Une chasse en Guyane...

Salut à tous !

Cela fait maintenant 10 mois que j'habite en Guyane. Je n'ai pas donné de nouvelles car je n'ai pas vraiment eu le temps d'aller à la chasse, mais j'ai enfin un petit récit à partager...

<!-- @page { margin: 2cm } P { margin-bottom: 0.21cm } -->
Tout commence le mardi 6 mai lorsque je reçois un coup de téléphone d'un numéro inconnu... C'est Xavier qui souhaite monter une asso des chasseurs à l'arc de Guyane. Il a eu mon numéro par un gars de l'ONCFS qui sait que je chasse à l'arc !? Après quelques mots de présentation, il me propose de me rendre chez lui dimanche à Kourou, en fin d'après-midi, afin de lâcher des flèches en compagnie d'autres archers. Je suis ravi, les moments de partage entre archers commençaient à me manquer sérieusement .
Je me rends donc, comme convenu, à Kourou et fait la connaissance de la poignée d'archers guyanais. On passe un bon moment, je lâche des volées de flèches exceptionnelles, on mange et une nouvelle proposition de Xavier tombe :
-« Ça te dit de venir chasser sur 3 jours au week-end de l'ascension ? 
- Evidemment que ça me dit, mais faut que j'en parle à ma compagne ! Je te dis ça dès que possible.

Ma compagne n'est pas contre, mais le problème est que je n'ai pas de voiture pour me rendre à Kourou le jeudi 29 mai au matin puisque je lui laisse la voiture. Du coup, je rappelle Xavier pour lui dire que ça sera compliqué pour moi... Et surprise, il me propose de passer me prendre à Matoury (2h aller retour depuis Kourou) ! Le rendez-vous est fixé à 6h du matin.

Jeudi matin, Xavier est ponctuel, nous retournons sur Kourou pour tout charger dans le 4x4 et la pirogue. Le secteur de chasse est à 1h de voiture depuis Kourou, puis 5 heures de pirogue en amont d'Iracoubo ! Nous partons finalement de Kourou à 8h. Nous sommes trois : Xavier, Daniel et moi. L'objectif est de ne chasser qu'à l'arc...


Arrivée à 9h au dégrad (débarcadère guyanais), nous mettons la pirogue à l'eau et la chargeons de tout le matos nécessaire pour 3 jours de chasse au fin fond de la forêt guyanaise ! Trois glacières pleines de glace, les bâches, les hamacs, un peu de nourriture, les arcs et surtout les GPS...


Départ en pirogue à 10 heure. Le courant est fort, mais les deux premières heures de navigations sont aisées et nous avançons à bon rythme. Nous tombons sur le premier chablis (arbre(s) tombé(s)) : merde nous avons oublié la tronço ! Heureusement nous avons un bon sabre (machette) qui nous permet de couper ce premier bois d'une vingtaine de centimètres de diamètre. Puis un deuxième, un troisième d'une trentaine de cm, et entre temps nous devons forcer plusieurs passages dans la végétation. Là, c'est bon, on peut se dire que personne n'est venu chasser sur ce secteur depuis un moment ! Enfin, après plus de 5h de navigation nous arrivons au lieu où nous installerons le camp. C'est une presqu'île de sable dans un méandre de la rivière : le lieu est magnifique ! Il est un peu plus de 15h. Nous cassons la croûte, vidons la pirogue et installons notre carbet-bâche (bâche entre deux arbres et hamac en dessous). Daniel et Xavier font ensuite une petite sieste pendant que tente, sans réussite, de flécher des poissons qui passent un peu trop profond. Puis la nuit commence à tomber.

Après un repas frugal, nous nous préparons pour une première sortie nocturne : objectif caïman rouge pour le repas de demain soir. Je suis équipé de mon arc (poignée hoyt buffalo et branches uukha nature de 57# équipé d'un moulinet retriever et d'une flèche de pêche). Nous remontons la rivière et nous sommes rapidement bloquer par un très gros arbre en travers. Demi-tour donc pour chasser l'aval du camp. Un premier caïman de taille moyenne se défile, puis une centaine de mètre après Daniel m'indique, au dernier moment, un caïman sur un tronc qui sort de l'eau. La pirogue file vite, j'arme rapidement et lâche la flèche qui lui traverse la mâchoire inférieure. Il plonge. Je le remonte assez facilement à l'aide de la cordelette et le hisse dans l'embarcation. Je l'achève en lui plantant mon poignard dans la nuque. C'est mon premier caïman ! Il n'est pas gros, environ trois kilos, mais je suis ravi. Xavier me dit que se sera parfait pour notre repas du lendemain ! Nous ne verrons pas grand chose par la suite et rentrons au camp sous des trombes d'eau qui ne cesserons presque pas durant les trois jours. Je suis réellement content : le caïman à l'arc était une de mes envies de chasse en Guyane !
Vendredi matin, nous mettons du temps à sortir de nos hamacs, il pleut fort... Avec Xavier, nous nous motivons vers 11h pour aller faire un tour... Nous profitons d'une accalmie pour descendre la rivière sur 300 mètres. Nous attachons la pirogue à un arbre et rentrons dans le bois : arc et accessoires OK, GPS OK, boussole OK, camel-back OK, paquet de gateau OK, tout est OK. Il est 11h45, rendez-vous à la pirogue à 17h.


Il faut savoir que nous sommes à 50 bornes du premier bled et qu'il n'y a rien autour de nous : pas de route, pas de piste, rien, juste de la forêt amazonienne primaire...


Xavier m'explique plus ou moins son itinéraire et file. Je prends une autre direction. Je parcours 200 mètres le plus silencieusement possible, trouve une zone de sous-bois clair. Je m'assoie sur un tronc pour affûter. Je reste sans bouger pendant 20 minutes puis reprends la marche. Je m'arrête pour regarder mon GPS : 250 mètres de la pirogue, tout va bien. Je relève la tête et là, groink ! Quatre ou cinq pakiras (nom local du pécari à collier) à 30 mètres de moi dont un qui me fixe. Je suis à mauvais vent. Je me positionne le plus plus lentement possible, mais ils décampent aussi sec : merde ! J'ai peut-être manqué mon coup ! Je reprends la marche et parcours une centaine de mètres pour à nouveau tomber sur une petite troupe de six ou sept pakiras et là, même histoire : merde et remerde, mais ça à l'air de grouiller dans le secteur. J'analyse un peu mieux le vent qui n'est pas bien franc... Je tombe ensuite sur une petite crique (ruisseau forestier) et m'installe au pied d'un arbre avec une vue plutôt dégagée. Au bout d'une demie-heure, rien.
Il y a un petit relief dans mon dos, je m'y dirige car le premier groupe de pakiras a pris cette direction. Je me retrouve très rapidement bloqué par la végétation et dois faire demi tour. Je retrouve le lieu de mon précédent affût et là, à cinquante mètre, j’aperçois le cul d'un pakira au bord de la crique ! Je sors ma poire pour analyser le vent : c'est parfait ! Je rentre dans la crique car ainsi je ferai beaucoup moins de bruit. Je parcours très lentement une cinquantaine de mètres, mais pas de pakira en vue : remerde ? Je sors de la crique, fais 10 mètres et ils sont là, à environ 30 mètres. J'approche très lentement, fais 10 mètres et là, toujours à bon vent, il y en a un qui me fixe ! Puré, ils sont plus affûté que les sangliers de chez nous ! Il se remet à manger. Je suis maintenant à 20 mètres et ne me sens pas de m'approcher plus. Flèche encochée, j'attends qu'il y en ait un qui se présente bien. J'arme, lâche la flèche. Elle lui passe au raz du dos : merde. Petite panique dans le groupe, ils sont bien une quinzaine, voire plus. Le calme revient. J'encoche une flèche, il y en a un qui est plein profil toujours à 20 mètres. J'arme, respire, la flèche part, le bruit typique de la cage thoracique traversée et un groink se font entendre. Là, il l'a bien prise. La troupe file sans trop savoir se qu'il se passe. J'encoche ma troisième et dernière flèche, mais me ravise aussi sec. Une bête suffira largement. J'attends 5 minutes et me rends à l'anschuss. La flèche qui a traversé est pleine de sang et il y en a également beaucoup au sol, mais il pleut et la recherche s'annonce difficile. Je parcours une vingtaine de mètres sur la trace de la fuite jusqu'à un gros tronc en travers, mais rien. Je reviens à l'anschuss pour me mettre à quatre pattes afin de remonter la piste. Je ne vois presque pas de sang, puis arrive 5 mètres à droite de ma précédente recherche et mon pakira est là ! Je jubile, mon deuxième rêve de chasse à l'arc en Guyane se réalise. La flèche est parfaite : les deux poumons. C'est une grosse femelle d'une trentaine de kilos ! Je profite de l'instant. C'est juste énorme de se retrouver là, avec ce bel animal à mes pieds, au milieu de cette forêt fantasmagorique qui fait à la fois peur donne des ailes à nos rêves les plus fous !!!
Je reprends mes esprits. Il est à peine 13h30, mais pour moi la chasse est finie. Je lui attache les pattes avec la cordelette de ma boussole et retour à la pirogue. Une fois arrivé à la pirogue, j'attache mon animal à une branche, le vide et le referme afin que les insectes ne rentrent pas. Ça y est, il ne me reste plus que 2h30 à attendre le retour de Xavier. Je bois un coup (d'eau) mange mes gâteaux et allume une clope. Je suis bien. Il pleut, je suis au bord de la rivière.


Il y aurait encore des choses à raconter, mais ça fait déjà un bon récit, alors on verra pour la suite...

PS : merci Fred, ton arc est juste parfait pour la Guyane !

L'ambiance de chasse...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Le Caïman rouge
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Le Pakira
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Merci pour ton récit, la guyanne est juste un rêve pour moi pour l'instant.



     

Royal!!!!  
Merci!

!!!  MAGNIFIQUE !!!

 

Ouahhhhhhh!!!!
Sa fait envi. Super récit, belle bête et beau tir.

Chapeau l'artiste!!

Superbe        ,merci pour le partage ,vivement la suite .

génial!!  merci  

Super récit , on si croirait.  
Merci.

Bravo !!!

Bravo et très beau récit.

Super......    .

genial et merci pour ce recit et cette chasse extraordinaire dans un environnement  hors norme !!!!

et ça doit pas etre bien  facile en plus de distinguer les differents caimans ? 

bravo pour ce tres chouette Pakira / Pecari a collier 

la franchement entre la pirogue, la foret , les bebetes et tout le reste tu fais rever un paquet d'entre nous !!!

Haaaaaaaaaaaa ça fait carrément rêver...........    

Bravo pour cette chasse et le récit.....

Merci pour le partage 

Trop beau ! Trop fort !
Un grand merci pour le partage...

Ca doit être rude la chasse dans ces conditions extremes!

BRAVO pour tes chasses!

Juste   

N'étant moi-même pas chasseur, je lis rarement les récits de chasse mais là j'ai tout lu. Chapeau. Pour la chasse et le récit.

sympa!! un moment de réves à la lecture de ton récit aprés la pause déjeuner, du coup j'ai plus du tout envie de repartir bosser.  
Merci pour le partage de tes aventures  et bravo à toi

très beau choix de destin...bonne route ou plutôt bonne piste..

lionel

Bravo ! Super récit, belle ambiance et belles photos ! Le top quoi

Pas facile la chasse dans ce biotope..
Humidité 400% !  bébêtes pas toujours sympa..et pour retrouver son chemin,y'en a pas !
Là bas, pour moi ce serait 2 GPS !!
Bravo pour les flèches et le récit.   

Bravo !
mon rêve à moi ça serait le tapir
chais pas pourquoi ?
mais ça doit sûrement plus exister ce bétail là bas ?

sinon, quoi d'autre comme gibier là-bas ?

super histoire        , mais je crois que notre ami était parti pour 3 jours ....
et la c'était la première journée .
signée un jaloux .

Y a tout de même des veinards.....


Bravo d'avoir su provoquer et saisir ta chance !!!
La suite !

pfffou ça donne vraiment envie, trois jours de chasse dans un biotope de rêve. Merci pour le partage !!!