autre côté de la poutre.
L'assemblage peut désormais commencer. Ici je vais détailler l'assemblage d'une endless formée de deux brins de couleur différente. Pour ce faire :
- Après avoir fixé, à l'aide d'un sandow, le brin numéro 1 au pieds du plot 1, on fait tourner celui-ci autour des 4 plots (dans le sens horaire en ce qui me concerne) en allant en 2 puis en 3 puis en 4 puis en 1 puis en 2 puis en 3 puis en 4 et ainsi de suite jusqu'à obtenir le nombre de brins recherchés (disons 6 pour cet exemple, soit 3 boucles). Une fois ce résultat obtenu on fixe l'extrémité du brin à un autre sandow au pieds du plot 2.
- on recommence alors de la même façon avec le deuxième brin (d'une autre couleur) mais en débutant désormais par le plot 3 et en terminant par le 4.
- Une fois déposé ce qui composera l'assemblage des deux torons, à l'aide d'une sangle à cliquet, on ajoute plusieurs crans de tension à l'un des côté du métier de façon à porter à au moins 100# la tension qui pèse sur les boucles.
les points clefs de l'assemblage:
- la tension du brin pendant la pose: il est crucial de dérouler le brin autour des plots en conservant une tension uniforme sur la bobine. Le brin déposé doit être déposé tendu serré mais sans exagération excessive.
- l'égale tension entre les différents brins: il est crucial de dérouler le deuxième brin en appliquant la même tension sur la bobine que celle que l'on a appliquée à la première. S'il y a une différence de tension entre les brins qui formeront les deux torons, les torons flotteront l'un sur l'autre et sur un compound la visette ne pourra plus jamais se stabiliser.
- comment enrouler le brin autours des plots: le brin se dépose non pas en chevauchement boucle sur boucle mais en empilement de bas en haut boucle contre boucle. En aucun cas les boucles ne doivent se superposer les unes sur les autres mais au contraire, elles doivent être déposées cote à cote, les unes à côté des autres, en progressant en superposition en allant du bas vers le haut. L'idée difficile à exprimer deviendra limpide en photo.
Compte tenu de ces impératifs c'est là qu'intervient le savoir-faire du facteur, qui:
- parfois devra nettoyer l'intégralité de ses brins pour enlever l'excédent de cire qui ne lui permet pas d'assurer la même uniformité de tension entre deux brins durant leur pose.
- utiliser des sandows: les sandows ont pour but de permettre aux brins d'accéder à une tension uniforme dès lors que l'on a appliqué 100# de tension à l'une des extrémités du métier: sous la pression de la sangle, le métier s'écarte et la tension rajoutée se répartit entre les fils et les boucles de façon équilibrée (pour peu qu'on leur en laisse le temps soit une vingtaine de minutes).
Au bout de 20 minutes de tension l'assemblage est terminé, on passe alors à la confection des boucles.
- la confection des boucles (méthode des tag ends (gainage par les extrémités) / méthode de la boucle servie)
Il existe deux méthodes différentes pour faire les boucles.
La méthode des tag ends (gainage par les extrémité):
Le principe consiste à enrouler, très serrées, les deux extrémités du brin (qui a été utilisé pour composer le toron) autour de la partie qui va former la boucle.
Pour ce faire, il faut préalablement n'avoir entouré ses boucles qu'autour de deux plots de fixation (et non pas 4) et avoir commencé et fini ses boucles au niveau du même plot.
A ce stade, sans pour autant relâcher la tension qui pèse sur le métier (tendu non pas à 100# mais à 80-70#), on détache alors les brins fixés aux sandows et on les enroule par un dessus dessous rapide autour de la portion comprimée derrière le plot. Une fois obtenue la longueur de gainage souhaitée, on bloque chaque brin sur sa partie de toron au moyen d'une demi tête d'alouette. Plusieurs méthode sont, d'ailleurs, utilisées à ce niveau là: certains ne font pas de demi tête d'alouette mais entourent les brins 5 ou 6 fois autour de la corde avant de les glisser dans la corde; d'autres les coupent au ras de la boucle et les collent à cet endroit avec une goute de loctite; d'autres enfin font le 1/2 tête d'alouette et entourent les brins autour de la corde...chaque méthode marche de la même façon.
Cette méthode à ses forces et faiblesses:
- au titre des forces, elle tient mieux la traction que celle dite de la boucle servie (par rapport à celle là, en effet, il faudrait déployer 200# de traction supplémentaire pour provoquer l'arrachement des extrémités... mais qu'on se rassure un tel traitement nécessite un niveau de traction qui dépasse très largement les contraintes portant sur une corde d'arc).
- elle est beaucoup plus rapide à mettre en œuvre, car elle nécessite: deux plots au lieu de 4 (donc un métier moins cher) et permet d'économiser deux TF ...éléments qui pour un string maker représentent une économie substantielle de temps (donc d'argent) et de matière première (donc d'argent aussi)...bref c'est la solution la plus économique!
- elle facilite, enfin, le raccord entre le TF d'extrémité et la boucle en le rendant beaucoup plus court (ce qui pour certain type de came est une nécessité) et plus facile à effectuer.
Tout ceci explique pourquoi on a vu cette méthode se démocratiser de plus en plus pour la trouver maintenant sur l'immense majorité des cordes de compound!
- au titre des faiblesse: elle offre une protection bien moindre à l'abrasion/friction et cède très rapidement en cas d'abrasion anormale sur le pivot de contact...elle n'est donc pas adaptée aux endless pour arcs classiques.
La méthode de la boucle servie:
Le principe consiste à entourer d'un TF toute la portion correspondant à la boucle. Ce faisant, les extrémités des brins (qui ont servi à composer les torons) se retrouvent enserrées dans le TF de boucle ce qui a pour effet de les coincer dans la boucle et d'empêcher que la corde ne se défasse.
Pour y procéder c'est très simple. Dans la configuration décrite antérieurement (boucles entourées autour de 4 plots), on gaine d'un TF (de la longueur voulue), la portion de corde (l'opération s'effectue sur les deux torons accolés que l'on enserre tous les deux dans le même TF) adéquate comprise entre les plots 1 et 2, puis 3 et 4.
Pour garantir l'équidistance entre les boucles (détail fondamental!), la longueur de chacun des deux TF doit être d'une précision millimétrique: d'une part en ce qui concerne la longueur proprement dite pour la portion servie, d'autre part en ce qui concerne la distance séparant les plots du commencement et de la fin de chaque TF.
Il est à noter que cette méthode peut se mettre en œuvre à partir d'un métier qui ne dispose que de 3 plots (expl le célèbre little jhon) lesquels, en l'occurrence, formeront un triangle et non plus un rectangle. L'essentiel étant d'avoir la partie à servir toujours comprise entre les deux plots qui forment la base du triangle (1 et 2).
En ce qui concerne l'application proprement dite des TF il n'y a pas, pour ceux-là, de sens particulier à privilégier (en ce qui me concerne, je travaille toutefois toujours dans le sens horaire qui est mon sens de twisting). En revanche, il est impératif que les TF soient déposés sans entrainer la rotation des torons. Comme le métier n'est tendu qu'à une centaine de livres, cela nécessite d'utiliser le bobineur assez peu serré.
- le burnishing: déjà vu.
- le twisting:
Une fois que chaque toron a été soigneusement poli commence alors le twisting (action qui consiste à enrouler la corde).
Idéalement le twisting s'effectue en commençant à 100# de tension initiale ce qui permet de répartir uniformément le taux de rotation sur l'ensemble de la longueur de la corde (dans le cas contraire, on se retrouve avec des torons un peu moins resserrés à l'une des deux extrémités (ce qui n'est pas bien grave en soi)). Préalablement, il faut donc séparer les torons en insérant un séparateur au niveau du raccord de boucle (les ricains appelle ça un "separator"; on peut utiliser une chute de fut en bois taillée en forme de diabolo) et les maintenir en place durant toute la phase de twisting.
A noter qu'un twisting sérieux nécessite de disposer d'un twister très solide car la tension augmente à chaque tour supplémentaire et devient très importante en fin de processus (selon sa longueur la corde peut se raccourcir de 3 à 4 centimètres, on imagine la pression qui en résulte!).
Trois notions sont à maitriser:
- le sens de rotation: qui sera forcement celui d'application du TF.
- le nombre de tour à mettre: pour mémoire on se souvient comment on a initialement calculé la longueur de la corde de façon à ce qu'elle tienne compte de la longueur consommée par le twisting et de celle restituée par le stretching. On se souvient également que le ratio idéal est au maximum d'un tour par pouce (2.54cm) ou, au minimum, par pouce et demi (3.8cm). Si donc ma corde fait 56", je vais commencer par lui mettre une bonne quarantaine de tours. S'il faut en rajouter ou en enlever on verra ça à l'issue du stretching et durant le twisting d'ajustage.
- l'utilisation de séparateurs: en maintenant les torons séparés au pieds de la boucle durant tout le twisting, la pression se répartit uniformément sur chacun d'entre eux ce qui garantit un tour de rotation uniforme jusqu'aux extrémités.
Le twisting proprement dit n'est pas compliqué. En ce qui me concerne je twiste toujours dans le sens horaire. Une fois que j'ai mis les 10 premiers tours, j'insère quelques chutes de brin dans la torsade et je les fais remonter plusieurs fois jusqu'aux boucles. Cette opération a pour résultat de rapatrier les brins isolés dans le toron de la couleur à laquelle ils appartiennent. Elle contribue également au polissage du toron. C'est une opération assez lente à réaliser donc inutile de mettre le feu au lac. En l'absence de séparateurs, sous la pression exercée par la chute, les torons vont se boudiner aux extrémités. C'est normal. Dans ce cas, il faut soit continuer en poussant très fort soit relâcher la tension puis pousser le brin jusqu'à la boucle ce qui permet de résorber le phénomène. Une fois que c'est fait, on peut remettre 100# de tension sur la corde et en achever le twisting.
Autre solution: utiliser des séparateurs glissés au ras de la boucle. On les conserve pendant les 15/20 premiers tours et on les enlève pour les autres. L'emploi de séparateurs évitent la migration des brins d'une couleur dans le toron de couleur opposée. Il fait également partir le twisting du milieu de la corde et non pas de ses extrémités comme dans la méthode précédente.
- le stretching: élongation de la fibre/étirement de la corde
Elongation de la fibre: chaque fibre dispose de sa propre élasticité naturelle. Les fibres modernes utilisées pour l'archerie sont réputées en être dépourvues (à l'exception du dacron). Mais dans la pratique on s'aperçoit que ce n'est pas vraiment le cas. Le but du jeu consiste donc à soumettre la fibre à un niveau de tension suffisant pour qu'elle puisse parvenir définitivement à son seuil d'extension maximal. Le stretching a donc pour objet de créer artificiellement les conditions d'élongation maximale de la fibre.
Étirement de la corde: une corde d'arc atteint son plus haut rendement lorsque la pression est uniformément répartie entre chaque brin et chaque toron. En soumettant la corde à une très forte tension on accélère ce processus de façon à ce qu'il soit pleinement opérationnel dès la monte sur l'arc. A ce titre, je soumets de nouveau ma corde à la tension une fois que j'ai achevé le twisting d'ajustage.
La question qui se pose est bien évidemment de savoir à quelle tension soumettre sa corde pour parvenir à ces effets. Le débat est encore houleux parmi les string makers. En effet, certains hobbyistes prétendent que l'élongation et l'étirement doivent se faire de façon naturelle. On va donc s'abstenir de toute polémique pour se concentrer sur ce qui marche. D'une façon générale on sait que les cordes de compounds (dont la résistance cumulée est aux alentours de 2000#) se stabilisent à 300# de tension. En ce qui concerne les cordes de classique je n'ai pas assez de recul personnel pour être péremptoire et comme la plupart des hobbyistes ne pratique pas l'élongation artificielle je ne peux m'en référer qu'à ma propre expérience. Je fais des cordes de 12 brins soit en 8125 soit astroflight ce qui porte leur résistance à 1500. Compte tenu de leur résistance je les étire (200#) et pose les TF à 200# de tension.
Et pendant combien de temps? très bonne question...30 minutes sont suffisantes pour un étirement quasi stabilisé. Ceux qui n'aiment vraiment pas les mouches (et j'en fais partie) attendent deux heures.
A noter que Brownell et BCY répondent sans problème à ce genre de question: il suffit de leur envoyer un courriel et ils indiquent volontiers le temps et la tension à appliquer sur telle ou telle corde.
- le twisting d'ajustage:
objectif: atteindre au mm près la longueur de corde souhaitée.
Pour les cordes de compound il s'agit là d'une opération fondamentale. Pour les cordes de classique, il faudrait vraiment, vraiment détester les mouches pour s'y livrer mais ça tombe bien, je les exècre.
Reste que si on s'est planté sur sa longueur théorique de la corde, il n'y a pas d'autre alternative que d'en passer par là quitte à devoir augmenter un peu le ratio de twisting (ce qui n'a aucune espèce de gravité tant que l'on reste dans des limites acceptables). Le twisting d'ajustage se fait bien évidemment avant la pose des tranche fils.
Avant de procéder au twisting d'ajustage, il faut laisser reposer la corde. En effet, celle-ci sort du streching et il lui faut donc une bonne heure pour revenir à sa taille minimale. Une fois que c'est fait on la porte de nouveau à 100# de tension et on la mesure. La marge de manœuvre est d'environ 1 cm (tout dépend de la taille de la corde car sur un cable c'est souvent deux fois moins) que l'on peut soit ajouter (en la dévissant) soit retrancher (en la vissant). Au delà c'est pas gagné et ça dépend essentiellement de la longueur totale de la corde. Bien évidemment toute modification en profondeur de la longueur modifie en conséquence le ratio de twisting.
Dès lors que la corde est à sa longueur définitive, on la soumet une dernière fois à la tension maximale pendant une dizaine de minutes le temps que tout se stabilise définitivement. Puis on la remet à 100# pour une dernière mesure. Et si c'est pas bon...on recommence!
Cette dernière étape qui n'est pas crucial sur un classique l'est sur un compound. Une synchro se joue au mm près. Quand les données constructeurs sont bonnes (et c'est pas gagné d'avance!) et si le facteur de corde est bon, alors l'utilisateur tombera instantanément dessus rien qu'en remontant ses synthétiques...et là c'est le début du bonheur!
- le serving des zones à protéger:
Selon l'arc les zones à protéger par un tranche fil peuvent être nombreuses: roller guard, string stop, cames, autant "d'accessoires" qui nécessitent une protection particulière des synthétiques...mais pour l'ensemble des cordes, il faut au moins un TF central et deux TF d'extrémité.
Avant d'appliquer un TF , il faut en connaitre la localisation très précise: savoir où il commence, où il se termine et sur quelle longueur il s'étend. Une fois que l'on dispose de ces éléments, on peut alors passer à l'application en respectant les points clefs que j'ai déjà développés (sens de progression; tension du bobineur) précédemment.
Il reste toutefois un élément qui mérite un savoir faire particulier: comment faire le raccord de boucle? Le raccord de boucle (appellation strictement personnelle) c'est la jonction boucle/corde, une portion qui se trouve au pieds de la boucle et à partir de laquelle commence le tranche fil d'extrémité (de la corde).
Comme tout raccord c'est une partie sensible:
- sur les compounds, parce que s'il est trop long, il mordra dans la gorge de came,
- sur les classiques, parce que s'il est trop fragile il cèdera lors des manipulations liées aux opérations de bandaison.
Quand on fait un TF d'extrémité on peut procéder de deux façons: soit en partant de la boucle pour s'en éloigner soit en partant du centre (de la corde) pour s'en rapprocher (de la boucle). C'est personnellement la technique que j'utilise. Mais quelle que puisse être la technique retenue (chacune à ses propres avantages), le travail au niveau du raccord de boucle se fait toujours à la main. Pourquoi? tout simplement parce que le bobineur ne passe plus. Dès lors que le bobineur est stoppé dans sa progression et commence à travailler en surépaisseur, il convient donc de cesser de l'utiliser pour continuer en mode manuel.
Le raccord de boucle est une étape délicate qui doit être préparée dès la fin de l'assemblage quand on utilise la méthode dite (par ma pomme) de la "boucle servie". A cet instant, il convient de disposer chaque boucle de façon à ce que l'on ait un décalage de 2 à 3 mm entre chacune des extrémités du TF qui la compose ( 4 à 6 sur une endless pour arc trad) et ceci, justement, en vu de faciliter la transition lors de l'application du TF d'extrémité.
Cette configuration n'est toutefois envisageable que lorsque les TF de boucle ont été déposés avec méticulosité en respectant scrupuleusement les distances prescrites. Les négliger c'est se retrouver avec l'une des deux boucles dont le TF en viendra à se chevaucher sur sa base. Une imperfection qui ne retirera rien aux qualités intrinsèques de la corde mais qui compliquera considérablement la facture du raccord de boucle et le rendra inesthétique.
Revenons donc à nos moutons: lors de l'assemblage la transition du TF de boucle a bien été préparée en décalant le TF de boucle et le bobineur est au pied du raccord. C'est à ce moment que je coupe les extrémités du brin qui dépassent de chaque côté du TF de boucle. Certains, les fixent juste devant avec une demi-tête d'alouette après les avoir entourés 7 ou 8 fois autour de leur toron. Moi je ne le fais pas systématiquement (tout dépend du diamètre de TF) car le nœud qui en résulte crée une surépaisseur difficile à surmonter avec les TF en diamètre .014. Dans ce cas, je me contente donc de les couper sommairement car il n'y a pas le moindre risque de sécurité. Puis, tout doucement, en serrant très fort je termine manuellement mon TF en l'entourant autour du raccord. Ce faisant, je m'assure qu'aucun tour ne vient chevaucher le précédent. Arrivé suffisamment haut sur la boucle, je glisse le bobineur dans la boucle d'extraction autour de laquelle j'ai également entouré le TF et tire sur la base de cette dernière jusqu'à avoir extrait l'extrémité du TF. Je le coupe et en durcis l'extrémité à la flamme. Pour les classiques je procède différemment en créant une sur-épaisseur (c'est à dire un deuxième passage de TF) pour renforcer le raccord de boucle.
Dernière édition par foudarme le Janvier 6th 2011, 13:50, édité 54 fois
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