le Phaco Fantôme

Bonjour à tous, un peu en manque sur notre cher forum de belles histoires du style de celles du sieur Mpanya avec ses cerfs patagons, je m’y colle histoire de réamorcer la pompe (ne cherchez pas la contrepèterie) !?

Donc de retour depuis déjà plus d’1 mois d’Afrique du Sud voici un petit récit de voyage pour ceux que ça amuse. L’action se déroule dans le Eastern Cape au nord-ouest de Port Elizabeth. Je suis parti avec mon arc et accompagné de 2 amis chassant à la carabine. Des habitués de l’Ecosse à la poursuite des cerfs dans les Highlands, mais dont c’était le 1er voyage de chasse en Afrique. On a volé sur le Cap et loué une voiture pour découvrir un peu de ce pays magnifique au cours des 640km pour rejoindre la réserve de chasse. Vu la longueur des trajets en avion et en voiture le séjour ne comprenait que 6 jours de chasse.

Le territoire s’étend entre 2 chaines de montagnes séparées par une vallée au centre de laquelle coule une rivière. Les zones montagneuses sont très accidentées et rocailleuses. Le propriétaire s’est axé principalement sur la chasse à l’arc en installant une 10aine de blinds en hauteur à des points d’eau. J’étais le 1er chasseur à l’arc traditionnel sur cette zone et du coup on me regardait avec un scepticisme certain… D’autant qu’en plus de mon matos archaïque j’avais convenu avec le proprio d’être autorisé à ne chasser qu’à l’approche quitte à ne rien tirer. Il avait accepté pensant que je changerais d’avis à propos de blinds après avoir tenté vainement d’approcher des antilopes pdt 3 jours ou bien que je ne tirerais effectivement rien… On m’appelait le bushman, mais les sourires quand j’apparaissais avec arc et carquois de dos trahissaient plutôt l’idée de fadasse d’autant qu’en plus de vouloir approcher ma distance de tir était encore plus courte que les poulies. Même les 2 copains qui m’accompagnaient ne comprenaient pas qu’après 3 jours de fiasco je m’entêtasse (pour la rime avec fadasse) à ne pas vouloir prendre de carabine. Pourtant je leur avais bien expliqué avant de partir que je chassais avant tout pour le silence et la beauté du vol de mes flèches… Mais je ne devais pas être très crédible quand ils voyaient combien l’absence de réussite me tarabustait.

Le programme quotidien était debout avant le soleil, fin de chasse à la nuit tombante entrecoupé d’1h30 – 2h de repos à midi. Entre les 2, des journées entières sous le cagnard à faire du ramping « talons-pointes » comme décrit dans mon histoire d’impala. Chaque jour j’étais au contact d’animaux à moins de 50m, mais soit ils me repéraient, soit les animaux n’étaient pas autorisés, soit, le plus frustrant, je n’arrivais pas à avoir une bonne occasion de tir. Comme cet après-midi du 2ème jour où j’avais repéré une bande springboks. Approche de sioux pour parvenir à 60m d’eux. Là une centaine de springboks qui s’étalent sur 200m de large devant moi. Impossible de bouger un orteil sans se faire repérer. Je m’arrête donc derrière un petit buisson de 80cm de haut, pas très haut ni très dense, mais choisi pour le gros buisson d’acacia juste dans mon dos permettant de bien cacher ma silhouette. J’y ai bien passé 4h. Qlq adultes sont venus à 45m, 1 jeune qui venait de naitre à 35m avec sa mère qui est venue le récupérer après une tétée et, pour finir par quitter la place à la nuit tombée sans avoir pu décocher. Mais le plus palpitant au cours de cet après-midi là fut le bruit d’un gros animal arrivant plein galop derrière moi à mauvais vent… Légère inquiétude quand même avec le ramdam qui avait tout du galop de charge. Je ne vois rien et les springboks se sont un peu éloignés pour observer ce qui se passe. Je les vois tous en alerte en train de fixer le visiteur que je ne vois tjs pas et qui visiblement cherche qlq chose dans le gros buisson hermétique d’acacias qui est dans mon dos – serait-ce moi... ? Ca va passer devant à 20m qd au moment ou je vais voir ce que c’est, volte face et demi tour. A travers un petit trou dans le buisson j’aperçois un morceau de robe grise, un élan, mais pourquoi tourne t’il autour de moi ? Il ne m’a peut-être pas senti ou bien alors s’il m’a senti est-ce que ça peut attaquer ces grosses bêbêtes ? Bref je l’entends, il va sortir, je vois d’abord une patte puis l’énorme jabot, il est à 12m avec la dernière branche d’acacia qui cache les organes, j’arme, il avance doucement, encore 50cm et je tire, et … un bond prodigieux pour un animal de cette taille, j’ai pas bougé un cil mais il me cherchait et qd il m’a vu il a eu une réaction foudroyante. Bien entendu il m’avait senti et il cherchait une confirmation visuelle, mais ce sont des sacrés émotions d’avoir un animal pareil à 12m de sois, l’arc armé prêt à tirer, après une charge d’intimidation et une partie de cache-cache derrière mon buisson. Mon PH qui était resté 300m en arrière m’a dit ensuite qu’il s’agissait d’un très grand élan mâle de plus d’1 tonne.

Une autre fois j’ai joué à cache-cache pdt près de 5h avec une douzaine de gnous bleus dans un endroit arboré dans la montagne avec de nombreux ravins creusés par des ruisseaux à sec. J’essayais d’anticiper leur passage et de trouver un lieu d’embuscade. 7 fois de suite ils sont passés trop loin. Il fallait sans bruit s’éloigner et refaire une approche plus loin. Ça c’est terminé à la nuit tombée avec un animal à 20m de face depuis 30 minutes sans s’être présenté de travers.

Les contacts étaient fréquents, je ne vais pas vous saouler avec toutes ces histoires, mais après 4 jours sans avoir décoché 1 flèche la frustration et la lassitude commencent sérieusement à peser.

5ème jour me voila reparti dans la montagne avec mon PH. On monte de 800m en parvenant à ne pas décrocher trop de rochers qui terminent leur course 800m plus bas dans un beau raffut… Le cœur prêt à exploser on s’est arrêté sur une crête rocheuse pour observer. Un groupe de 12 blesboks se tient dans une pente à plus d’1km de nous plus haut à droite. Ils sont en train de brouter et ne semblent pas vouloir bouger pour l’instant. Les approcher directement est impossible dans ces rochers sans végétation avec qlq rares touffes d’herbe rase. Mais quand ils se remettront en marche, s’ils remontent le vent ils devraient venir vers nous. En étudiant un peu la topographie on repère un endroit 350m plus haut dans une seconde barre rocheuse qui semble pas mal pour une embuscade. On recule pour faire un crochet par la gauche et on atteint la barre. Le lieu est parfait, il y a un léger plat sous la barre qui semble offrir un chemin d’accès idéal pour rejoindre le prochain cirque de montagnes. Le PH se place tout en haut de la barre rocheuse, 100m derrière moi pour moins risquer d’être trahis par notre odeur. Et moi je trouve un ridicule petit buisson de 45cm de haut avec heureusement dans mon dos le rocher qui cache mes mouvements. Très vite des pierres roulent et je vois arriver la bande de blesboks. C’est bon ils font ce qui est prévu mais comment sont-ils arrivés aussi vite ? Alors que les 2 premiers semblent venir vers moi le reste de la bande passe un peu plus haut. Les 2 téméraires rejoignent le groupe qui passe à 60m de moi. Tout était parfait, la stratégie a marché, les blesboks ont remonté le vent, la barre rocheuse a dévié mon odeur, mais les animaux sont juste passés trop loin… Je me déplie et je sors de ma cachette tout déconfit pour retourner vers le PH, mais il me fait un geste qu’il y a d’autres animaux qui arrivent ! En effet 15 minutes plus tard j’entends des rochers bouler et encore 1/2h plus tard les animaux apparaitre. C’est un second groupe de blesboks et en fait celui qu’on avait repéré au départ (on a eu bcp de chance en arrivant de ne pas « taper » dans les autres blesboks ce qui aurait certainement alerté le groupe qu’on convoitait). Je suis tjs derrière mon ridicule petit buisson, mon 1m92 plié en 4 et l’animal de tête avance d’un pas rapide vers moi suivi de toute la bande. Il est un peu loin et légèrement ¾ avant mais c’est maintenant ou jamais. Je tire dans une position plus qu’inconfortable et j’ai l’impression que le vol de la flèche est plus long que prévu, mais elle touche l’animal très en avant, très bas, exactement là où j’aurais voulu tirer. La flèche traverse l’animal et se plante dans la pente. Le blesbok n’a pas bougé avant l’impact. Quand la flèche l’a touché il a fait une ruade en arrière, il est remonté de 4m et il s’est arrêté immédiatement. Le reste de la bande le regardait sans comprendre, impassible. Et moi à qlq mètres j’observais subjugué le sang couler à flots de chaque côté de l’animal qui s’est couché sans doute pour contenir l’hémorragie, puis a voulu se relever et s’est recouché définitivement. Le reste de la bande a encore attendu 20min que l’animal se relève puis il est parti tout doucement. Alors je me suis approché et j’ai calculé 34m, d’où le long vol de la flèche, plus que je ne pensais. Une vieille femelle qui menait la bande, plus de dents. On l’a vidée sur place et on l’a descendue. Elle devait bien faire 55kg vidée, mais rien que ça a redescendre c’était pas de la tarte et vachement casse-gueule alors 1 kudu de 230kg… mais dans ce cas là pas le choix faut le découper en morceaux.

Voila ce que j’aime dans la chasse à l’arc, laisser toutes ses chances à l’animal et, si possible, donner une mort sans bruit, sans stress, sans douleur où l’animal s’endort sans très bien comprendre ce qui se passe. Et on a fait un festin de blesbok au bbq avec du Pinotage sud africain, croyez moi c’est bien la meilleure viande au monde !!! … quand on n’a pas mangé depuis 5 jours …

Mais le séjour ne s’arrête pas là, il restait encore la dernière journée. Je vais tenter de ne pas faire trop long, mais un préambule est nécessaire. Après le tir du blesbok soudain l’arc traditionnel a acquis un nouveau respect. Les PH demandaient à le voir et le tenir en main. Un d’eux a remarqué 1 fissure sur la poignée de mon arc que je n’avais pas vue. Du coup pour le dernier jour, n’ayant pris qu’1 arc avec moi et inquiet qu’il ne m’explose dans les mains, j’avais détorsadé la corde pour diminuer le band et soulager un peu l’arc.

Bref le dernier jour. L’action se passe dans la zone basse près de la rivière. Avec le PH nous observions une grande clairière depuis une colline la surplombant. Soudain on repère Monsieur et Madame Phacos qui disparaissent très vite. 1h plus tard alors qu’on était tjs là entrain de refaire le monde, ils réapparaissent. Le PH reste sur la colline et j’attaque par un grand crochet pour arriver à bon vent. La clairière c’est une végétation assez dense de 2m de haut et un sol sablonneux. Idéal pour ne pas faire de bruit, mais idéal aussi pour dépasser l’animal qu’on cherche et se faire éventer. Là j’avais bien repéré les lieux d’en haut et j’étais allé vite pour ne pas perdre les animaux. Soudain madame phaco passe dans une coulée sans me voir. L’instant suivant monsieur phaco se présente, il est tout prêt, léger ¾ arrière, à bon vent et il ne me voit pas, mais la tête est redressée comme s’il était un peu en alerte. J’arme, mais une branche pourrait faire dévier ma flèche donc je désarme pour attendre qu’il avance. Il fait 1m de plus et s’arrête de nouveau la tête tjs haute pile ¾ arrière. Cette fois il est au milieu de la coulée. J’arme et je tire sans précipitation. La flèche vole parfaitement là où je regarde et elle passe à peine 5cm au dessus du phaco… ?!? Je ne comprends pas. Mes yeux ont du me trahir et la flèche est certainement passée à travers mais tellement vite que je n’ai rien vu. Je pars à la recherche de la flèche que j’ai entendu taper dans la végétation derrière, elle me donnera plus d’indications. Je la retrouve assez vite plantée dans un baliveau. Pas 1 trace de sang !? Le phaco était exactement à 9m même si à cette distance il m’arrive de tirer 4-5cm trop haut j’avais l’impression que mon tir était parfait. Après coup on comprend mieux ce qui s’est passé et qui est confirmé par le PH qui observait le phaco dans ses jumelles à 250m au moment du tir. La 1ère chose qu’il m’a dit c’est que mon arc sonnait comme la guitare de Jimmy Hendricks ! En réduisant le band ça faisait en effet un potin d’enfer. Mais la raison principale de cet échec c’est que j’avais oublié, n’ayant plus chassé le phaco depuis 3 ans, que l’animal le dispute en matière de saut de corde au plus speedé des chevreuils. Le PH m’avait d’ailleurs demandé si j’avais déjà chassé le phaco et comme j’avais répondu en avoir tiré 2 il n’avait pas jugé nécessaire de me rappeler de tirer très bas… Pour me consoler il m’a raconté sa dernière mésaventure sur phaco où l’animal lui a fait un saut de corde tout pareil à 15m avec son poulies qui balance des bonbons à 340ft/sec.

Voila pour cette histoire un peu longue pour un seul animal. Le séjour s’est terminé avec 1 blesbok qui m’a fait vraiment plaisir, mais j’avoue un sentiment un peu partagé. A la fois la satisfaction d’avoir eu une belle réussite dans la voie difficile que je m’étais fixée et malgré tout aussi une certaine frustration de ne pas avoir tiré d’autres animaux malgré mes efforts.

Ah oui pour ceux qui se poserait la question du titre, l’arc est un Ghost…

j'ai commandé récemment une douzaine de kinetic en 0.200 (rectitude 006)...c'est ce qu'il me faut pour mon ACS en 75#...il me tarde de voir un peu ce à quoi ça ressemble...dans la même série j'avais d'abord commandé les safari de ABS (grosses merdes) puis les carbon tech safari, indestructibles mais au diamètre assez large et au poids trop important (difficile en de faire de l'EFOC à 15.5gpi!)... sur les hexV en 100# en revanche ça le faisait bien