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Ce jour là
Ce jour là
On est le 16 Janvier, c'est samedi, il est 4h30 et... BEEEP BEEEP BEEEP !
Ca c'est le signal, aujourd'hui chasse en camargue !
D'habitude je suis plutôt du genre à la bourre (vous savez les autres jours de la semaine où vos heures vous sont imposées et que vous maudissez le réveil parce qu'une fois de plus vous vous êtes couchés trop tard la veille ), mais quand il s'agit de chasser je suis un vrai maniac et toujours ponctuel.
Si si je vous assure je prépare mes affaires la veille, je fais 10 checks, et encore 10 checks le matin...
Un verre d'eau, je m'habille, brosse mes dents, un bisou à ma chérie (elle est végétarienne haha !), les affaires dans la voiture, je démarre ma peugeot 208 eHDI 1.6L (c'est vrai qu'on s'en fou), et c'est parti, direction Camargue !
Ca paraît utopique un réveil comme ça, on se dit waouh c'est chouette la chasse de bonne heure, pas vrai ?
Bon la vérité c'est que j'étais un vrai zombie avant de monter en voiture : je marche sur les chats, je me ferme la porte sur le pied, je renverse la moitié de mon verre d'eau, bref...
C'est pas grave je suis content de la journée qui commence, à vrai dire je suis même super excité et j'adore ça.
C'était 6h30 le RDV sur place, j'arrive avec un peu d'avance, Jean-Michel était déjà là. On discute un peu, on devrait être 6 aujourd'hui ; Esteve, Jean, Yann, Greg, Jean-Michel et moi. (Greg n'a finalement pas pu venir).
J'adore les journées en petit comité ; la chasse prend une vrai dimension dynamique, stratégique et fédératrice. La journée n'a pas encore commençée que je sais d'avance qu'elle va me plaire.
Je profite de mon avance pour me changer, il fait froid, il y a du vent, mais j'ai prévu le coup : multicouches !
Esteve nous rejoint, l'air fatigué de la veille, ça c'est vite confirmé ; les premiers mots fûrent "Putainnng j'ai hâte de me caler dans mon fauteuil près de la cheminée, les petits dehors". Sourires dès le matin. La veille c'était la soirée de voeux Sagitta, il n'avait pas beaucoup dormi, peuchère ;-) .
Jean arrive, suivi de Yann. Eux ils sont frais comme des gardons ! Moi de mon côté c'est bon aussi, je suis réveillé et chaud à 200%.
J'embarque dans le 4x4 de Yann avec Jean-Michel, on démarre et... on s'arrête.
Faux Départ.
Jean-Michel avait fait la même erreur que moi la première journée de chasse sur le domaine du mas de Rousty : je m'étais pointé en fluo.
Yann m'avait expliqué que l'on chassait sur une réserve susceptible d'accueillir des promeneurs, fallait éviter de leur faire penser qu'ils étaient en plein milieu d'une battue, donc discretion requise. Jean-Michel file changer de veste, Yann s'impatiente " allez allez", dans ma tête je me dis qu'aujourd'hui les sangliers n'ont qu'à bien se tenir avec lui !
Vrai Départ.
Il doit être presque 7 heures. Yann enfile sa panoplie de plongeur tout en nous donnant des conseils sur ce qui sera bon aujourd'hui.
Les autres bandent leur arc, je sens le bon stress qui monte. Le chef indique à Esteve et Jean-Michel leur poste du matin, leurs silhouettes disparaissent dans la nuit.
Je pars avec Yann et Jean. Une marche rapide, silencieuse et nocturne au milieu d'un chemin bordé de roseaux, des cris d'oiseaux et du vent qui commence à se lever doucement. Les arcs pointent le ciel de leurs branches, nos pas sont réguliers et sourds. La compagnie est en marche !
Croisement de chemins.
Yann me chuchote un bon endroit, pour une fois je suis fier de lui faire gagner du temps et lui répond à voix basse "C'est parfait je connais l'endroit je peux y aller seul ", "D'accord, alors RDV vers 9h15 aux voitures". J'acquiesce en souriant et lève le pouce en l'air, mais j'étais moins fier : j'avais pas de montre ni mon portable...
Je décroche les ficelles de la pâture et je commence à longer le petit canal jusqu'aux ruines, où je devrais me poster.
Je suis content j'y suis, euh je me mets où ? Bah oui vous n'allez pas me dire qu'à votre première saison de chasse vous saviez vous poster parfaitement au bon endroit ? Si ? Moi non en tout cas, j'étais là comme un idiot au milieu des ruines avec mon arc, mes flèches et ma bonne volonté. Me manquait l'expérience. Seul indice au placement, les paroles du chef " Ca vient du Nord ". Bon je vous rassure je savais quand même où était le Nord, et j'avais repéré une coulée à l'est des ruines, mais je n'avais jamais été à l'ouest. Je décide de me placer à peu près au centre des ruines, j'avais une vision dégagée sur ce qui arriverait au Nord, et j'étais bien caché au milieu de touffes de joncs. Commence l'attente.
L'attente.
Elle n'a pas été longue. A peine 10 minutes que je suis posté et j'entends : ploc ploc ploc (les ploc ploc ploc signifient les pattes des sangliers dans l'eau boueuse ;-) ). D'abord de manière légère, et puis ca devient de plus en plus audible. Ca se rapproche. Le problème est qu'il fait encore vraiment sombre.
Ca vient du Nord Ouest, forcement là où j'étais le moins bien placé. Je lève la tête sans faire le périscope (oui je l'ai déjà fait avec Yann...), et à travers les joncs je les vois venir, deux taches, une noire et une marron, qui avancent à pas régulier, pas trop pressées.
60m, ploc ploc ploc, 55m, ploc ploc ploc, 50m, ploc ploc ploc, 45m, je réalise que je ne suis pas assez bien placé, les taches semblaient dévier bien plus au sud.
Je me dis c'est le moment de bouger. Le vent était encore faible, il n'allait pas couvrir mes mouvements, je me devais d'être silencieux au possible.
Je commence à ramper, au même moment les taches continuent de se rapprocher. J'ai fait 5m, et j'arrive devant un mur de joncs, impossible d'avancer plus.
PLOC PLOC PLOC, elles étaient vraiment près. Je hisse ma tête, je les vois elles sont à 25m, mais toujours en mouvement régulier. Je n'arrive pas à bien les distinguer il fait encore très sombre, pourtant je vois bien leur contour et leurs couleurs, les deux sangliers étaient là. Le duo arrive à 20m, je me lève doucement, fait glisser
ma flèche encochée à travers les joncs.
J'arme mon recurve et porte l'encoche à mon coin de lèvre tout en visant le sanglier le plus sombre qui fermait la marche.
Ploc Ploc Ploc ils sont toujours à 20m plein profil, mais passe derrière des broussailles, ressortent, disparaissent à nouveau, réapparaissent... Mon cœur bat et je sens enfin l'adrénaline dont
parlent tous les chasseurs avant de décocher. Le temps semble s'arrêter dans ma tête.
Ploc Ploc Ploc...
Ploc Ploc...
Ploc...
Je n'ai pas fait voler ma flèche. Je ne le sentais pas. J'ai jugé les bêtes un poil trop loin, la luminosité un poil trop sombre, et mon assurance pour ce tir dans ces conditions un poil trop faible. Je me laisse tomber doucement sur les genoux, le cœur battant encore. Je suis un peu déçu... "t'aurais pu tenter" "non t'as bien
fait c'était pas le moment" "tu l'aurais blessé peut être inutilement" . Bon je me tais. Ils sont passés c'est trop tard dans tous les cas. Il y aura d'autres occasions bien meilleures. Et puis je suis content d'en avoir vu, c'est toujours un beau spectacle.
En fait, il n'y a pas eu d'autres occasions à cet affût.
Le retour.
N'ayant pas d'idée précise de l'heure, le vent se levant franchement et me congelant les doigts de pieds statiques, je décide de bouger, il devait bien être 8h45 d'après le soleil... Non je déconne j'en avais aucune idée, mais j'avais trop envie de bouger et me dégourdir les jambes après cette petite déception.
J'arrive aux voitures et retrouve Jean-Michel, en fait il était presque 9h10 héhé, j'ai bien visé l'heure c'est déjà ça !
Lui il n'a vu qu'un renard à son poste. Je lui raconte mon aventure et retrouve le sourire. Esteve nous rejoint ; pas d'occasion franche pour lui. Puis arrive Jean et Yann. Jean affichait un grand sourire, je me dis yes il s'est passé quelque chose !!
"Alors ??" que je m'empresse de lui demander avec des yeux de gamins.
Il me tend le bras : des anneaux. Des anneaux qui servaient à serrer son viseur sur son arc à poulpe. Ils les avaient perdus la semaine passée.
Forcement j'éclate de rire. Il me dit "attends c'est précieux ça coûte 8$ mais 45$ de frais de port, il m'en manque toujours un d'ailleurs, j'en ai 2/3 ".
Je me marre encore plus et je lui file un coup de main pour retrouver le dernier (il le retrouvera en fin de journée).
Mes compagnons parlaient un peu de ce qu'ils avaient vu et de la suite à venir, je jette un œil à Esteve l'air de dire "ton fauteuil et ta cheminée attendront". Yann nous explique qu'avec un vent de Nord fort et du soleil, les sangliers se calent dans des remises "enfoncées" plus bas que le sol pour se mettre à l'abri, et qu'il est persuadé qu'il pourrait y en avoir de remisé à 200m environ de notre position dans une ancienne roubine bordée de joncs et de ronces épaisses. Jean et Esteve se portent volontaires pour se poster au sud de la roubine qui courait sur a peu près 100 mètres. Yann me demande ce que je veux faire, plutôt me poster ou traquer ? A mon regard il a compris que je voulais le suivre. "Ok tu viens avec moi Kévin".
La traque.
Esteve et Jean sont postés. De notre côté on remonte au vent jusqu'à l'extrémité est de la roubine. Je parcourerai la bordure sud de la roubine tandis que Yann ferait la bordure Nord et que Jean-Michel avancerait bien au dessus de la Roubine. Dernières consignes du chef "N'oublies pas Kévin, pas un mot si tu en vois, tu te concentres,et tu ne fais que des gestes simples sans te faire voir et surtout Kévin, SURTOUT, pas un mot". Faut dire qu'à ma première sortie quand j'avais vu un sanglier, je lui avais crié "Là bas il y en a un qui sort, là bas" en gesticulant dans tous les sens... Je vous raconte pas la tête qu'il faisait, on aurait dit qu'il avait affaire à un gamin qui réussissait à faire du vélo sans les roulettes sur le côté... Bah oui, je peux pas tout apprendre d'un coup haha.
Revenons à nos moutons, pardon à nos sangliers.
Je commence à battre les bords de la roubine en donnant des bons coups de pieds dans les ronces et en veillant à rester au même niveau que Yann dont je ne voyais que par intermittence entre deux trous dans les ronciers. Au loin je vois Jean et Estève qui se déplacent en travers au fur et a mesure de notre avancée.
On bat à peu près 30 mètres.
Une trouée apparait et rejoint les deux bordures de la roubine. Je décide de descendre de ma bordure et traverser la roubie pour aller voir Yann et récupérer des consignes si il y en avait.
Au moment où je traverse le coeur de la roubine asséchée, je m'arrête un instant. J'étais étonné par la forme qu'avaient adoptée les ronciers en poussant autour de la roubine, ca faisait un tunnel naturel, presque à hauteur d'hommes, avec des sortes de branches qui couvraient malgré tout le passage. Le sol était jonché de traces.
Je remontais des yeux le tunnel de la roubine quand... BOUM BOUM. C'était mon coeur. Il réagissait aux deux formes que je venais de voir traverser au bout de la roubine.
Je cours pour sortir de la tranchée en cherchant Yann des yeux. Je n'ai eu le temps de faire que quelques pas dans la montée pour l'appercevoir, le regard fixé droit devant lui, en direction de la supposée sortie des formes que j'avais apperçu.
" Je viens de voir deux ..."
"CHHHUUUT Baisse toi" prononce t il en secouant sa main vers moi sans lacher ce qu'il regardait devant lui.
Je fais quelques pas en arrière pour redescendre doucement dans la roubine, en gardant la bordure nord à hauteur d'yeux. Je vois Yann se baisser également.
Adrénaline.
Un bruit de martèlement devance les bêtes qui passent devant mes yeux à 10 mètres de moi sur la bordure nord, et qui font volte face pour piquer en plein dans ma direction. Mon coeur bat la chamade et un léger sentiment de FLIPPE TOTAL m'envahit quand je vois cinq sangliers foncés sur moi et me surplombant de la bordure.
Vous connaissez le dessin animé le Roi Lion ? vous vous rappelez la scène ou Simba est tout seul dans le canyon et qu'une harde de gnous dévalent du haut du canyon ? Bah j'avais l'impression d'être Simba haha !
Instinctivement je me baisse encore plus, et reprends le contrôle. J'arme mon arc, sans savoir quoi viser. Deux roux se défilent sur ma gauche frôlant mes bottes je n'ai pas regardé si ils rentraient dans la roubine ou bien si ils fuyaient au Sud. Un autre roux et un foncé, dévalent de la bordure et foncent sur moi. Je dirige ma pointe vers eux,
mais ils sont trop près. Ils me frôlent quasiment la botte droite une demi seconde après.
Surgit alors la Laie de la bordure, certainement plus en alerte, elle me voit rapidement et bifurque dans la roubine vers l'est, à 7 mètres environ de moi. Ma flèche vole... elle lui passe juste au dessus de la nuque derrière la tête et s'enfonce dans la boue creusée par la roubine.
MERDEEEEEEEEEE
Comment j'ai pu raté cette occasion !
Je m'en veux. Je commence à sortir de la roubine pour chercher mes compagnons quand j'entends du bruit venant du tunnel. Je me retourne et me rebaisse. C'est certain il en vient d'autre, ça martèle et ça émet des légers grognements aigus. Ils se rapprochent très vite.
Puis d'un coup je les entends marquer un arrêt franc à environ 10 mètres de moi d'après le bruit. Je comprends pas. Pourquoi ils viennent pas ? et là un éclair me traverse :
RE MERDEEEEEEEEE
Je suis à genoux sur la bordure nord de la roubine, le vent me tape sur la gueule et pousse directement mon odeur à travers la roubine.
Je décide d'agir vite et de pas perdre cette occasion. Quitte à être grillé autant l'être pour de bon.
Je saute du haut de la bordure et arrive avec un genou à terre dans la roubine tout en armant mon arc, et là je les vois, deux roux plein profil en plein milieu du tunnel.
Au moment où ils déclenchent leur demi tour pour rentrer dans la roubine, je décoche.
Ma flèche vole... Je la vois pénétrer avec un bruit sourd mais pronnonçé la bête rousse juste derrière les côtes, par trois quart arrière, avec une direction de haut en bas.
Ma bête rousse décampe en lachant un couinement. Je vois mes plumes blanches se balancer avec la bête.
C'est dedans putain c'est dedans !
Je remonte sur la bordure nord pour respirer et faire tomber la pression. Je cherche mes compagnons mais je ne vois personne. Je me retourne vers la roubine.
Je me demande alors dans l'attente : "putain est ce que t'as fait une bonne flèche ?" ça a été tellement vite et intense. Je me ressaisi et essaye de me reconcentrer sur les étapes à suivre après un tir. Je sors le PQ que m'a filé Yann, le plante sur une branche et marque l'anschuss. Ca faisait 6/7 mètres par rapport à ma position. J'essaye de jeter un œil à la recherche du sang, mais je vois rien de frappant (je m'attendais à une trainée comme j'ai pu en lire sur les forums, mais c'est pas si facile en vrai).
Je décide de patienter et de ne pas risquer de brouiller la piste si jamais on doit faire venir les chiens.
Je pars à la recherche de mes compagnons. Je trouve Estève qui arrive sur ma droite, il en a fléché deux... à côté ! Je m'empresse de lui dire que j'en ai aussi fléché un mais dedans pour ma part !
Il me sort "OH PUTAINNNG on va avoir une putainngg de photo ce soir" avec un grand sourire.
Esteve part se repositionner en attendant les consignes de Yann. Qui d'ailleurs arrive par le sud. Je suis exité et avance vers lui pour lui raconter mon aventure, mais il s'empresse de me rappeler les consignes "Kévin je t'ai dit qu'il ne fallait pas bouger, ca va être le bordel là".
Je m'en veux, je suis tellement excité que j'en oublie les consignes, je m'excuse et file à mon poste.
Il me rejoint, où je lui explique mon tir, lui montre l'anschuss. Il résume " Ok, tu te postes, moi je vais regarder si je vois du sang". Je le vois s'enfoncer dans le tunnel avec le nez au dessus du sol. Voulant pas le déranger je décide de bouger sur la bordure sud pour chercher Estève.
"C'EST BON JE L'AI, J'AI TON SANGLIER KEVIN"
J'y crois pas, j'ai besoin de le voir. Mon premier grand gibier ? Je me sens Saint Thomas à ce moment précis de la journée. Je reviens sur mes pas a l'entrée du tunnel dans le passage de la roubine. Yann me fait signe d'approcher. Je me baisse dans le tunnel de ronce, passe devant mon anschuss et là voici ce que je vois :
Yann, bras en croix, tel le Corcovado, la tête penchée sur le côté affichant son grand sourire, "Aaaaaaahhh, dans mes bras !!!" il m'enlaçe, je suis euphorique en le prenant dans mes bras, je sourie mais je vois toujours pas ma bête " Yann il est où ?" il me pointe du doigt une petite butée au dessus du tunnel dans les ronces. Il était là, allongé, ma flèche encore plantée dans son corps. La vie l'avait quittée. J'ai eu un sentiment très étrange pendant un court instant, ce n'était pas de la tristesse mais un vrai respect que j'ai ressenti pour cet être vivant à qui j'avais choisi de ôter la vie. Je l'ai remercié dans ma tête et la joie a enfin vraiment explosé en moi, je souriais bêtement. Yann était en train de tremper son index dans la plaie du sanglier. "Allez viens là c'est le rituel". Son index rouge s'écrasa
de chaque côté de mon visage laissant le sang encore chaud sur mes joues.
Je reprends Yann dans mes bras pour le remercier encore, il y a deux semaines il me disait que peut être un jour je tuerai mon premier sanglier en camargue. Même pour les prédictions il est Maître !
"YOUHOUUUUUUUUU" ça c'est Esteve qui débarque avec sa cagoule relevée sur son front lui donnant un air indien. Lui aussi affichait un superbe sourire.
Bêtement je demande à Yann " euh est-ce que je peux le prendre ? " il me répond en rigolant " ah bah c'est le tien vas-y", je l'attrape par une patte et le tire pour
le sortir des ronces. Il avait fait à peine 10 mètres avant de succomber.
Quelle joie. J'avais fait une bonne flèche finalement, elle l'avait traversée entièrement en lui perforant les poumons. Que du bonheur de partager ça avec mes amis de chasse.
Allez photos !
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Avant de partir mes compagnons me demandent " t'as du boulot avec ton sanglier, tu sais faire ? "
" Euh je vois a peu près mais je veux bien un coup de main si ca vous dérange pas ". Pas de problèmes !
Esteve est resté avec moi et il m'a montré l'avant dernière étape de la chasse ; dépeçage, éviscération, découpe. Il m'a dit qu'il avait bossé dans une boucherie j'ai vite compris pourquoi.
Il a été super avec moi il a prit le temps malgré le froid et l'heure tardive. Je lui ai proposé de partager : "c'est ton premier c'est le tien ! " avec toujours ce sourire sympa.
La dernière étape c'est la dégustation, pour cela, j'ai ouïe dire une recette de mes compagnons, je vous la partagerai après coup ! C'était une fabuleuse journée encore en camargue, comme toutes mes sorties précédentes dans les marais. Et je vous le dis elle celle-ci restera gravée à vie dans ma mémoire.
Et putain que je l'aime cette camargue et mes compagnons de chasse des marais !
Sur le retour je suis resté rêveur, encore baigné par la douce ambiance de la chasse à l'arc dans les marais.
Mais je n'étais plus le même, plus du tout.
Ce jour là, je suis devenu chasseur.
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On est le 16 Janvier, c'est samedi, il est 4h30 et... BEEEP BEEEP BEEEP !
Ca c'est le signal, aujourd'hui chasse en camargue !
D'habitude je suis plutôt du genre à la bourre (vous savez les autres jours de la semaine où vos heures vous sont imposées et que vous maudissez le réveil parce qu'une fois de plus vous vous êtes couchés trop tard la veille ), mais quand il s'agit de chasser je suis un vrai maniac et toujours ponctuel.
Si si je vous assure je prépare mes affaires la veille, je fais 10 checks, et encore 10 checks le matin...
Un verre d'eau, je m'habille, brosse mes dents, un bisou à ma chérie (elle est végétarienne haha !), les affaires dans la voiture, je démarre ma peugeot 208 eHDI 1.6L (c'est vrai qu'on s'en fou), et c'est parti, direction Camargue !
Ca paraît utopique un réveil comme ça, on se dit waouh c'est chouette la chasse de bonne heure, pas vrai ?
Bon la vérité c'est que j'étais un vrai zombie avant de monter en voiture : je marche sur les chats, je me ferme la porte sur le pied, je renverse la moitié de mon verre d'eau, bref...
C'est pas grave je suis content de la journée qui commence, à vrai dire je suis même super excité et j'adore ça.
C'était 6h30 le RDV sur place, j'arrive avec un peu d'avance, Jean-Michel était déjà là. On discute un peu, on devrait être 6 aujourd'hui ; Esteve, Jean, Yann, Greg, Jean-Michel et moi. (Greg n'a finalement pas pu venir).
J'adore les journées en petit comité ; la chasse prend une vrai dimension dynamique, stratégique et fédératrice. La journée n'a pas encore commençée que je sais d'avance qu'elle va me plaire.
Je profite de mon avance pour me changer, il fait froid, il y a du vent, mais j'ai prévu le coup : multicouches !
Esteve nous rejoint, l'air fatigué de la veille, ça c'est vite confirmé ; les premiers mots fûrent "Putainnng j'ai hâte de me caler dans mon fauteuil près de la cheminée, les petits dehors". Sourires dès le matin. La veille c'était la soirée de voeux Sagitta, il n'avait pas beaucoup dormi, peuchère ;-) .
Jean arrive, suivi de Yann. Eux ils sont frais comme des gardons ! Moi de mon côté c'est bon aussi, je suis réveillé et chaud à 200%.
J'embarque dans le 4x4 de Yann avec Jean-Michel, on démarre et... on s'arrête.
Faux Départ.
Jean-Michel avait fait la même erreur que moi la première journée de chasse sur le domaine du mas de Rousty : je m'étais pointé en fluo.
Yann m'avait expliqué que l'on chassait sur une réserve susceptible d'accueillir des promeneurs, fallait éviter de leur faire penser qu'ils étaient en plein milieu d'une battue, donc discretion requise. Jean-Michel file changer de veste, Yann s'impatiente " allez allez", dans ma tête je me dis qu'aujourd'hui les sangliers n'ont qu'à bien se tenir avec lui !
Vrai Départ.
Il doit être presque 7 heures. Yann enfile sa panoplie de plongeur tout en nous donnant des conseils sur ce qui sera bon aujourd'hui.
Les autres bandent leur arc, je sens le bon stress qui monte. Le chef indique à Esteve et Jean-Michel leur poste du matin, leurs silhouettes disparaissent dans la nuit.
Je pars avec Yann et Jean. Une marche rapide, silencieuse et nocturne au milieu d'un chemin bordé de roseaux, des cris d'oiseaux et du vent qui commence à se lever doucement. Les arcs pointent le ciel de leurs branches, nos pas sont réguliers et sourds. La compagnie est en marche !
Croisement de chemins.
Yann me chuchote un bon endroit, pour une fois je suis fier de lui faire gagner du temps et lui répond à voix basse "C'est parfait je connais l'endroit je peux y aller seul ", "D'accord, alors RDV vers 9h15 aux voitures". J'acquiesce en souriant et lève le pouce en l'air, mais j'étais moins fier : j'avais pas de montre ni mon portable...
Je décroche les ficelles de la pâture et je commence à longer le petit canal jusqu'aux ruines, où je devrais me poster.
Je suis content j'y suis, euh je me mets où ? Bah oui vous n'allez pas me dire qu'à votre première saison de chasse vous saviez vous poster parfaitement au bon endroit ? Si ? Moi non en tout cas, j'étais là comme un idiot au milieu des ruines avec mon arc, mes flèches et ma bonne volonté. Me manquait l'expérience. Seul indice au placement, les paroles du chef " Ca vient du Nord ". Bon je vous rassure je savais quand même où était le Nord, et j'avais repéré une coulée à l'est des ruines, mais je n'avais jamais été à l'ouest. Je décide de me placer à peu près au centre des ruines, j'avais une vision dégagée sur ce qui arriverait au Nord, et j'étais bien caché au milieu de touffes de joncs. Commence l'attente.
L'attente.
Elle n'a pas été longue. A peine 10 minutes que je suis posté et j'entends : ploc ploc ploc (les ploc ploc ploc signifient les pattes des sangliers dans l'eau boueuse ;-) ). D'abord de manière légère, et puis ca devient de plus en plus audible. Ca se rapproche. Le problème est qu'il fait encore vraiment sombre.
Ca vient du Nord Ouest, forcement là où j'étais le moins bien placé. Je lève la tête sans faire le périscope (oui je l'ai déjà fait avec Yann...), et à travers les joncs je les vois venir, deux taches, une noire et une marron, qui avancent à pas régulier, pas trop pressées.
60m, ploc ploc ploc, 55m, ploc ploc ploc, 50m, ploc ploc ploc, 45m, je réalise que je ne suis pas assez bien placé, les taches semblaient dévier bien plus au sud.
Je me dis c'est le moment de bouger. Le vent était encore faible, il n'allait pas couvrir mes mouvements, je me devais d'être silencieux au possible.
Je commence à ramper, au même moment les taches continuent de se rapprocher. J'ai fait 5m, et j'arrive devant un mur de joncs, impossible d'avancer plus.
PLOC PLOC PLOC, elles étaient vraiment près. Je hisse ma tête, je les vois elles sont à 25m, mais toujours en mouvement régulier. Je n'arrive pas à bien les distinguer il fait encore très sombre, pourtant je vois bien leur contour et leurs couleurs, les deux sangliers étaient là. Le duo arrive à 20m, je me lève doucement, fait glisser
ma flèche encochée à travers les joncs.
J'arme mon recurve et porte l'encoche à mon coin de lèvre tout en visant le sanglier le plus sombre qui fermait la marche.
Ploc Ploc Ploc ils sont toujours à 20m plein profil, mais passe derrière des broussailles, ressortent, disparaissent à nouveau, réapparaissent... Mon cœur bat et je sens enfin l'adrénaline dont
parlent tous les chasseurs avant de décocher. Le temps semble s'arrêter dans ma tête.
Ploc Ploc Ploc...
Ploc Ploc...
Ploc...
Je n'ai pas fait voler ma flèche. Je ne le sentais pas. J'ai jugé les bêtes un poil trop loin, la luminosité un poil trop sombre, et mon assurance pour ce tir dans ces conditions un poil trop faible. Je me laisse tomber doucement sur les genoux, le cœur battant encore. Je suis un peu déçu... "t'aurais pu tenter" "non t'as bien
fait c'était pas le moment" "tu l'aurais blessé peut être inutilement" . Bon je me tais. Ils sont passés c'est trop tard dans tous les cas. Il y aura d'autres occasions bien meilleures. Et puis je suis content d'en avoir vu, c'est toujours un beau spectacle.
En fait, il n'y a pas eu d'autres occasions à cet affût.
Le retour.
N'ayant pas d'idée précise de l'heure, le vent se levant franchement et me congelant les doigts de pieds statiques, je décide de bouger, il devait bien être 8h45 d'après le soleil... Non je déconne j'en avais aucune idée, mais j'avais trop envie de bouger et me dégourdir les jambes après cette petite déception.
J'arrive aux voitures et retrouve Jean-Michel, en fait il était presque 9h10 héhé, j'ai bien visé l'heure c'est déjà ça !
Lui il n'a vu qu'un renard à son poste. Je lui raconte mon aventure et retrouve le sourire. Esteve nous rejoint ; pas d'occasion franche pour lui. Puis arrive Jean et Yann. Jean affichait un grand sourire, je me dis yes il s'est passé quelque chose !!
"Alors ??" que je m'empresse de lui demander avec des yeux de gamins.
Il me tend le bras : des anneaux. Des anneaux qui servaient à serrer son viseur sur son arc à poulpe. Ils les avaient perdus la semaine passée.
Forcement j'éclate de rire. Il me dit "attends c'est précieux ça coûte 8$ mais 45$ de frais de port, il m'en manque toujours un d'ailleurs, j'en ai 2/3 ".
Je me marre encore plus et je lui file un coup de main pour retrouver le dernier (il le retrouvera en fin de journée).
Mes compagnons parlaient un peu de ce qu'ils avaient vu et de la suite à venir, je jette un œil à Esteve l'air de dire "ton fauteuil et ta cheminée attendront". Yann nous explique qu'avec un vent de Nord fort et du soleil, les sangliers se calent dans des remises "enfoncées" plus bas que le sol pour se mettre à l'abri, et qu'il est persuadé qu'il pourrait y en avoir de remisé à 200m environ de notre position dans une ancienne roubine bordée de joncs et de ronces épaisses. Jean et Esteve se portent volontaires pour se poster au sud de la roubine qui courait sur a peu près 100 mètres. Yann me demande ce que je veux faire, plutôt me poster ou traquer ? A mon regard il a compris que je voulais le suivre. "Ok tu viens avec moi Kévin".
La traque.
Esteve et Jean sont postés. De notre côté on remonte au vent jusqu'à l'extrémité est de la roubine. Je parcourerai la bordure sud de la roubine tandis que Yann ferait la bordure Nord et que Jean-Michel avancerait bien au dessus de la Roubine. Dernières consignes du chef "N'oublies pas Kévin, pas un mot si tu en vois, tu te concentres,et tu ne fais que des gestes simples sans te faire voir et surtout Kévin, SURTOUT, pas un mot". Faut dire qu'à ma première sortie quand j'avais vu un sanglier, je lui avais crié "Là bas il y en a un qui sort, là bas" en gesticulant dans tous les sens... Je vous raconte pas la tête qu'il faisait, on aurait dit qu'il avait affaire à un gamin qui réussissait à faire du vélo sans les roulettes sur le côté... Bah oui, je peux pas tout apprendre d'un coup haha.
Revenons à nos moutons, pardon à nos sangliers.
Je commence à battre les bords de la roubine en donnant des bons coups de pieds dans les ronces et en veillant à rester au même niveau que Yann dont je ne voyais que par intermittence entre deux trous dans les ronciers. Au loin je vois Jean et Estève qui se déplacent en travers au fur et a mesure de notre avancée.
On bat à peu près 30 mètres.
Une trouée apparait et rejoint les deux bordures de la roubine. Je décide de descendre de ma bordure et traverser la roubie pour aller voir Yann et récupérer des consignes si il y en avait.
Au moment où je traverse le coeur de la roubine asséchée, je m'arrête un instant. J'étais étonné par la forme qu'avaient adoptée les ronciers en poussant autour de la roubine, ca faisait un tunnel naturel, presque à hauteur d'hommes, avec des sortes de branches qui couvraient malgré tout le passage. Le sol était jonché de traces.
Je remontais des yeux le tunnel de la roubine quand... BOUM BOUM. C'était mon coeur. Il réagissait aux deux formes que je venais de voir traverser au bout de la roubine.
Je cours pour sortir de la tranchée en cherchant Yann des yeux. Je n'ai eu le temps de faire que quelques pas dans la montée pour l'appercevoir, le regard fixé droit devant lui, en direction de la supposée sortie des formes que j'avais apperçu.
" Je viens de voir deux ..."
"CHHHUUUT Baisse toi" prononce t il en secouant sa main vers moi sans lacher ce qu'il regardait devant lui.
Je fais quelques pas en arrière pour redescendre doucement dans la roubine, en gardant la bordure nord à hauteur d'yeux. Je vois Yann se baisser également.
Adrénaline.
Un bruit de martèlement devance les bêtes qui passent devant mes yeux à 10 mètres de moi sur la bordure nord, et qui font volte face pour piquer en plein dans ma direction. Mon coeur bat la chamade et un léger sentiment de FLIPPE TOTAL m'envahit quand je vois cinq sangliers foncés sur moi et me surplombant de la bordure.
Vous connaissez le dessin animé le Roi Lion ? vous vous rappelez la scène ou Simba est tout seul dans le canyon et qu'une harde de gnous dévalent du haut du canyon ? Bah j'avais l'impression d'être Simba haha !
Instinctivement je me baisse encore plus, et reprends le contrôle. J'arme mon arc, sans savoir quoi viser. Deux roux se défilent sur ma gauche frôlant mes bottes je n'ai pas regardé si ils rentraient dans la roubine ou bien si ils fuyaient au Sud. Un autre roux et un foncé, dévalent de la bordure et foncent sur moi. Je dirige ma pointe vers eux,
mais ils sont trop près. Ils me frôlent quasiment la botte droite une demi seconde après.
Surgit alors la Laie de la bordure, certainement plus en alerte, elle me voit rapidement et bifurque dans la roubine vers l'est, à 7 mètres environ de moi. Ma flèche vole... elle lui passe juste au dessus de la nuque derrière la tête et s'enfonce dans la boue creusée par la roubine.
MERDEEEEEEEEEE
Comment j'ai pu raté cette occasion !
Je m'en veux. Je commence à sortir de la roubine pour chercher mes compagnons quand j'entends du bruit venant du tunnel. Je me retourne et me rebaisse. C'est certain il en vient d'autre, ça martèle et ça émet des légers grognements aigus. Ils se rapprochent très vite.
Puis d'un coup je les entends marquer un arrêt franc à environ 10 mètres de moi d'après le bruit. Je comprends pas. Pourquoi ils viennent pas ? et là un éclair me traverse :
RE MERDEEEEEEEEE
Je suis à genoux sur la bordure nord de la roubine, le vent me tape sur la gueule et pousse directement mon odeur à travers la roubine.
Je décide d'agir vite et de pas perdre cette occasion. Quitte à être grillé autant l'être pour de bon.
Je saute du haut de la bordure et arrive avec un genou à terre dans la roubine tout en armant mon arc, et là je les vois, deux roux plein profil en plein milieu du tunnel.
Au moment où ils déclenchent leur demi tour pour rentrer dans la roubine, je décoche.
Ma flèche vole... Je la vois pénétrer avec un bruit sourd mais pronnonçé la bête rousse juste derrière les côtes, par trois quart arrière, avec une direction de haut en bas.
Ma bête rousse décampe en lachant un couinement. Je vois mes plumes blanches se balancer avec la bête.
C'est dedans putain c'est dedans !
Je remonte sur la bordure nord pour respirer et faire tomber la pression. Je cherche mes compagnons mais je ne vois personne. Je me retourne vers la roubine.
Je me demande alors dans l'attente : "putain est ce que t'as fait une bonne flèche ?" ça a été tellement vite et intense. Je me ressaisi et essaye de me reconcentrer sur les étapes à suivre après un tir. Je sors le PQ que m'a filé Yann, le plante sur une branche et marque l'anschuss. Ca faisait 6/7 mètres par rapport à ma position. J'essaye de jeter un œil à la recherche du sang, mais je vois rien de frappant (je m'attendais à une trainée comme j'ai pu en lire sur les forums, mais c'est pas si facile en vrai).
Je décide de patienter et de ne pas risquer de brouiller la piste si jamais on doit faire venir les chiens.
Je pars à la recherche de mes compagnons. Je trouve Estève qui arrive sur ma droite, il en a fléché deux... à côté ! Je m'empresse de lui dire que j'en ai aussi fléché un mais dedans pour ma part !
Il me sort "OH PUTAINNNG on va avoir une putainngg de photo ce soir" avec un grand sourire.
Esteve part se repositionner en attendant les consignes de Yann. Qui d'ailleurs arrive par le sud. Je suis exité et avance vers lui pour lui raconter mon aventure, mais il s'empresse de me rappeler les consignes "Kévin je t'ai dit qu'il ne fallait pas bouger, ca va être le bordel là".
Je m'en veux, je suis tellement excité que j'en oublie les consignes, je m'excuse et file à mon poste.
Il me rejoint, où je lui explique mon tir, lui montre l'anschuss. Il résume " Ok, tu te postes, moi je vais regarder si je vois du sang". Je le vois s'enfoncer dans le tunnel avec le nez au dessus du sol. Voulant pas le déranger je décide de bouger sur la bordure sud pour chercher Estève.
"C'EST BON JE L'AI, J'AI TON SANGLIER KEVIN"
J'y crois pas, j'ai besoin de le voir. Mon premier grand gibier ? Je me sens Saint Thomas à ce moment précis de la journée. Je reviens sur mes pas a l'entrée du tunnel dans le passage de la roubine. Yann me fait signe d'approcher. Je me baisse dans le tunnel de ronce, passe devant mon anschuss et là voici ce que je vois :
Yann, bras en croix, tel le Corcovado, la tête penchée sur le côté affichant son grand sourire, "Aaaaaaahhh, dans mes bras !!!" il m'enlaçe, je suis euphorique en le prenant dans mes bras, je sourie mais je vois toujours pas ma bête " Yann il est où ?" il me pointe du doigt une petite butée au dessus du tunnel dans les ronces. Il était là, allongé, ma flèche encore plantée dans son corps. La vie l'avait quittée. J'ai eu un sentiment très étrange pendant un court instant, ce n'était pas de la tristesse mais un vrai respect que j'ai ressenti pour cet être vivant à qui j'avais choisi de ôter la vie. Je l'ai remercié dans ma tête et la joie a enfin vraiment explosé en moi, je souriais bêtement. Yann était en train de tremper son index dans la plaie du sanglier. "Allez viens là c'est le rituel". Son index rouge s'écrasa
de chaque côté de mon visage laissant le sang encore chaud sur mes joues.
Je reprends Yann dans mes bras pour le remercier encore, il y a deux semaines il me disait que peut être un jour je tuerai mon premier sanglier en camargue. Même pour les prédictions il est Maître !
"YOUHOUUUUUUUUU" ça c'est Esteve qui débarque avec sa cagoule relevée sur son front lui donnant un air indien. Lui aussi affichait un superbe sourire.
Bêtement je demande à Yann " euh est-ce que je peux le prendre ? " il me répond en rigolant " ah bah c'est le tien vas-y", je l'attrape par une patte et le tire pour
le sortir des ronces. Il avait fait à peine 10 mètres avant de succomber.
Quelle joie. J'avais fait une bonne flèche finalement, elle l'avait traversée entièrement en lui perforant les poumons. Que du bonheur de partager ça avec mes amis de chasse.
Allez photos !
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Avant de partir mes compagnons me demandent " t'as du boulot avec ton sanglier, tu sais faire ? "
" Euh je vois a peu près mais je veux bien un coup de main si ca vous dérange pas ". Pas de problèmes !
Esteve est resté avec moi et il m'a montré l'avant dernière étape de la chasse ; dépeçage, éviscération, découpe. Il m'a dit qu'il avait bossé dans une boucherie j'ai vite compris pourquoi.
Il a été super avec moi il a prit le temps malgré le froid et l'heure tardive. Je lui ai proposé de partager : "c'est ton premier c'est le tien ! " avec toujours ce sourire sympa.
La dernière étape c'est la dégustation, pour cela, j'ai ouïe dire une recette de mes compagnons, je vous la partagerai après coup ! C'était une fabuleuse journée encore en camargue, comme toutes mes sorties précédentes dans les marais. Et je vous le dis elle celle-ci restera gravée à vie dans ma mémoire.
Et putain que je l'aime cette camargue et mes compagnons de chasse des marais !
Sur le retour je suis resté rêveur, encore baigné par la douce ambiance de la chasse à l'arc dans les marais.
Mais je n'étais plus le même, plus du tout.
Ce jour là, je suis devenu chasseur.
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Kohican- Messages : 86
Date d'inscription : 07/01/2016
Re: Ce jour là
superbe recit tu as la plume lègère chapeau!!!! le seul mal que je peux te souhaiter,
c'est d'avoir beaucoup de sensations fortes en compagnie de tes amis aussi souvent que possible!
arcmicalement
c'est d'avoir beaucoup de sensations fortes en compagnie de tes amis aussi souvent que possible!
arcmicalement
tradoccitant- Messages : 811
Date d'inscription : 17/01/2016
Age : 51
Localisation : dans l'aude 11
Re: Ce jour là
Tu vas finir écrivain......
Bravo pour le prélèvement.
Bravo pour le prélèvement.
erwann22- Messages : 2861
Date d'inscription : 11/03/2012
Localisation : CHEVERNY
Re: Ce jour là
Bien raconté, bien écrit, bien tiré,
c'est marrant ta description du vent du nord, cela me rappelle un passage la bas , en grand benêt des montagnes je m 'étais dis
Ohh en camargue il ne fait jamais froid, c'est le sud
ben non, peut faire très froid dans ce pays.....
Félicitation
c'est marrant ta description du vent du nord, cela me rappelle un passage la bas , en grand benêt des montagnes je m 'étais dis
Ohh en camargue il ne fait jamais froid, c'est le sud
ben non, peut faire très froid dans ce pays.....
Félicitation
Michel_Savoie- Membre Bienfaiteur
- Messages : 471
Date d'inscription : 20/07/2013
Age : 70
Localisation : savoie
Re: Ce jour là
Tout y est .....TIP TOP
arnaud 45- Messages : 630
Date d'inscription : 12/01/2011
Age : 54
Localisation : entre Loire et Canal
Re: Ce jour là
Merci kevin pour le récit, j'étais derière toi en lisant ton CR,
la dernière phrase m'a mis les poils au garde à vous
Encore merci pour le partage
à très vite
fred
la dernière phrase m'a mis les poils au garde à vous
Encore merci pour le partage
à très vite
fred
fred- Messages : 3799
Date d'inscription : 13/12/2010
Age : 56
Localisation : la chasse à l'arc mais pas que........
Re: Ce jour là
Bon, les anciens, va falloir se sortir les doigts du ...
non seulement les jeunots sont bons en tir, en chasse, en tout ou presque, mais en plus ils font de superbes récits !
c'est trop fort !
pis en plus ils tuent...on va dire que c'est la formation qui devient meilleure de jour en jour.
comme Fred, avec ta dernière phrase, tout est dit .
un grand bravo à vous tous là bas , et surtout ne vous arretez pas !
non seulement les jeunots sont bons en tir, en chasse, en tout ou presque, mais en plus ils font de superbes récits !
c'est trop fort !
pis en plus ils tuent...on va dire que c'est la formation qui devient meilleure de jour en jour.
comme Fred, avec ta dernière phrase, tout est dit .
un grand bravo à vous tous là bas , et surtout ne vous arretez pas !
_________________
En Angleterre, tout est permis, sauf ce qui est interdit. En Allemagne, tout est interdit, sauf ce qui est permis. En France, tout est permis, même ce qui est interdit. En U.R.S.S., tout est interdit, même ce qui est permis (Winston Churchill)
spitz- Membre Bienfaiteur
- Messages : 3594
Date d'inscription : 14/12/2010
Age : 64
Localisation : moselle
Re: Ce jour là
Que du bon, bravo!!!!
Tu as eu en une journée une palette quasi complète des émotions de la chasse!
Et merci pour ce récit de grande qualité!
Tu as eu en une journée une palette quasi complète des émotions de la chasse!
Et merci pour ce récit de grande qualité!
jéjé69- Messages : 44
Date d'inscription : 11/01/2011
Re: Ce jour là
félicitation encore Kevin
c'est un vrais plaisir de partager des moments de chasse
avec un jeune passionné et sympathique
et en plus avec le sens de la chasse
encore bravo
d'un indien t'es gentil plutôt d'un co.....!!!!!!
j'aurai pu la retirer pour la photo
ça restera un bon souvenir de chasse pour moi aussi
et un merci à Yann pour nous faire partager cette belle chasse en Camargue
c'est un vrais plaisir de partager des moments de chasse
avec un jeune passionné et sympathique
et en plus avec le sens de la chasse
encore bravo
d'un indien t'es gentil plutôt d'un co.....!!!!!!
j'aurai pu la retirer pour la photo
ça restera un bon souvenir de chasse pour moi aussi
et un merci à Yann pour nous faire partager cette belle chasse en Camargue
Invité- Invité
Re: Ce jour là
bravo !
maintenant il te reste plus qu'à convertir ta copine....et c'est pas gagné si j'ai bien lu !!
maintenant il te reste plus qu'à convertir ta copine....et c'est pas gagné si j'ai bien lu !!
pat21- Messages : 3639
Date d'inscription : 18/12/2010
Age : 61
Localisation : buzy 64
Re: Ce jour là
Tout simplement ! MERCI !
ttk- Membre Bienfaiteur
- Messages : 3123
Date d'inscription : 13/12/2010
Age : 53
Re: Ce jour là
spitz a écrit:Bon, les anciens, va falloir se sortir les doigts du ...
non seulement les jeunots sont bons en tir, en chasse, en tout ou presque, mais en plus ils font de superbes récits !
c'est trop fort !
pis en plus ils tuent...on va dire que c'est la formation qui devient meilleure de jour en jour.
comme Fred, avec ta dernière phrase, tout est dit .
un grand bravo à vous tous là bas , et surtout ne vous arretez pas !
Hé oui mon bon Luc, ces temps ci les élèves dépassent les maitres sur tous les plans. Je trouve ça aussi émouvant et gratifiant que tuer soit mème un beau gibier. Voir la joie qui envahie le visage des jeunes padawans qui deviennent chasseurs grâce aux petits coup de pouce que l'on peut leur donner, c'est un peu la continuité de notre propre parcours de chasseur n'est ce pas ?
En tout cas moi ça m' émeu chaque fois un peu plus, surtout quand on a affaire à des personnages aussi sympathiques, motivés et engagés que Kevin. Faut dire que sur ce coup là c'est un peu facile pour nous, (suis pas le seul dans le camps des vielles branches à donner des conseils), car l’apprenti concerné à un vrais sens de la chasse et une grande aptitude à mettre en application les infos que l'on peut lui donner.
Il n'a pas fallu très longtemps à l'oisillon pour sauter du nid ce n'est pas un hasard .....
FELICITATIONS kevin,
félicitation pour l'action,
félicitation pour le récit car ton écriture est très agréable,
félicitation pour ta bonne humeur, ta compagnie très sympathique et ton l’enthousiasme.
Enfin un grand merci a nos partenaires de chasse car ce jour là je peux vous dire que ça à été riche en action, flèches décochées, concertation et partage.
Estève à bien failli baptiser son Saramaca des la première sortie, Jean et moi avons manqué et l'après tir à été plutôt intense et chargé.
En résumé, une sacré journée de chasse à patauger dans des conditions assez rudes et récompenser par la consécration de notre jeune ami, du grand bonheur quoi ....
acrosylve- Messages : 2040
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 56
Localisation : Le sud pas loin de Massillia.
Re: Ce jour là
Superbe récit et les sourires sur les images en disent long sur l'émotion et le partage
C'est top
C'est top
Fred 64- Messages : 354
Date d'inscription : 21/04/2011
Age : 58
Re: Ce jour là
C'est comme si on y était...
oumpah pah- Messages : 90
Date d'inscription : 12/09/2015
Age : 57
Re: Ce jour là
C'est comme si on y était...
oumpah pah- Messages : 90
Date d'inscription : 12/09/2015
Age : 57
Re: Ce jour là
Que de bons moments à courir les noirauds dans les roubines avant qu'ils ne disparessent derrière le lévadon.
Merci pour ce récit et ces émotions partagées.
Je salue au passage les "Maestros" initiateurs.
Merci pour ce récit et ces émotions partagées.
Je salue au passage les "Maestros" initiateurs.
oumpah pah- Messages : 90
Date d'inscription : 12/09/2015
Age : 57
Re: Ce jour là
magnifique Kevin tu es un vrai chasseur et un superbe conteur . bravo à toi
Robindelarbre- Messages : 1310
Date d'inscription : 31/03/2011
Age : 55
Localisation : sud GIRONDE
Re: Ce jour là
Un superbe récit, on se sentait tout proche de toi. Beau tir bravo à toi. Yan tu le suit, tu l'écoute et tu l'observe.....tu gagnes des années d'aprentissage....
kiowa- Membre Bienfaiteur
- Messages : 3003
Date d'inscription : 19/12/2010
Age : 60
Localisation : parfois là, parfois ailleurs.... .
Re: Ce jour là
Bonne décoche et bonne plume, normale ce sont les même doigts.
Même si du côté de Marseilles il faut se méfier des histoires celle-ci sent le vécu.
Même si du côté de Marseilles il faut se méfier des histoires celle-ci sent le vécu.
Duplessis- Messages : 285
Date d'inscription : 07/12/2014
Localisation : Toujours plus à l'ouest....
Re: Ce jour là
Belle histoire et quelle joie sur ton visage et celui de tes compagnons de chasse
un grand bravo
un grand bravo
FASCERIAS- Membre Bienfaiteur
- Messages : 413
Date d'inscription : 28/01/2014
Age : 62
Localisation : pyrénées atantiques
Re: Ce jour là
Bravo merci pour le partage et pour le recit qui me rappelle de bons moments dans ce magnifique biotope camarguais !! Un grand bravo a toute l equipe !!
eolearc13- Messages : 196
Date d'inscription : 24/10/2011
Age : 35
Localisation : Alpes de haute provence- sainte tulle
Re: Ce jour là
Un grand moment de partage ; merci beaucoup pour ce récit !
_________________
Le président qu'on peut appeler Manu. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
ACA 87 : Les Chasseurs à l'Arc de la Hte-Vienne : clic Survival International - Pour les Peuples indigènes : clic
"La tradition, ce n'est pas le passé, c'est ce qui ne passe pas." (Dominique Venner)
Manu87- Membre Bienfaiteur
- Messages : 2674
Date d'inscription : 19/12/2010
Localisation : Vive lo Limouzi libre !
Re: Ce jour là
Que de beau récit sur ATO.
Félicitations pour ton récit et cette belle journée.
Félicitations pour ton récit et cette belle journée.
nikou- Messages : 653
Date d'inscription : 16/12/2010
Age : 51
Localisation : le cannet
Re: Ce jour là
Félicitations Kévin
Estève m'avait déjà mis au courant et de ton action et de ton maquillage.
Je me languissais de lire ton récit.... L'attente fut longue ... Mais ça valait le coup car quel récit !!!
Estève m'avait déjà mis au courant et de ton action et de ton maquillage.
Je me languissais de lire ton récit.... L'attente fut longue ... Mais ça valait le coup car quel récit !!!
jeannotgump- Messages : 198
Date d'inscription : 16/07/2014
Age : 64
Localisation : Dans les Alpilles, aux portes de la Camargue
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