Poca en toute fin de journée...

Aujourd'hui, je reprends mes horaires de chasse habituels... ce sera en fin d'après midi, ce créneau me paraissant bien plus intéressant que le lever du jour. Après ma déconvenue de mardi (voir dans la rubrique recherche au sang...!) je suis un peu tendu... j'ai réaffûté toutes mes lames, les empennages sont au poil et surtout, les encoches lumineuses fonctionnelles... ce dernier point sera déterminant pour la chasse d'aujourd'hui, je m'en rendrai compte plus tard!!
Le vent n'est pas dans son secteur habituel; ça n'est pas terrible pour la chasse, mais le ciel est plombé et on dirait que la pluie va arriver bientôt... ça me plaît, la pluie... je décide de tenter le coup, laissant mes lunettes de soleil à la maison, vu la couleur du ciel...
Arrivé sur mon territoire de chasse, je m'équipe alors que les premières gouttes de pluie font leur apparition... parfait! Je me mets en marche, et sans surprise je retrouve le petit groupe de juvéniles que je connais bien dans ces quartiers de dix sept heures! Ils sont bien occupés, je m'approche et constate qu'ils ont bien poussé, ils seront beaux l'an prochain à ce rythme! Ca laisse présager une bonne saison prochaine!
Je les laisse faire ripaille et je m'éloigne discrètement de mes petits noirauds... Le sol est humide, et avec mes nouvelles chaussures à cinq doigts je suis très silencieux... le sous-bois aussi, malheureusement! Je marche de coulée en coulée, de poste en poste sans rencontrer personne... ce vent d'ouest perturbe le gibier qui est bien discret aujourd'hui... le soleil est déjà sous l'horizon de la cimes des arbres, j'ai fait demi tour pour prendre le chemin de mon véhicule...
Je dois retraverser le petit cours d'eau, je me méfie de la pente feuillue et bien glissante, un petit bain de pied et je suis sur l'autre rive... soudain, j'aperçois le premier cochon adulte de la journée! Il escalade tranquillement une petite butte en humant le sol... Je suis encore trop loin et très en contrebas dans le lit de la rivière, je progresse précautionneusement sur le sol glissant, et mon cochon continue sa petite grimpette pépère...
Je me suis approché, la distance, une quinzaine de mètres, est confortable et je suis à très bon vent... je dois me décider très rapidement, la recherche au sang de mardi s'est faite de jour et a été très difficile et malheureusement infructueuse! Qu'en sera-t-il de nuit si je tire maintenant?? La végétation basse ne m'offre pas de fenêtre de tir pour l'instant; je dois patienter, encore quelques pas de sa part et cette laie passera dans une petite trouée qui sera ma seule opportunité de tir... Pas facile d'ailleurs le tir, je suis en équilibre sur le genou gauche et le pied droit, dans la pente humide, toujours en contrebas... elle approche de la fenêtre de tir... encore un ou deux pas... elle y est! Sa patte avant s'avance, la "porte" est ouverte: allez, comme on le dit, il faut remonter à cheval rapidement après une chute, je tente!! Je dois encore me pencher pour ajuster, je suis presque à plat ventre contre le sol!! Armement, décoche, la flèche est partie... Je me redresse doucement, la flèche est fichée dans la terre, l'encoche lumineuse brille dans le paysage qui s'assombrit.
La laie a démarré, sans précipitation toutefois... comme si elle n'avait rien senti, juste surprise par le bruit de la flèche dans les feuilles!! Je peste intérieurement, je repense à ce tir manqué de mardi matin qui me mine... pffff!! J'avance doucement pour aller vérifier ma flèche que je trouve enduite de sang. Bon, je l'ai touchée mais elle n'avait pas l'air très choquée pour autant!! Merde... il est hors de question que je laisse encore un animal blessé derrière moi!! Je progresse doucement jusqu'au sommet de la butte d'où je peux voir la laie qui a repris sa marche tranquille!!! Je la suis, je dois essayer de gagner du terrain pour espérer me positionner... la pluie est forte maintenant, ce qui rend ma progression plus facile. La laie ne m'a encore jamais vu et je suis toujours protégé par un excellent vent! Je peux la rattraper juste avant qu'elle ne retourne sous l'abri des arbres dans le lit de la rivière; j'ai une opportunité pour une ultime flèche de trois quarts arrière... Je pense que je suis à vingt mètres, mais ce doit être maintenant, après, dans le lit de la rivière, tout sera plus compliqué avec les arbres... armement, décoche, les silencieux de laine me pulvérisent milles gouttelettes de pluie! Je peux voir le vol de ma flèche qui pénètre profondément dans le flanc droit de la laie qui démarre en trombe!! Il me faut à nouveau décider rapidement d'une stratégie : vu ce qu'il tombe, et la nuit arrivant d'autant plus vite, ça risque d'être coton pour suivre la sang dans une demi heure... même dans un quart d'heure!! Tant pis, je prends le risque de me mettre en marche de suite pour ne pas perdre de vue le petit point rouge qui s'éloigne déjà sur l'autre rive... Je traverse à nouveau la rivière, je garde l'encoche en vue tout en restant assez loin pour ne pas mettre la pression sur l'animal qui traverse maintenant la grande clairière et prend la direction du bois derrière lequel se dresse une petite montagne dont les flancs sont densément végétalisés... punaise, si elle m'emmène là dedans de nuit, ça va être tendu!! J'accélère un peu pour me mettre à hauteur mais à bonne distance sur le côté... nous suivons deux lignes parallèles, en direction de la montagne et du "sale"... Soudain, le point rouge s'arrête, j'ai dû allumer ma lampe frontale pour ne pas risquer de me blesser car il fait vraiment noir dans le bois... j'observe le signal rouge de l'encoche, immobile... Je suis accroupi, silencieux... Elle repart! Incroyable, elle rebrousse chemin vers la clairière et la rivière!! Aurait-elle laissé des petits derrière elle? Pourtant je n'ai rien vu pendant l'approche...? Elle a considérablement ralenti la cadence, c'est bon signe... à l'orée du bois, elle est au pas et souffle... elle s'engage dans la clairière, et au beau milieu de celle-ci, tombe sur le flanc gauche... un grognement, un cri... Elle rend son dernier souffle, je suis tapi en lisière du bois... soulagé! Je m'approche, enfin, à toucher ma proie! La première flèche l'a prise aux mamelles, j'ai trop peu pris en compte la pente lors de mon premier tir qui était bien trop bas... La seconde flèche était bonne, malgré une coupure en passant le long de la patte postérieure droite... il s'en est fallu de peu! Ca n'est pas le tir parfait d'il y a dix jours ... Ne pas se relâcher sur l'entraînement...!!
A observer les mamelles de cette laie, je pense qu'elle devait avoir des petits dans le secteur et que c'est pour cela qu'elle a fait demi-tour. Je n'ai jamais vu ses marcassins, sinon, je n'aurais probablement pas tiré...
Bien, il me reste le plus plaisant : dépouiller et vider sous la pluie!! A vue de nez, et vu ma tête quand j'ai dû la soulever pour la suspendre, je l'estime à une trentaine de kilos, c'est dans la moyenne pour une femelle assez jeune je pense.
On n'a pas de très très gros spécimens ici, un mâle de quatre vingt kilos est déjà une très très belle pièce.
Je ne sais pas vraiment de quelle race il s'agit, certainement pas les mêmes qu'en France et encore moins des cousins de ceux d'Australie! Les petits ne changent pas de pelage et naissent déjà tous noirs, et le restent tout au long de leur existence. Peut-être une race hybride issue de croisements avec des porcs d'élevage?
Allez, une petite photo...

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bravo !
tu nous parleras de l'atteinte et des organes touchés ?
si ta flèche n'a pas traversé, ce doit être haut poumon, non ?
ta poursuite a duré ?
et bravo en plus pour ton récit....

Bravo et merci pour le partage.

je savais qu'on allait pas tardé à te relire ..... 

bravo !

spitz a écrit:bravo !
tu nous parleras de l'atteinte et des organes touchés ?
si ta flèche n'a pas traversé, ce doit être haut poumon, non ?
ta poursuite a duré ?
et bravo en plus pour ton récit....

A l'examen interne, j'ai constaté que la flèche avait effectivement pénétré jusque dans le haut d'un poumon, qui était partiellement entaillé, la lame s'est arrêtée sur l'os, puis avec les mouvements de l'animal, elle a certainement fait du dégât pendant la fuite...
Je n'ai pas mesuré le temps de poursuite, mais cela a dû avoisiner la demie heure, peut-être quarante minutes mais certainement pas plus.
Ca m'a surpris à postériori que la fuite soit si courte alors que l'atteinte n'était pas "si dure" que ça, mais les faits sont là!

Impec! Felicitations!

Il y a beaucoup de poca? Subissent-ils une grosse pression via la chasse?

Oliv'!!
Pas pris le temps de te répondre... tu dois être habitué à force...
Qu'est ce que je suis content de voir que tu as débloqué le compteur! Le territoire est très prometteur pour ce que j'en ai vu et visiblement tu en as tiré la même conclusion.
Ton pépère de la dernière fois, cette laie, le "petit four" d'après mon départ... j'attends la photo avec le gros cerf et sa cathédrale sur la tête maintenant!

Félicitations mon ami! J'ai hâte de pouvoir parcourir ces bois à nouveau.

Je pars aux chamois à la fin du mois, je penserai à toi et j'espère pouvoir t'envoyer une photo moi aussi!

Et pour répondre à greg c'est le paradis de la chasse à l'arc là bas... j'ai passé trois après midi là bas et on a vu plein de cochons et des cerfs aussi. A chaque sortie tu peux avoir une occasion de tir si tu t'y prends bien!
Et oliv est un chasseur sérieux, il sélectionne ses victimes alors le cheptel sera préservé!

grégonimo a écrit:Impec!  Felicitations!

Il y a beaucoup de poca? Subissent-ils une grosse pression via la chasse?

Pour compléter les réponses que t'a fait Antonin, je suis un privilégié : le propriétaire des terres sur lesquelles je suis autorisé à chasser est un type vraiment fantastique. Non seulement je suis invité permanent sur ses terres, mais en plus j'ai l'exclusivité de la chasse dans ce territoire en particulier!! Ca veut dire : pas d'arme à feu, pas de chien, pas de promeneur sur des hectares, plein de cerfs et de cochons, et un seul chasseur à l'arc là-dedans!!
Antonin a eu la chance d'être là quand j'ai obtenu le privilège de chasser sur ce territoire et nous l'avons découvert ensembles, enfin on en a découvert une infime partie!! Tu verras ça Antonin, la prochaine fois que tu viendras... Tu auras alors le meilleur guide du secteur avec toi... pas dur, il n'y en a qu'un!!
Je commence à connaître mon coin, et quelques petits spots magiques mais ça ne veut pas dire que la chasse y est facile, loin de là!!
L'aérologie et très très difficile mais le biotope est splendide, varié et riche, avec cours d'eau, collines etc...
Donc je jouis d'un immense privilège, j'en suis bien conscient, et je suis très "sérieux" comme l'a dit Antonin, je ne suis pas du tout le type à tirer sur tout ce qui bouge! J'aime bien observer les petits noirauds sans même encocher, en pensant qu'ils seront très beaux dans une voire deux saisons!! Et puis, si l'angle de tir n'est pas parfait, je n'hésite pas à m'abstenir... je laisse du temps entre deux passages...
Donc tu peux comprendre, je pense, pourquoi la mésaventure de recherche au sang d'il y a quelques jours me laisse un goût si amer...

PS merci pour ton commentaire, c'est gentil mais je ne suis pas d'accord avec toi sur le "Impec!"... Impec ça aurait été de le secher à la première flèche!!

antonin a écrit:Et pour répondre à greg c'est le paradis de la chasse à l'arc là bas... j'ai passé trois après midi là bas et on a vu plein de cochons et des cerfs aussi. A chaque sortie tu peux avoir une occasion de tir si tu t'y prends bien!
Et oliv est un chasseur sérieux, il sélectionne ses victimes alors le cheptel sera préservé!

Là Antonin tu n'es pas très objectif!  Effectivement, quand tu es passé on était dans une période très favorable et on avait l'impression d'être des gosses lâchés chez le Père Noël! Avec un peu plus de recul, je constate qu'il y a des périodes plus calmes, où je rencontre bien moins de gibier.
De plus, pour le moment, je privilégie vraiment la traque et l'approche, c'est ce que je trouve de plus excitant dans la chasse à l'arc... si je me mettais à affûter sur ce territoire, ça changerait tout car plus je passe de temps sur place, plus j'emmagasine d'informations sur les habitudes des bestioles et plus je me dis qu'à l'affût ça serait vraiment trop facile!!

Oliv' a écrit:

 Impec ça aurait été de le secher à la première flèche!!

non tu te trompes.
à la première flèche, c'est l'objectif.
impec, c'est d'aller au bout de ton action et de le tuer si tu l'as blessé.

attention, si ton territoire n'est jamais dérangé, cela peut être la raison du grand nombre d'animaux

trop le traquer va vite apprendre aux noirauds que quand tu es là, ca craint .

et l'affut ce n'est pas le plus facile, mais le moins dérangeant pour le secteur..





ps: j'adore mettre le doute...

Tu es trop fort pour nous forcer à la remise en question Spitz!
J'essaie de ne pas traquer aux mêmes endroits à répétition, je laisse plus de temps s'il y a eu contact, et pourtant, à l'entrée de la zone, où je passe systématiquement je ne vois pas la fréquentation baisser. Il y a un chemin principal que j'emprunte quasi systématiquement au retour et j'y croise très souvent du monde aussi. Je suis même tombé sur un gros noiraud en arrivant à la voiture il y a quelques jours! Il était en train de faire l'inspection des pneus du 4x4, et a été aussi surpris que moi de notre rencontre!
Mais, je n'ai pas tiré pour éviter d'avoir à changer une roue... 

spitz a écrit:

Oliv' a écrit:

 Impec ça aurait été de le secher à la première flèche!!

non tu te trompes.
à la première flèche, c'est l'objectif.
impec, c'est d'aller au bout de ton action et de le tuer si tu l'as blessé.

C'est exactement ce que mon "Impec" signifiait!
Tu as su aller au bout de l'action, prendre les bonnes options au bon moment et ta chasse n'en est que plus méritée!

... et pour ton territoire : VEINARD!

c'est vrai qu'un territoire comme celui là, c'est top !

Voui... je sais! Je suis verni!!

Bravo , jusqu au bout!!

je suis trop jamoux de ces chasses exotiques ! un seul mot bravo !